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Cagliari, l’île ambitieuse

Par Adrien Candau
Cagliari, l’île ambitieuse

Après une descente en Serie B en 2015 suite à son rachat mouvementé par un groupe industriel italien, Cagliari retrouve l'élite de la Botte. Retour sur deux années tempétueuses et sur les espoirs d'un club qui souhaite grandir à l'ombre de son nouveau stade.

C’était une de ces chaudes nuits méditerranéennes, dont on aimerait ne jamais voir le bout. Le ciel sarde est clair, dégagé, et Cagliari gronde de plaisir. Au stade Sant’Elia, enceinte historique du club pendant plus de quarante ans, 16 000 âmes communient encore et encore dans un chant incessant : « Serie A, Serie A, nous allons en Serie A. » Nous sommes le 23 mai 2016 et la formation sarde a organisé un match de gala avec des joueurs emblématiques du club pour célébrer son retour dans l’élite, après avoir remporté le championnat de Serie B. Les invités de marque se succèdent sur le terrain et dans les tribunes. David Suazo, deuxième meilleur buteur de l’histoire de Cagliari, attend de fouler la pelouse pour recevoir l’acclamation des tifosi. Edoardo Reja et Massimiliano Allegri, qui ont tous deux entraîné le club sarde, font leur apparition. Mais c’est Daniele Conti, historique milieu de terrain de Cagliari depuis 1999, qui est au centre de toutes les attentions. Le joueur a annoncé prendre sa retraite après dix-sept ans de bons et loyaux services en Sardaigne. « Je parlais toujours peu et je préférais agir, je vous embrasse tous. Ce maillot, vous savez tous ce qu’il signifie pour moi. » Un maillot et un club à l’histoire mouvementée qui compte bien pérenniser son retour dans l’élite, après une année de purgatoire en Serie B. La stabilité n’est pourtant pas le premier mot qui vient à l’esprit quand il s’agit d’évoquer le club sarde. Seizièmes de Serie A en 2010, quatorzièmes en 2011, quinzièmes en 2012 puis 2014, les Rossoblù, faute de moyens suffisants, ont souvent chatouillé l’abîme de la Serie B avant d’y sombrer définitivement en 2015. Mis en perspective avec leurs récents déboires, leur retour dans l’élite n’en est donc que plus savoureux.

Le rêve de Cellino

Un homme s’est pourtant battu pour permettre au club de s’inscrire définitivement dans l’ère moderne et de passer un cap en Serie A. Massimo Cellino, natif de Sardaigne et président historique de Cagliari de 1992 à 2014, a rêvé pendant des années d’un nouveau stade à Cagliari, dont le club serait propriétaire. Mais ses projets n’ont cessé de subir le rejet des autorités civiles. Et quand le stade Sant’Elia, qui abrite l’équipe sarde depuis 1970, doit fermer pour cause d’infrastructures insalubres, Cagliari se retrouve sans enceinte fixe. Les autorités italiennes souhaitent que l’équipe délocalise ses rencontres hors de Sardaigne, mais Cellino parvient à obtenir que ses joueurs puissent jouer dans l’enceinte voisine de l’Is Arenas, qu’il annonce vouloir mettre aux normes le plus rapidement possible. Un objectif qu’il prend visiblement un peu trop à cœur : en février 2013, il est arrêté, soupçonné par la justice d’avoir fait pression sur des entrepreneurs pour accélérer les travaux du stade. Pour Cellino, c’est le coup de trop. Relâché deux semaines plus tard, il finit par céder Cagliari en 2014 pour 45 millions d’euros au groupe industriel Fluorsid. La fin d’une ère.

