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Bordeaux au bord de la crise de nerf
Si les Girondins ne battent pas Toulouse ce dimanche (21h00) à domicile, ils ponctueront une semaine de Toussaint qui pourrait leur être fatale. Entre défaites, fin de série, je-m'en-foutisme et déclarations fracassantes, ambiance de mort au Haillan. Ou de crise en thèmes.
Le 2 novembre, c’est la fête des morts. Y a marqué « Défunts » , sur le calendrier. C’est comme ça, c’est la tradition. Et au Haillan, à quelques jours de défier Toulouse à Chaban-Delmas, dans ce qui constitue encore un derby, en terme géographique en tout cas, autant dire que les Bordelais ont paru un peu morts. Un processus de déclin qui a officiellement commencé à Bastia, dimanche dernier, où l’escouade de Francis Gillot a sombré corps et âme (3-1), face à une formation insulaire bien plus déterminée dans son action de victoire. Puis, mercredi, le coup de grâce à été porté par l’équipe bis de Montpellier (1-0), en Coupe de la Ligue. La belle série d’invincibilité qui courait depuis la saison dernière a pris cher. Et les Marine et Blanc avec. Même si certains se défendent de verser dans le catastrophisme. Mais la faute à quoi, tout ça ? « On a pris une rouste à Newcastle (3-0), mais on disait alors qu’on était invaincu en championnat… Non mais faut arrêter avec ça, tranchait net Fahid Ben Khalfallah. Et la saison dernière, elle est passée. Point ! Là, c’est une nouvelle saison. (…) On est cinquième ou sixième (8e), on pense qu’on fait un début de saison correct et que c’est bien : ben non ! »
Une odeur de chrysanthèmes FBK envoie du lourd. Lui qui a qualifié de « débiles » certains joueurs dans leur comportement au quotidien, et qui n’a de coutume pas sa langue dans la poche. Un type revenu en grâce cet été en réalisant une très bonne préparation collective, mais qui peut-être, depuis vendredi, est un peu mort. Tombé au champ d’honneur ? Mais avec des couilles. Des grosses. Alors, la faute à qui, tout ça ? Aux prestations pourries des siens, assurément. Mais aussi au discours de son coach, qui indiquait avoir vu dans l’Hérault des joueurs de DH ? Un Francis Gillot qui, pour la première fois depuis son arrivée au club, a décliné le point-presse d’avant match. Forcément, c’est un joueur qui s’y est collé. Et là, ça a fusé. Avec une bonne odeur de chrysanthèmes. « On perd beaucoup de points ici, dans les arrêts de jeu… On perd à Bastia, puis à Montpellier, alors qu’ils ont une équipe avec des jeunes qui disputaient peut-être leur premier match, poursuivait énervé le Franco-tunisien. Je trouve qu’on est suffisant et qu’on se contente de peu, alors qu’on a largement les qualités pour faire quelque chose de bien. C’est dans l’état d’esprit de chacun. Il faut vouloir gagner, même dans les petits jeux d’entraînement, et ne pas accepter la défaite. Mais voilà, il nous manque ce truc-là. » On l’a compris, Bordeaux, c’est le pluriel de bordel. Et la communication du club qui en prend un coup, par la même occasion. Pas de traces de l’échange entre FBK et les plumitifs, sur le site officiel. Logique. Car le « corporate style » a fortement été mis à mal. Sauf que le fantôme de la saison dernière (trois fois relégable) pourrait vite resurgir, si Toulouse venait enfoncer le clou. Et les problèmes perdurer. Parce que les cousins de fleuve, ils sont au taquet depuis le mois d’août, et seconds (19 points) derrière le PSG (22 points). Et ils placent Wissam Ben Yedder (7 buts) juste derrière Zlatan (10), au classement des buteurs. Fini le futsal, bienvenue dans le foot propre. Pas mal du tout le Téfécé, quoi. Outsiders, et prêts à bouffer du voisin à pleines dents. « Toulouse est dans une bonne dynamique (en championnat, ndlr), au contraire de nous, explique Jussiê. On sait que c’est un derby et, malgré les apparences, je crois que ça ne change rien ! Je pense que c’est un match qui peut nous relancer, nous donner beaucoup de confiance pour la suite, parce que c’est ce dont on a besoin en ce moment. » La confiance, le talent, la communication, l’efficacité : tout manque actuellement aux Aquitains. Pourtant, ces putains de fantômes – Halloween oblige –, il faut les éloigner.
La tête dans le cul Marc Planus, vieux taulier, affiche une com’ différente : « On va de l’avant et ce match, c’est le premier tournant de la saison. » Et de poursuivre en ce sens : « On fait peut-être moins d’efforts sur le terrain, mais on est largement capable de rebondir contre Toulouse, même si c’est une bonne équipe, athlétique, qui tourne bien et prône un jeu plus offensif que précédemment, détaille le défenseur. Mais si on gagne, par rapport à l’an dernier, on pourra dire que le bilan ne sera pas si mauvais que ça. À la même époque, on pleurait et on était au fond du seau. Là, ont est huitième… Alors, tout le monde a un peu la tête dans le cul, mais moi, je ne suis pas si inquiet que ça, parce qu’on est capable de faire de bonnes choses. » De gérer la crise qui couve, et de retrouver le goût des choses ? « Moi, le plaisir, je ne l’ai que dans la victoire, répond FBK. On a beau vouloir faire bander les gens, à un moment, si on n’éjacule pas, c’est la même chose ! » La petite mort, en somme…
Par Laurent Brun, à Bordeaux