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Bleus : le big bisou de Carlos Henrique

Propos recueillis par Mathias Edwards et Charles Alf Lafon
Bleus : le big bisou de Carlos Henrique

Carlos Henrique s'en est allé de Bordeaux après neuf saisons, conclues par un torrent de larmes au moment d'annoncer son départ. Neuf années qui font du nouveau défenseur du Fluminense un fervent supporter de l'équipe de France. Même si les Bleus se devaient d'affronter son Brésil en demi-finales.

Son premier SMS souhaite la bienvenue à Rio. Dans son second, il propose son aide en cas de problème dans la capitale brésilienne, avant de promettre d’envoyer le soir même l’adresse du restaurant dans laquelle se déroulera l’interview. Le troisième texto atterrira trois jours plus tard. En mixant immense sympathie et réponses à l’avenant, les torpedos de Carlos Henrique résument à eux seuls le Brésil. Si ce n’est que ce Brésil signe ses missives « Allez les Bleus ! » et reçoit dans un restaurant japonais.

Cela fait maintenant deux mois que tu es rentré à Rio. Alors, heureux ?

Oui, même si mes amis bordelais me manquent. Mais je suis avec ma famille et j’ai retrouvé d’autres amis ici, donc ça va. Et puis c’est ma ville, même si elle ne me manquait pas trop parce que je venais souvent en vacances.

Tu restes en contact avec tes amis bordelais ?

Oui, je parle régulièrement avec Sané, Mariano, Rolan, Sertic… On parle un peu de tout, on se vanne aussi beaucoup. Le plus drôle, c’est Rolan. Il est persuadé que la FIFA a suspendu Suárez parce que l’Uruguay est un petit pays. Cela fait deux jours qu’ils ont repris l’entraînement, on a discuté de ça, aussi. La façon de s’entraîner au Brésil est différente, je dois m’y habituer. Ici, on fait tout avec le ballon, même le travail physique. C’est plus ludique, surtout pour moi, qui étais habitué à courir, courir, et encore courir.

Ta vie à Rio est aussi forcément très différente de celle à Bordeaux…

Oui. À Bordeaux, j’habitais à côté du centre d’entraînement, alors qu’ici je dois me lever à 6h du matin pour être à l’entraînement à 9h. Et la vie d’un footballeur au Brésil n’a également rien à voir avec celle d’un joueur à Bordeaux. Comme je suis parti très jeune du Brésil (à 22 ans, ndlr), pour l’instant, quasiment personne ne me connaît. Donc ça va, je profite. Mais je sais que dans un mois, ce sera beaucoup plus compliqué. Le Fluminense est une des deux grosses équipes de Rio et tout le monde nous attend en haut du classement. Sortir boire un café avec des amis sera difficile. Au Brésil, les supporters sont beaucoup plus passionnés qu’à Bordeaux. Quand les résultats ne sont pas bons, il vaut mieux rester chez soi. À Bordeaux, je pouvais me balader en centre-ville avec ma femme, même si des supporters venaient discuter. Ici, ils ne discutent pas, ils sont agressifs. Avec le public bordelais, c’était un amour réciproque.

Question stade, le Maracanã, ça va te changer du stade Chaban-Delmas…

C’est sûr que cela ne va pas être la même ambiance. En plus, cette saison, ils ont baissé le prix des places pour que tout le monde puisse venir. Il y aura entre 40 et 50 000 personnes à chaque match à domicile.

Ce n’est pas difficile de jouer pour le Fluminense en ayant été formé à Flamengo ?

Non, ça va, parce que je n’ai joué qu’une saison en pro pour Flamengo. Il y a toujours quelques supporters à qui cela ne plaît pas, mais la plupart sont heureux parce que cela faisait longtemps que le club cherchait un défenseur central.

Tu as déjà disputé un derby Flamengo-Fluminense ?

Oui, dans l’ancien Maracanã. C’est le plus gros match de Rio, la ville s’arrête, c’est formidable. Dans le stade, l’atmosphère est incroyable, les supporters ont des chants dédiés au derby. Ça change de la France, où les fans ont toujours les mêmes chants. Ici, ils chambrent les dirigeants, les joueurs adverses… Ça ressemble un peu à ce que j’ai vécu à Bordeaux lors des matchs à domicile contre Marseille, c’est une rencontre qu’on n’a pas le droit de perdre.
Au Brésil, les Bleus surprennent tout le monde. Personne ne les attendait à ce niveau-là

Et cette Coupe du monde, t’en penses quoi ?

