Du 15 juin au 4 juillet 1993 a eu lieu en Equateur la 36ème édition de la Copa America. L’Equateur avait déjà accueilli la prestigieuse compétition sudaméricaine, en 1947 et 1959, sans vraiment briller, hormis en 1959 où emmenée par Alberto Spencer (attaquant du Peñarol et meilleur buteur de l’histoire de la Copa Libertadores), la sélection « tricolor » avait terminé à la 4ème place, sa meilleure performance.
En 1993, l’Equateur accueille le gratin du football sudaméricain sur son territoire : Francescoli (Uruguay), Müller et Palhinha (Brésil), Zamorano (Chili), Chilavert et Cabañas (Paraguay), Batistuta (Argentine), Asprilla et Valderrama (Colombie), Luis Garcia et Jorge Campos (Mexique) sont les stars présentes sur ce tournoi.
L’Equateur est alors une nation mineure du football sudaméricain. N’ayant encore jamais participée à une phase finale de Coupe du Monde, l’Equateur est une sélection nationale qui ne sert qu’à entretenir la forme des attaquants adverses. En 1991, lors de la Copa America organisée au Chili, l’Equateur n’avait remporté qu’un seul match en quatre rencontres.
Pourtant, les choses bougent avec l’arrivée d’un technicien yougoslave à la tête de la sélection. Dusan Draskovic, ancien joueur de l’OKF Belgrade et de la Vojvodina, prend ses fonctions en Equateur en 1988. Dès sont arrivée, Draskovic prend les choses très à cœur et parcourt alors tout le pays afin d’avoir une vision d’ensemble du football national. Il observe les joueurs de première division, assiste aux rencontres et fait rapidement appel à de jeunes joueurs, parmi lesquels ceux qui constitueront la génération dorée de la deuxième moitié des années 1990. Il insiste aussi auprès de la Fédération Equatorienne de Football sur la nécessité d'investir dans des infrastructures et de miser sur la formation. La FEF prendra très au sérieux ses conseils et c'est à cette même époque que se développent centres de formation et écoles de football.
Pour la Copa America 1993, Draskovic convoque donc en sélection quelques joueurs qui seront des piliers du football équatorien.
Ivan HURTADO
Angel FERNANDEZ
Alex AGUINAGA
Eduardo HURTADO
L’équipe de 1993 comportait aussi quelques joueurs plus anciens, comme Holger Abraham Quiñonez, défenseur centre rasta passé par Vasco de Gama, Barcelona SC et União Madeira (un groupe de ska-punk de Quito a pris le nom d'Holger Quiñonez, j'en parle sur mon blog perso), l’arrière droit Luis Capurro, le gardien Carlos Morales, l’ailier Wellington Sanchez, l'attaquant Raul Ney Avilés et le milieu défensif Hector Carabali. Ensemble, ils ont atteint les demi-finales de l’édition 1993 de la Copa America, éliminés par le Mexique.
Le match d'ouverture est une partie de plaisir où l'Equateur atomise le Venezuela 6-1. Angel Fernandez inscrit un doublé, Aguinaga et E. Hurtado y vont de leur but.
Le match suivant voit l'Equateur battre les Etats-Unis, invités du tournoi, 2-0, des buts marqués par Avilés et E. Hurtado. Dans le dernier match du groupe A, rien n'arrête l'Equateur qui bat l'Uruguay 2-1, un match où "El Tanque" Hurtado et Aguinaga sont intenables : but d'Avilés sur une belle passe en cloche d'Hurtado et un but d'Aguinaga.
En quart de finale, l'Equateur bat le Paraguay 3-0, des buts d'Eduardo Hurtado et Avilés, plus un but contre son camp d'un défenseur paraguayen.
En demi finale, face à un Mexique bien armé, l'Equateur s'incline 0-2, des buts du vétéran Hugo Sanchez et de Ramon Ramirez.
L'Equateur ne trouve pas les ressources pour s'imposer dans la petite finale qui voit la Colombie de Faustino Asprilla l'emporter 1-0.
La finale a lieu à Guayaquil, théâtre du triomphe de l'Argentine de Batistuta (doublé en finale) 2-1 contre les Mexicains.
A l'issue de la compétition, Dusan Draskovic part entraîner au Brésil, puis il ira aussi en Bolivie et au Guatemala, avant de revenir en Equateur comme entraîneur de différents clubs de première division. Il s'occupe depuis quelques années de la formation des plus jeunes et jouit d'un grand respect dans le football équatorien.
La génération de la Copa America 1993 a montré la voie à suivre et la plupart de ces joueurs sont aujourd’hui dirigeants ou techniciens au sein de la Fédération Equatorienne de Football. Le travail de fond effectué par Draskovic additionné à l'éclosion d'une génération talentueuse a posé les bases de la réussite actuelle du football de ce petit andin. Les qualifications pour les Coupes du Monde 2002 et 2006 ainsi que l'arrivée en Europe de joueurs équatoriens capables de s'y imposer (Antonio Valencia à Manchester United et Christian Noboa à Rubin Kazan en sont deux exemples) ne sont pas étrangères à tout cela.