C'est donc un retour en arrière, un voyage dans le temps pour le PSG qui, même si tout n'a pas été maîtrisé durant 180 minutes face au FC Barcelone, a logiquement cassé le plafond de verre vis-à-vis de sa bête noire catalane. C'est toujours particulier d'être à deux matchs du dernier carré de la C1. On sent le parfum des sommets. Le prestige des adversaires est d'ailleurs tout autre. À part le FC Porto, sur le papier, aucun tirage ne semblait facile. Il fallait sans doute éviter l'ogre Bayern Munich - pas de bol - ou la machine guardiolesque de Manchester City. Ça tombe bien, si le PSG s'en sort face aux Allemands, il retrouvera probablement City en demi-finales. C'est la vie.
L'avantage de jouer le Bayern, c'est que personne n'y croit
Et encore. Chelsea, Liverpool, le Borussia Dortmund et le Real Madrid représentaient des CV tout aussi difficiles à manœuvrer. Chacun avait son tirage idoine, son adversaire avec lequel il fallait régler un compte. Pour le PSG, le karma lui a évité des retrouvailles rapides avec le Chelsea de Thomas Tuchel et de Thiago Silva, on est également passé à côté d'un débat ridicule autour de la rivalité Mbappé-Haaland. On tente de se rassurer comme on peut, car le PSG vient de tirer le Bayern Munich, le tenant du titre, avec le match aller en Bavière. En août dernier, c'est l'ancien Parisien Kingsley Coman qui avait brisé les rêves de victoire en finale de C1 à Lisbonne en marquant le seul but du match. Le Français est toujours là, au cœur de l'armada bavaroise qui écrase tout sur son passage. Ce PSG-là, malmené à chaque rencontre de Ligue 1, a-t-il une chance face à la meilleure équipe d'Europe depuis 18 mois ? Un homme sain d'esprit, un peu pessimiste, serait tenté de dire non. Jamais de la vie. Et c'est justement l'avantage de jouer le Bayern, car personne n'y croit.
Sur la route du karma
D'autant que les clubs français n'ont jamais sorti le Bayern d'Europe, à part l'ASSE en 1969, et que le PSG s'est déjà cassé les dents à plusieurs reprises, notamment en Bavière, face au Bayern durant les poules. Oui, c'est le fameux 1-5 de 1997 avec le contrôle parpaing de Christophe Revault, c'est le doublé de Tolisso en 2017, une défaite ridicule en 2000. Mais un choc PSG-Bayern rappelle aussi des succès probants, la double victoire de 1994 avec le but incroyable de George Weah au match retour, le pointu de Laurent Leroy en fin de match, le ciseau de Jérôme Leroy, le but de Cavani, Bernard Mendy qui fend en deux l'âme de Willy Sagnol pendant 90 minutes. Il faut s'appuyer sur ça pour donner envie de partir à l'abordage de ce qui semble être un navire insubmersible. Même si les deux clubs ne se sont jamais affrontés sur un aller-retour à élimination directe, des souvenirs positifs existent. Et si le PSG doit chercher au plus profond de son âme une source de motivation supplémentaire, deux vont vite venir en tête. Les futures déclarations de Coman qui, quoi qu'il arrive, ne pourra pas s'empêcher de marteler qu'il n'a jamais eu sa chance au PSG et, bien entendu, Tanguy Kouassi. Pour ces deux blessures, le PSG doit oublier qu'il n'a aucune chance et jouer deux matchs de loubards. Sur un malentendu... car rien ne serait plus PSG qu'une saison complètement ratée en Ligue 1, mais brillamment réussie en Ligue des champions avec les scalps successifs du Barça, du Bayern et de City, le tout sans Neymar. La fin de l'histoire en mode PSG ? Une défaite en finale face au Chelsea de Thomas Tuchel sur un but de la tête de Thiago Silva. Prends ça, le karma. En attendant, c'est le Bayern qui se présente sur la route de ce PSG.
Par Mathieu Faure
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