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Ben better

Par Swann Borsellino
4 minutes
Ben better

Critiqué pour son comportement lors d’une dernière saison marseillaise qui a été un long calvaire, Benjamin Mendy a grandi sans se renier. Plus posé, plus professionnel, mais pas moins drôle et surtout pas moins bon, le latéral gauche de 22 ans a trouvé l’équilibre et l’équipe de France grâce à Leonardo Jardim.

Il paraît que lorsque l’on pratique le football à haut niveau, être professionnel sur la pelouse ne représente qu’une infime partie du job. Chez les grands depuis 2011 et une première saison au Havre, Benjamin Mendy a eu tout le loisir d’expérimenter ce qui se fait et ce qui ne se fait pas après un match. Le 15 avril dernier, après une victoire à l’arraché face à Dijon (2-1), le latéral gauche s’est saisi de son smartphone pour se fendre d’un petit message à l’intention des joueurs d’Olivier Dall’Oglio. « Bravo @DFCO_Officiel pour le match, bonne chance pour la suite, ça va le faire » , histoire de souligner la qualité de jeu proposée par l’adversaire. Sympa, le type. On parle pourtant du même Mendy qui, un peu moins d’un an plus tôt, au soir du 21 mai 2016, nuit de débâcle de l’OM au Stade de France à l’occasion de la finale de la Coupe de France face au PSG (4-2), se fait gauler chicha à la main lors d’un showcase du rappeur Alonzo. Une escapade nocturne qui pousse les supporters marseillais à inviter Benjamin à voir un psychiatre qui traite d’autre chose que de rimes, et qui a collé à la glu sur le front de l’ancien Havrais une étiquette de bad boy stupide. Une mauvaise réputation façon Georges Brassens à laquelle le natif de Longjumeau tort le cou, et pas seulement en dégainant des tweets sympathiques. Car à 22 ans, Benjamin Mendy a simplement grandi. Et puisque être pro sur la pelouse ne représente qu’une infime partie du job, il se trouve que le nouveau Benjamin humain a filé un sacré coup de pouce au Benjamin joueur. En effet, quand le premier est devenu agréable et posé, le second est devenu international.

Les rats, Morel et Fanni

En période présidentielle où Emmanuel Macron est roi, tout le monde s’en rend compte : peu importent les idées tant que la communication est bonne. La campagne du Mendy nouveau s’affiche en grand au Canal Football Club. Dans une interview sobre, le latéral gauche l’annonce : « Je ne pense pas que je suis un mauvais garçon. » C’est le début du mois de mars 2017, Mendy est bon sur la pelouse avec l’AS Monaco et l’odeur de l’équipe de France commence sérieusement à parcourir les narines du gaucher. Plombé par cette histoire de chicha et par quelques retards aux entraînements que Leonardo Jardim ne lui pardonne pas, le gamin court après sa réhabilitation comme il court le long de sa ligne de touche : avec envie et talent. Alors quand il est appelé par Didier Deschamps en équipe de France, il n’hésite pas à rire avec Éric Di Meco et Daniel Riolo qui avaient promis de manger un rat si cela se produisait. Et à ceux qui pensent qu’il est devenu un communicant contre nature, l’intéressé répondrait certainement en montrant des vidéos de Kylian Mbappé, sa victime préférée. Mendy n’a pas arrêté de rire, il a juste grandi un peu. Suffisamment pour ne plus s’attirer les foudres des supporters et de son coach. Pas suffisamment pour arrêter de mettre systématiquement la musique des Razmoket à la vue de Kylian Mbappé, ou de se payer Bernardo Silva ou Ousmane Dembélé – le mec choisit la qualité, quand même – dès qu’il en a l’occasion. Au fond, si Marcelo Bielsa avait fait rire la planète malgré lui en disant à Mendy qu’il deviendrait le meilleur latéral du monde en demandant des conseils à Rod Fanni et à Jérémy Morel, c’est parce qu’il savait qu’à Benjamin, il ne manquait qu’un peu de sagesse. Et quand on est un gamin susceptible de vriller, se fader une saison avec son mentor (Bielsa) qui met les voiles, puis avec successivement Michel et Franck Passi, ça fait partir en sucette. Tenu par un Leonardo Jardim qui a su exploiter ses qualités sur le terrain, Benjamin Mendy sait désormais ce que signifie être footballeur professionnel. Mieux encore, il sait comment en être un.

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Par Swann Borsellino

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