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  • L'histoire des maillots
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Blackburn et Southampton s’affrontent à Bilbao

Par Gabriel Cnudde
Blackburn et Southampton s’affrontent à Bilbao

Il est porté dans les stades, sur les terrains le dimanche, dans la cour de recré, dans la rue. Le maillot de foot est le signe de ralliement de tout supporter. Et chaque maillot a son histoire. Cette semaine, place à la tunique de l'Athletic Club Bilbao.

Les Marseillais ont pu l’examiner sous toutes ses coutures, cette saison, comme avaient pu le faire les Lyonnais et tant d’autres au fil du temps. Le maillot de l’Athletic Bilbao est un monument du football espagnol. Il représente l’une des équipes les plus vieilles du royaume, avec un palmarès impressionnant. Si, aujourd’hui, Bilbao peine à remonter sur le devant de la scène, on entend tout de même régulièrement parler du club basque, ne serait-ce que pour les joueurs de talent qui composent actuellement son effectif : Aritz Aduriz, Aymeric Laporte, Inaki Williams, Iker Muniain, etc. Si le club est fier de son identité basque, il n’avait à ses débuts que peu de choses en commun avec cette région.

Histoire d’un maillot

À la fin du XIXe siècle, le port industriel de Bilbao attire énormément d’ouvriers étrangers, dont beaucoup de travailleurs de Sunderland et du reste du Nord de l’Angleterre. À force de se retrouver pour des parties de football improvisées, ces ouvriers décident de fonder leur propre club : le Bilbao Football Club. Les habitants de la ville, qui découvrent le football grâce aux Anglais, se plaisent à les affronter sur des terrains plus ou moins proches du port. Quatre ans plus tard, le club fait des émules. Des jeunes Basques du gymnase zamacois décident à leur tour de fonder un club : l’Athletic Club. Vous l’aurez compris, tout ça mène forcément à une fusion.

Les maillots de l’Athletic Club sont blancs, comme les shorts. Seules les chaussettes sont noires. En 1902, pour la toute première édition de la Coupe du Roi, les deux clubs de Bilbao décident d’unir leur force au sein d’une seule et même équipe, le Club Vizcaya. Grand bien leur en a pris, puisque les Basques réalisent un parcours exemplaire et remportent la compétition en disposant du FC Barcelone en finale. Cette grande victoire donne forcément des idées à cette équipe recomposée, comme sur Koh Lanta. L’année suivante, en 1903, les deux clubs fusionnent pour de bon et se retrouvent sous la bannière de l’Athletic Club de Bilbao.

Madrid, Blackburn & Southampton

Pour leur premier jeu de maillots, les joueurs du nouveau club se servent de tenues rapportées par les Anglais de Blackburn. Le maillot est donc bicolore (bleu d’un côté, blanc de l’autre), les shorts sont bleus et les chaussettes sont noires. Avec ces tuniques, les Basques remportent à nouveau la Coupe du Roi et confirment que le Pays basque est la place forte du football espagnol en ce début de siècle. Ce sont également des étudiants basques qui fondent, en 1903, l’Athletic Club de Madrid, à la capitale. En 1904, la Coupe du Roi est encore raflée par Bilbao. En 1905 et 1906, cependant, c’est bien la nouvelle équipe de Madrid qui battra les Basques en finale. La fin d’une hégémonie.

C’est en 1911 que l’histoire du maillot de Bilbao prend une tournure inattendue. Cette année-là, un membre des deux Athletic Clubs (celui de Bilbao et celui de Madrid), Juanito Elorduy, part en Angleterre pour rapporter les nouveaux maillots des Blackburn Rovers. Il ne les trouve malheureusement pas et décide à la place d’acheter des maillots identiques à ceux portés par les joueurs de Southampton. Les joueurs de Bilbao sont ravis – certains venaient de Southampton – et tous adoptent la tenue : les maillots sont rayés verticalement de rouge et de blanc et les shorts sont noirs. Pour se démarquer de Bilbao, les joueurs de l’Athletic Club de Madrid conservent eux les shorts bleus de la tunique précédente. Cette année-là, ce sont les Basques qui remportent une nouvelle fois la Coupe du Roi. Question d’habitude. Un an après avoir changé de maillots, la direction de l’Athletic Club de Bilbao s’apprête à prendre une décision qui transformera durablement l’histoire du club basque. C’est effectivement en 1912 que les réformes nationalistes sont adoptées au sein du club.

En 1912, les trois derniers joueurs étrangers du club sont contraints de le quitter. Seuls les joueurs basques peuvent désormais porter les couleurs de Bilbao, qu’ils soient nés dans le Pays basque espagnol, français ou en Navarre. Deux ans plus tard, en 1914, et toujours avec les maillots de Southampton, le club remporte une nouvelle Coupe d’Espagne. Cette année-là, Bilbao est emmené par un buteur exceptionnel : Rafael Moreno Aranzadi. Il est surnommé Pichichi. Un surnom repris depuis pour parler du meilleur buteur du championnat espagnol. Commence alors une période de yo-yo pour Bilbao, qui garde la bonne habitude de gagner une Coupe du Roi régulièrement (1916, 1921, 1923). En 1930 et 1931, le club se paye même le luxe de remporter le championnat national et la coupe nationale. Sympa. En 1941, le club est victime du franquisme et doit changer de nom (Franco ayant banni toutes les autres langues que le castillan). Le club devient donc sous la contrainte l’Atlético Bilbao, un nom qu’il abandonnera en 1977 pour retrouver le sien.

Maillot mythique

Pas évident de ne retenir qu’un seul maillot quand on ouvre la penderie du club de Bilbao. Celui de la saison 1956 n’est pas si différent de ceux portés depuis la création du club, mais il évoque pour tous les supporters une année exceptionnelle, marquée par un titre de champion d’Espagne, un titre en Coupe du Roi et une finale en Coupe latine de football. C’est aussi l’année du premier flirt européen des Basques, qui se hissent jusqu’en quart de finale pour aller affronter le grand Manchester United. Après une exceptionnelle victoire 5-3 à l’aller, les joueurs de Bilbao ne peuvent rivaliser lors du retour, à Manchester, et s’effondrent, 3-0.

Maillots extérieurs et autres maillots collectors

Si Bilbao a longtemps été fidèle à son maillot à rayures, il est arrivé que le club pète une durite et ponde des maillots absolument indescriptibles. C’était par exemple le cas en 2004, quand la direction demanda à l’artiste basque Dario Urzay de s’occuper des maillots. Le résultat ? Un maillot blanc sur lequel on aurait versé du sang ou du ketchup. So 90’s. La véritable question : est-il exposé au musée Guggenheim ?

Pour le centenaire, en 1998, Kappa a sorti une tunique exceptionnelle. Ici, pas question de simplement coudre les dates d’anniversaire sur le maillot. Il fallait un truc qui en jette un maximum. Résultat : le maillot reste rouge et blanc, mais les rayures laissent place à un gigantesque dragon, sans aucun doute le dragon basque, Sugaar, qui représente les colères du ciel, les orages et le tonnerre. Un must have pour tous les supporters du club basque qui veulent vraiment se la raconter en soirée foot.

Ils ont inspiré le maillot de l’Athletic Club Bilbao

C’est donc un fait, Bilbao n’a jamais hésité à taper dans les maillots anglais pour aller disputer ses matchs en Espagne. On peut donc citer en inspiration le club des Blackburn Rovers et celui de Southampton, dont les maillots ont été copiés par plusieurs autres clubs espagnols, à commencer par celui de Madrid. Celui de Wolverhampton, en revanche, personne n’en veut.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Gabriel Cnudde

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