Grandeur et décadence

Place à un propriétaire au fonctionnement plus jeune et moderne – le nouveau président, Tommaso Giulini, a à peine trente-sept ans –, désireux de mettre Cagliari sans plus attendre sous la lumière des projecteurs de la Serie A. Zdeněk Zeman est rapidement annoncé à la tête de l’équipe première et Giulini expose sous tous les angles son projet à la presse, se confondant en compliments à propos de son entraîneur : « Zeman est un maître du football… Nous l’avons choisi, car nous voulons lancer un projet pour valoriser le talent des jeunes Italiens au sein de notre équipe. Je suis heureux pour les supporters, qui ont besoin de simplicité et de passion » , expliquait-il à la Repubblica en septembre 2014. Des débuts enflammés, mais une saison chaotique. Zeman, viré fin décembre, est réintégré dans ses fonctions d’entraîneur début mars avant de démissionner fin avril. « L’énième échec d’une saison de souffrances » , constate Giulini, amer. Le football chatoyant de l’ancien gourou de Rome n’aura jamais fait ses preuves, et Cagliari finit 18e du championnat. Une leçon d’humilité pour le club, qui entame beaucoup plus sobrement la saison 2015-2016. Massimo Rastelli, ancien attaquant professionnel ayant aiguisé ses compétences d’entraîneur dans les divisions inférieures, prend les rênes de l’équipe première. Exit les rêves de football débridé et kamikaze dessinés par Zeman, place à un système de jeu plus classique. Les Sardes accueillent des recrues souvent issues de Serie A, comme Rafael (Hellas Verona), Di Gennaro (Palerme) ou Luka Krajnc (Cesena). Et, sans faire de bruit, Cagliari fait démonstration de sa supériorité sur les terrains de Serie B, terminant même champion.

La Isla Bonita

Pour leur retour en Serie A, les Sardes ont une nouvelle fois fait le pari de l’expérience. Mais doublé d’une petite dose de glamour. Car les recrues des Rossoblù sont des têtes connues du football continental, voire international. Bruno Alves, fraîchement titré champion d’Europe avec le Portugal, et Marco Boriello ont débarqué libres de Fenerbahçe et de l’Atalanta Bergame. Simone Padoin, lassé de cirer le banc de la Juventus Turin, s’est lui aussi décidé à rejoindre la Sardaigne. Mais la recrue la plus sexy du club est peut-être Mauricio Isla, en fin de prêt à l’OM, qui quitte, lui aussi, la Vieille Dame moyennant 4,5 millions d’euros. Soit un recrutement estival a priori alléchant, qui a coûté au club à peine plus de cinq millions d’euros d’indemnités de transfert. Et qui a su faire immédiatement ses preuves en Coupe d’Italie : le 15 août dernier, Cagliari dominait cinq buts à un la SPAL, une formation de Serie B, notamment grâce à un quadruplé de Marco Boriello qui démontrait à l’occasion qu’il lui restait une bonne dose de football dans les chaussettes. De quoi entamer le championnat avec la banane. D’autant plus que le doux rêve d’un nouveau stade à Cagliari n’a jamais semblé aussi proche de se réaliser : début avril, le conseil municipal de la ville a approuvé la construction d’une nouvelle enceinte flambant neuve de 21 000 places. Un projet estimé à 55 millions d’euros qui a le soutien ferme du maire de Cagliari, Massimo Zedda, et que le club comme la ville espèrent voir aboutir en 2020. Cagliari doit encore préciser dans le détail la viabilité économique de l’initiative avant le lancement d’une procédure d’appel d’offres public.

Cellino, lui, a entamé une nouvelle aventure en 2014 avec le club de Leeds dont il est devenu propriétaire. Et quand, début août, la Nuova Sardegna lui demande si Cagliari lui manque, l’ex-président est catégorique : « La ville, sa jeunesse, me manque plus que le club. Pour être honnête, je ne regrette rien ou presque de mes dernières années à Cagliari. Le passé est le passé, inutile de revenir en arrière. » Il avait pourtant fait le déplacement fin mai pour célébrer avec les Rossoblù leur montée en Serie A, signe que le club sarde reste dans un coin de sa tête. François Modesto, un autre insulaire qui a joué cinq saisons à Cagliari, nous confiait en mai dernier que « quand vous faites partie d’une île, vous êtes sentimental » . Massimo Cellino ne fait certainement pas exception à la règle.

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