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Cabella : « Ma famille m’a dit : « Rémy, tu ne retournes pas en Russie, c’est mort ! » »

Propos recueillis par Raphaël Brosse
Cabella : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ma famille m’a dit : « Rémy, tu ne retournes pas en Russie, c’est mort ! »<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Blessé à un mollet, Rémy Cabella était chez ses proches, à Ajaccio, quand la guerre en Ukraine a éclaté. Dans la foulée, le champion de France 2012 a mis un terme – avec regret – à son aventure au FK Krasnodar et s’entraîne désormais seul, en attendant de trouver un nouveau club. Entretien avec un dribbleur de 32 ans encore bien décidé à briller sur les pelouses du Vieux Continent.

Ton dernier match officiel remonte à fin novembre. Comment est-ce que tu te sens, physiquement ?J’en ai bientôt fini avec ma blessure. D’ici une dizaine de jours, je serai revenu à 100%. Je vais enchaîner travail physique et avec ballon. Là, je suis à Montpellier. J’ai gardé des affinités avec le médecin du MHSC, en qui j’ai confiance. J’ai élaboré un programme avec lui. Le club m’a aussi donné accès à sa salle de musculation et à son kiné, ce qui me permet de bien me remettre en forme.

Dans ma tête, j’étais persuadé que tout se tasserait au bout de quelques semaines et que je pourrais retourner y jouer. Sauf qu’on a vite compris que ça ne ferait qu’empirer.

Dans quel état d’esprit étais-tu il y a un mois tout pile, quand la guerre en Ukraine a commencé ?Au début, on ne savait pas trop ce qu’il allait se passer. Dans ma tête, j’étais persuadé que tout se tasserait au bout de quelques semaines et que je pourrais retourner y jouer. Sauf qu’on a vite compris que ça ne ferait qu’empirer. À partir de là, ma famille m’a dit : « Rémy, tu ne retourneras pas en Russie, c’est mort ! Tu vas rester avec nous. » Moi, je voulais juste jouer au foot. Mais la situation était très compliquée, donc je suis resté en Corse. J’ai continué à échanger avec le club et, comme j’arrivais en fin de contrat en juin, les dirigeants m’ont proposé de résilier à l’amiable.

Ce n’est pas toi qui as fait le forcing pour partir ?Non, pas du tout ! Ce sont eux qui m’ont envoyé le document, comme ils l’ont fait avec Viktor Claesson, lui aussi en fin de contrat. J’ai mis un peu plus d’une semaine avant de signer. Je voulais prendre le temps de la réflexion, en parler avec mes proches, parce que ça signifiait que j’allais me retrouver sans salaire. Mais la priorité, c’était d’être en sécurité.

Quasiment tous les joueurs étrangers de Krasnodar ont quitté le club, et même l’entraîneur allemand, Daniel Farke. Comment ont réagi tes anciens coéquipiers russes qui, eux, sont restés au pays ? Ils ont compris la situation. Les Russes, ils sont dans leur propre pays, ils n’ont pas à s’inquiéter. Pour un étranger, c’est plus compliqué. Tu ne sais pas ce qui peut arriver. De toute façon, on voit que le championnat russe se poursuit, il y a des matchs tous les week-ends, donc bon…

Je suis dégoûté. On s’est envoyé des messages, c’est vrai, mais j’aurais aimé leur dire au revoir physiquement, leur serrer la main. On se reverra un jour, j’espère.

On suppose quand même que tu aurais aimé faire d’autres adieux, surtout que tu étais très apprécié des fans des Byki Exactement. Je les aimais aussi beaucoup. D’ailleurs, je m’entendais bien avec tout le monde, du président au cuisinier. Ils m’ont mis dans de bonnes conditions. À chaque fois que j’étais en Corse, ils acceptaient que j’y reste un ou deux jours de plus. Je n’ai rien du tout à leur reprocher. Dans l’idéal, j’aurais aimé partir sur un titre ou une qualification pour l’Europe. Mais les circonstances ont fait que ça n’a pas été possible. Je suis dégoûté. On s’est envoyé des messages, c’est vrai, mais j’aurais aimé leur dire au revoir physiquement, leur serrer la main. On se reverra un jour, j’espère.

