Seulement l'identité des clubs qui viennent taper à sa porte durant l'été 92 ne le fait pas rêver : Ancône, Pescara, des promus. Débute alors une chasse à l'attaquant entre le PSG et Monaco. Et les versions sont aussi nombreuses que différentes. Dans un entretien accordé à France Football au cœur de l'été 1992, Michel Denisot revient pour la première fois sur ce double transfert. « Nous faisions le forcing sur Klinsmann lorsque, mardi dernier (le 21 juillet, ndlr), nous avons appris que Monaco laisserait partir Weah. Alors on a sauté sur l'occasion. » Au vrai, Monaco, Paris et l'Inter Milan œuvrent de concert depuis le début. Ernesto Pellegrini, Michel Denisot et Jean-Louis Campora, à la tête, respectivement, de l'Inter de Milan, du Paris SG et de Monaco, se voient régulièrement et tentent de trouver une solution qui arrange tout le monde. Très vite, Weah a donné son accord au PSG. Pour Klinsmann, c'est plus long. L'Allemand est tenté par les deux challenges, mais a une condition : ne pas baisser ses émoluments. En Italie, Klinsmann émarge à 800 000 francs mensuels (hors charges). Au moment des tractations, l'Allemand est en vacances et ne veut pas entendre parler de diminution de salaire. De facto, Klinsmann est trop cher pour Paris... pas pour Monaco. Les avantages de la fiscalité monégasque feront la différence dans ce dossier. Ce double transfert va finalement se décanter à l'aéroport de Nice.
Il signe au PSG à l’aéroport de Nice
Et ça, c'est encore Michel Denisot qui le raconte dans un entretien donné à L'Équipe 21. Denisot avançant même que l'Allemand avait été joueur du PSG « pendant 48 heures » via un pré-contrat : « Au moment où on a signé Klinsmann, j'ai appris qu'il y avait une ouverture pour Weah à Monaco. J'ai continué à avancer avec l'accord de Pierre Lescure sur Weah, j'ai eu des discussions à Rome où j'étais en tournage, on est revenus et on est restés une semaine à Monaco pour se mettre d'accord avec Weah, avec la bénédiction de Jean-Louis Campora (le président de l'ASM à l'époque, ndlr). On s'est mis d'accord et le dossier Klinsmann avançait en même temps. On a switché les deux avec l'accord de tout le monde. » Et voilà comment les deux clubs s'offrent un bel été. Trois ans plus tard, Weah quittera pourtant le PSG par la petite porte malgré 55 buts en 138 matchs, trois demi-finales européennes de rang et un titre de champion. Pour sa dernière au Parc des Princes, l’attaquant aura droit à une banderole d’une frange du KOB qui en dira long : « Weah, on n’a pas besoin de toi » , un message agrémenté de croix celtiques et autres douceurs néo-nazis.
Difficile quand on sait qu’avant Zlatan Ibrahimović et Edinson Cavani, Weah a longtemps été le meilleur buteur du club en Coupe d’Europe. Sa saison 1994-1995 de Ligue des champions est une merveille de ce point de vue-là. Huit buts en onze matchs, dont le chef-d’œuvre de Munich où, entré en cours de match, il marque le seul but du soir après avoir passé en revue toute la défense allemande et trouvé la lunette d’Oliver Kahn. Un but dans son style : puissant et technique, avec sa cheville élastique qui lui permettait de mettre des crochets courts à toute les défenses du monde. Dans sa carrière au PSG, Weah marquera au Nou Camp, à Bernabéu, à Naples, à Salonique, bref, partout où il fallait en avoir pour s’imposer. Mais c’est un match européen qui va sceller son avenir parisien, ou commencer à l’effriter.
Vidéo
Sur le banc à Highbury
Demi-finale retour de C2, 12 avril 1994, alors que le PSG s’avance vers un titre de champion de France, les Parisiens doivent faire un résultat à Arsenal après le match nul de l’aller (1-1). Alors que Weah n’a plus marqué en D1 depuis novembre 1993, il vient de planter à Bernabéu au tour précédent. À Londres, il va pourtant débuter... sur le banc. Artur Jorge lui préférant Raí, pourtant en pleine acclimatation. Raí ne marque pas. Weah non plus. Aucun Parisien d’ailleurs. Paris passe à la trappe, et Jorge est mis au piloris, mais se défend : « C’était un choix, c’est tout. Weah était un grand joueur, mais il ne valait pas non plus un 17 ou 18 sur 20 tout le temps. J’ai juste fait l’équipe que je pensais être la meilleure. » Au fond, George Weah aura brillé par son inconstance au PSG. En trois saisons de D1, son compteur buts n’explose jamais vraiment (quatorze la première saison, puis onze, et sept lors de la dernière). Même Luis Fernandez, qui arrive en 1994, n’arrive pas à faire (re)décoller l’avion Weah en dehors des matchs européens.
Pourtant, il avait une idée : recruter Sonny Anderson et l’associer à Weah avec Ginola en soutien. Mais à l’été 1994, le PSG se fait épingler par la DNCG, et le mercato s’en ressent avec deux petites arrivées : Oumar Dieng et Jean-Philippe Séchet. Malgré tout, les Parisiens se hisseront en demi-finales de Ligue des champions, où ils buteront sur l’AC Milan... futur club de George Weah. Lors de cette double confrontation (0-1, 0-2), le Libérien sera inexistant. Certains au club parisien estiment que le joueur avait déjà la tête ailleurs. C’est sans doute vrai. Quoi qu’il arrive, Weah a été un attaquant fantastique, mais inconstant. Fantastique, car inconstant. En 1995, après six mois à Milan, il devient le premier Ballon d’or non européen de l’histoire. Un Ballon d’or gagné, en partie, par ses sorties européennes avec le PSG. Même s’il n’a jamais atteint le niveau escompté dans la capitale, les trois saisons de Weah au PSG resteront une formidable raison d’aimer le sopalin. Suffit de se repasser en boucle son but contre Munich. Le reste...
Par Mathieu Faure
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.