On avait annoncé beaucoup de manifestations, et au final, ça se passe bien, tant mieux. Niveau foot, on voit des matchs incroyables, avec le Costa Rica et l’Algérie qui font un beau tournoi. Grâce à l’évolution physique des joueurs, il n’y a aucun match facile. Hormis l’Espagne, personne n’a pris de raclée. Toutes les petites équipes font des bons matchs.

Tu soutiens quelle équipe ?

La France et le Brésil. Mais d’abord la France, parce que j’ai des amis dans l’équipe, Eric Bedouet et Rio Mavuba. Alors que je ne connais personne dans l’équipe brésilienne. En cas de demi-finale entre les deux équipes, j’ai déjà prévenu mes amis que je serai pour les Bleus.

Tu as échangé avec Mavuba depuis le début de la compétition ?

Oui, il m’a offert deux places France-Équateur. Il est très confiant, toujours positif, et le parcours des Bleus ne le surprend pas. J’attends avec impatience le match contre l’Allemagne. Ça va être dur, mais je pense qu’ils vont passer. Même s’ils ne sont pas spectaculaires, physiquement, ils sont très bien. Au Brésil, ils surprennent tout le monde, personne ne les attendait à ce niveau-là.

Tu regrettes que Gourcuff, qui était extraordinaire à Bordeaux, ne soit pas dans cette sélection ?

Il n’a pas fait le bon choix en allant à Lyon, qui était déjà sur la pente descendante. S’il avait choisi une autre équipe, il serait probablement en train de jouer une Coupe du monde au Brésil.

Il est comment, dans la vie de tous les jours ?

Très timide. Quelqu’un qui ne le connaît pas peut penser qu’il fait tout le temps la gueule, mais ce n’est pas le cas, il est juste très réservé.

C’est un caractère compatible avec le football de haut niveau ? Il semble avoir du mal à s’intégrer dans un vestiaire…

Je pense que c’est avant tout une question de confiance. J’ai moi aussi été blessé longtemps, et ce qui a sauvé ma carrière, c’est la religion. Quand tu es blessé, tu perds tout : la confiance, et la condition physique. Et c’est très, très dur de revenir. S’il n’a pas la foi en quelque chose, c’est très dur. Surtout quand il rechute.

En tant que défenseur, que t’inspire cette équipe du Brésil qui tire sa force de ses arrières ?

C’est un peu bizarre, ce n’est pas l’image habituelle du Brésil. Mais le football évolue, on ne peut plus gagner sans une grosse défense. Thiago Silva et David Luiz sont partis en Europe très jeunes et jouent d’une manière totalement différente des autres défenseurs brésiliens. Et la presse les traite différemment. Avant, le défenseur brésilien était peu considéré, mais depuis que Thiago Silva a été élu meilleur défenseur du monde, le regard des gens a changé.

Scolari a confié à des journalistes qu’il regrettait d’avoir pris un joueur dans son groupe de 23, sans le nommer. C’est lequel, à ton avis ?

Personne ne s’attendait à voir Henrique, le défenseur de Naples, dans le groupe. Le meilleur défenseur du championnat est Dédé, du Cruzeiro, et tout le monde attendait Miranda, le l’Atlético de Madrid.
J’essaie de m’occuper de la petite ferme que je possède à deux heures de route de Rio

Au Brésil, les gens adorent jouer au football, mais ne sont finalement pas très connaisseurs…

C’est vrai. Certains joueurs comme Dante ou Jo, qui sont partis très tôt en Europe, sont inconnus ici, alors qu’ils sont en équipe nationale.

Depuis le début de la compétition, quasiment toutes les équipes jouent l’attaque, personne ne se recroqueville en défense. Comme si les gars avaient pris conscience qu’un Mondial au Brésil, ça s’honore…

Oui, peut-être, c’est vrai que cela n’arrive qu’une fois dans une vie. Mais encore une fois, la dimension physique a beaucoup évoluée, toutes les équipes sont au top. Même techniquement au-dessus, les grosses équipes ont du mal à s’en sortir face à des équipes physiquement très bien préparées. Il n’y a qu’à voir ce qu’a fait l’Algérie face à l’Allemagne.

En dehors des entraînements, tu fais quoi de tes journées, depuis que tu es rentré ?

Je regarde pas mal la Coupe du monde en famille, et j’essaie de m’occuper de la petite ferme que je possède à deux heures de route de Rio. C’est pas grand-chose, juste un élevage d’une cinquantaine de vaches, pour manger. Un petit endroit avec un lac pour pêcher. C’est bien pour les enfants.

Tu envisages une reconversion en agriculteur ?

Je ne sais pas, tout change tellement vite. Normalement, non, c’est un endroit où je vais seulement pour décompresser.
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Propos recueillis par Mathias Edwards et Charles Alf Lafon

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