Que retiens-tu de cette expérience en Russie, commencée sur une grave blessure (une rupture des ligaments croisés, en août 2019) et conclue sur un départ précipité ?Franchement, je me suis régalé. J’avais tout, et j’ai tout kiffé : le terrain d’entraînement, le stade, l’ambiance, le vestiaire, la ville… Je suis vraiment heureux d’avoir évolué là-bas. Jouer l’Europe avec Krasnodar (qualifié pour la phase de groupes de la Ligue des champions en 2020-2021, NDLR), un club très jeune, c’était beau.

Maintenant, est-ce que tu vas faire une analyse géopolitique des différents pays avant de choisir ton nouveau club ?Je ne vais pas signer dans un pays où il y a une guerre, c’est sûr ! (Plus sérieux.) Aujourd’hui, si j’ai envie, je peux aller dans un championnat lointain, et gagner beaucoup d’argent. Mais ce n’est pas mon objectif. Comme je l’ai dit à ma famille, je veux rester en Europe. Je suis un compétiteur, je ne veux pas finir ma carrière tranquillement.

Des clubs français t’ont-ils approché ?Oui, il y en a avec lesquels on discute actuellement. Je n’en dirai pas plus, si ce n’est qu’il n’y a pas eu d’offre pour le moment.

J’aimerais arriver dans un club en étant en pleine bourre. Je reste quand même sur zéro match lors des quatre derniers mois…

Est-ce que tu préfères rejoindre un club maintenant et finir la saison avec lui, ou plutôt attendre l’été prochain ?L’idée, c’est de suivre un programme de préparation en vue de la saison prochaine. Maintenant, si un club me propose un contrat de deux ou trois ans et veut me faire venir tout de suite, que je rejoigne l’effectif pour m’entraîner et finir la saison avec lui, ce sera différent. Pourquoi pas, ça pourrait me faire du bien. Mais je préfère me préparer comme il faut, je n’ai pas envie de jouer des matchs en étant à 60 ou 70%. J’aimerais arriver en étant en pleine bourre. Je reste quand même sur zéro match lors des quatre derniers mois…

Tu as été sacré champion de France avec Montpellier il y a dix ans. Il a vraiment changé, le Cabella d’aujourd’hui par rapport à celui qui avait 22 ans ? (Sourire.) Il n’a pas changé, non ! En revanche, il a mûri. J’ai appris beaucoup de choses, je comprends mon environnement d’une manière différente. Mais l’amour du foot, le plaisir de jouer au ballon, ça ne changera jamais. Et j’ai toujours autant envie de gagner !

L’équipe de France affronte la Côte d’Ivoire vendredi. Est-ce que tu continues de regarder ses matchs, toi qui as porté le maillot bleu à quatre reprises ?Bien sûr ! Ça me régale de les voir jouer. J’aime voir les bonnes équipes et les grands joueurs, donc là, je suis servi.

Tu étais présent en sélection en 2014, à une époque où Didier Deschamps posait encore les bases de ses succès futurs. Es-tu surpris que les Bleus soient allés aussi haut sous ses ordres ?Franchement, non, ce n’est pas surprenant. Quand j’y étais, il n’y avait pas Kylian Mbappé, mais j’y ai croisé Paul Pogba, Karim Benzema, Antoine Griezmann… C’était très, très fort. En 2018, leur équipe était incroyable. Deschamps, avec son vécu en tant que joueur et tout ce qu’il a gagné, a persévéré et il a bien fait. C’est rare qu’un sélectionneur reste aussi longtemps en poste. Il a des très grands joueurs à disposition, pratiquement les meilleurs à chaque ligne. Mais encore faut-il savoir les faire jouer ensemble. Et c’est là qu’on voit l’intelligence de Deschamps. On sait pourquoi il prend certains joueurs et pas d’autres.

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Propos recueillis par Raphaël Brosse

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