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Benfica peut-il éliminer le Bayern Munich ?

Par William Pereira
5 minutes
Benfica peut-il éliminer le Bayern Munich ?

Un an après le FC Porto, Benfica s’attaque à son tour au Kolossal Bayern en quarts de finale de Ligue des champions. L’actuel leader de Liga Nos peut-il rêver de passer ou doit-il se contenter de perdre avec les honneurs ? Analyse.

Non, parce que l’histoire est contre les Portugais

Le Portugal n’a jamais vraiment apprécié l’Allemagne. Entre Angela Merkel qui, il y a quelques années, pointait du doigt cette deuxième Grèce qui ne voulait pas se soumettre à l’austérité, ainsi que l’historique des confrontations footballistiques contre les Teutons, il y a de quoi comprendre les Portugais. En l’espace de deux ans, le Portugal s’est fait humilier par l’Allemagne au Brésil, le Sporting s’est fait éliminer par Wolfsburg (en 2015, après s’être fait éjecter de la C1 dans un groupe comportant Schalke 04) et Leverkusen en Ligue Europa, Benfica a perdu à deux reprises contre ce même Bayer, et, bien sûr, Porto s’est fait gifler par le Bayern après avoir réalisé l’exploit à domicile en quarts de finale aller de la Ligue des champions 2014-2015. Exploit que seuls les Dragons ont été capables de réaliser en compétition officielle parmi les clubs lusitaniens. Car si le bilan des Portugais contre les Allemands est négatif, le Bayern Munich constitue pour eux la bête noire ultime. En 24 matchs contre Benfica, Porto, Sporting, Boavista, Braga, Setúbal et Belenenses, le Bayern comptabilise 14 succès, huit nuls et deux défaites (en 1987 et en 2015, contre Porto). Réduit à l’échelle des seules confrontations entre les deux adversaires du soir, le Bayern a battu les Encarnados quatre fois et concédé deux nuls pour un total de 16 buts encaissés et seulement quatre pions plantés pour les Lisboètes. Pas de quoi être optimiste à première vue.

Non, parce cette défense ne suffira pas contre le Bayern

Soyons honnêtes. La dernière ligne du dispositif tactique de Rui Vitória ne s’est jamais aussi bien portée que récemment. La moyenne de 0,5 but encaissé par match sur les huit dernières rencontres est bien là pour le prouver. Même en bricolant, en installant le jeune et brillant Lindelöf (latéral de formation) dans l’axe de la charnière, tantôt à côté de l’instable Jardel, tantôt à côté de Samaris (milieu défensif), l’entraîneur du SLB a réussi à solidifier son arrière-garde en l’absence de l’immortel Luisão, toujours blessé. Mais face au Bayern, cela restera relatif. Car les Lisboètes basent leur solidité défensive sur la possession de balle et leur capacité à récupérer le ballon très haut, chose qui ne sera pas forcément possible contre les Allemands, et encore moins à l’aller à l’Allianz Arena. Cette résistance défensive risque bien de voler en éclats si les Aigles font la même erreur que Porto l’année dernière en se laissant coincer dans leur propre camp. Car le tracteur Eliseu, Jardel et André Almeida (ou Nélson Semedo) tiendront difficilement le coup en cas de siège de leurs buts par les Allemands.

Oui, parce que Benfica a le meilleur duo d’attaquants d’Europe hors Liga

Avoir un attaquant qui plante au moins 30 banderilles en championnat sur une saison est un luxe que peu d’équipes peuvent s’offrir. Avoir un lieutenant pour épauler ce dernier et le suppléer si nécessaire dans le rôle de buteur est une rareté qui n’appartient qu’aux tout meilleurs, et force est de constater que dans ce domaine, Benfica fait, avec sa paire Jonas-Mitroglou, partie de l’élite offensive européenne. Rien qu’en Liga Nos, les internationaux brésilien et grec comptabilisent 48 buts à eux deux (30 pour le premier, 18 pour le second). C’est tout simplement le deuxième meilleur duo du continent à égalité avec Suárez-Messi (48 également) et derrière CR7-Benzema (50). La paire Lewandowski-Müller reste en retrait avec 44 buts en BuLi (le même score qu’Ibra-Cavani en Ligue 1). Bref, Manuel Neuer a intérêt à bien chauffer ses gants avant les deux matchs.

Oui, parce que Benfica a tout simplement une grosse équipe

Mais les deux buteurs benfiquistas ne détiennent pas seuls le monopole de la réussite à Lisbonne. Les voyants sont au vert pour toute l’armée de Rui Vitória. L’ancien technicien de Guimarães a de quoi se satisfaire à chaque ligne du terrain. De la valeur sûre Gaitán au surprenant Pizzi, en passant par la hype Renato Sanches qui confirme tout son talent au fil des matchs, les puissantes sentinelles Fesja-Samaris, le surdoué Nilsson Lindelöf et même le jeune portier Ederson, tous forment un redoutable collectif capable d’emmerder n’importe quelle formation européenne. Les trois derniers joueurs cités font souffler un vent de fraîcheur sur une équipe qui manquait clairement de folie en début d’exercice et feront sans aucun doute partie des références à leur poste dans les années à venir. Seule l’expérience à ce stade de la compétition peut leur porter préjudice, car la qualité, ils l’ont. Comme une bonne partie des onze titulaires.

Oui, parce que Benfica est sur une excellente dynamique

À l’instar du Bayern, les Lisboètes ne se sont inclinés qu’à une reprise en 2016. Comme pour les Allemands, c’était à domicile. Le 12 février 2016, le FC Porto faisait mentir les bookmakers en venant s’imposer à l’Estádio da Luz (1-2). Certes, la Liga Nos est en tous points inférieure à la Bundesliga, mais les huit succès consécutifs des Encarnados (dont un sur la pelouse du Sporting) depuis le Classico prouvent bien que les Benfiquistas ne sont pas à prendre à la légère. Le Sporting Braga en a eu la confirmation vendredi dernier, à Lisbonne. Les hommes de Paulo Fonseca, solides quart-de-finalistes de Ligue Europa et finalistes de la Coupe du Portugal, sont repartis de la capitale portugaise avec un sévère 5-1 dans la valise. Le genre de raclée qui met en confiance avant un défi censé être perdu d’avance, un an après le 6-1 infligé par le Bayern à Porto. Paradoxalement, c’est d’ailleurs plus le succès des Dragons à l’aller qui est resté dans l’esprit du football portugais. Le 3-1 du FCP a fait jurisprudence dans le sens où il a fait tomber un tabou. Aujourd’hui, rêver de prendre le dessus sur un mastodonte européen n’est plus une hérésie aux yeux des clubs lusitaniens. La marche est passée d’infranchissable à très haute. Reste à savoir si les troupes de Rui Vitória peuvent vraiment faire mieux que celles de Lopetegui l’an passé.

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