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Belmadi et Zetchi, des Verts et des pas mûrs ?

Par Alexis Souhard
4 minutes
Belmadi et Zetchi, des Verts et des pas mûrs ?

En Algérie, la reconstruction des Fennecs est confiée à un nouveau tandem, Djamel Belmadi et Kheïreddine Zetchi. À l’ordre du jour, remettre de l’ordre dans un foot algérien en stagnation sur le plan des infrastructures et des résultats sportifs. Et ça passe par une double confrontation vitale face au Bénin dès ce vendredi soir, à Blida.

Si l’on en croit l’historiographie moderne, Ouroboros, ou serpent qui se mord la queue, est un symbole propre à la culture égyptienne. Les ouvrages ne précisent pas s’il est devenu populaire dans les sphères du foot algérien, mais c’est tout comme. Début octobre, le départ du directeur technique national, Rabah Saâdane, ébranle la fédé. L’ex-sélectionneur aux deux phases finales de mondial (1982, 2010) a ses raisons : il n’a pas été convié à un repas avec l’équipe A à Sidi-Moussa et vient d’être refoulé à l’aéroport pour visa non conforme alors qu’il devait se rendre à une conférence FIFA.

De la négligence aux yeux de l’ancienne gloire Lakhdar Belloumi : « Chez nous, les malentendus règnent, certes. Mais je suis sûr qu’il croyait que l’Angleterre était dans l’espace Schengen. Il ne peut que s’en vouloir. » Si tout le monde s’accorde à dire que l’erreur est administrative, la pilule est difficile à ingurgiter pour le doyen. Et son baroud d’honneur dans les médias pour mettre les points sur les i n’arrange personne. Djamel Belmadi, chargé de remettre sur pied les Fennecs depuis juillet, et Kheïreddine Zetchi, président de la FAF, comptaient amorcer un nouveau cycle apaisé. Pas gagné.

Jeunes et dynamiques

Face aux accusations de complot, les deux nient en bloc. Il faut dire qu’ils ont un autre chat à fouetter, à savoir redorer le blason du foot algérien. Or, quatre années d’errances ont eu raison de la patience générale, et l’échec de Rabah Madjer reste en mémoire. Belmadi a donc beau agiter un CV embelli par quatre titres nationaux au Qatar, le scepticisme le guette. « Son accueil reste très mitigé en Algérie, mais il a pris énormément de maturité, note l’ancien sélectionneur Nacer Sandjak.Il est relativement calme et on sent qu’il connaît son métier. » Même chose autour de son président, Zetchi, qui en est à son troisième coach en un an. « Zetchi est jeune et doit encore apprendre. Il doit compter avec des personnages du foot algérien obtus vis-à-vis de ses projets de centres de formation fédéraux. Mais il est ambitieux, et c’est encourageant. Or, ses erreurs en un an le suivent. »

De là à le renverser ? « Ce n’est pas une solution de le virer comme le veulent les clubs, rétorque Belloumi. Il faut avancer malgré les erreurs de casting chez les sélectionneurs. » Rarement une doublette n’a semblé aussi cohérente à la tête du foot algérien. Zetchi, roi de la céramique, jouit d’une aura auprès des clubs pour avoir géré le Paradou Athletic Club vingt-trois ans durant. Belmadi, malgré son long exil dans les pays du Golfe, « a la caution des joueurs » . Fait rare. Du coup, pour perturber tout ce petit monde, Zetchi lui accorde carte blanche. Fin août, le coach tape du poing sur la table et rappelle vingt-trois binationaux face à la Gambie. « L’Algérien, s’il se trouve sur Neptune et sait jouer au foot, on le prend. Ce débat n’existera plus avec moi » , lâche alors l’ancien Marseillais. La presse s’étrangle et les clubs ruminent. Un mal pour un bien, juge Sandjak : « Tu ne peux pas aujourd’hui demander aux locaux de relever le défi international. »

Retour à Blida

Reste cette mission impossible : moderniser le foot algérien tout en le faisant briller sur le terrain. Si la première étape se dessine, Belmadi a du pain sur la planche pour qualifier les Verts à la CAN 2019. Le nul (1-1) ramené de Gambie, en dépit de circonstances d’avant-match délirantes, est prometteur. Plus qu’à trouver une défense digne de ce nom. À Banjul, le mauvais positionnement de Ramy Bensebaini avait notamment coûté l’égalisation. Le Niçois Youcef Atal devrait donc reprendre du service à droite et Djamel Benlamri, du Shabab, pourrait disputer ses premières capes. Devant, Belmadi réitère sa confiance à Yassine Brahimi et Riyad Mahrez. Traduction : l’ex-international est en quête de stabilité. Ça tombe bien, les Fennecs retrouvent ce vendredi leur enceinte mythique de Blida après des mois à valdinguer dans des enceintes ternes. Histoire de faire en sorte que le serpent s’agite de manière à dessiner un cercle vertueux.

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