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Batlles Royal

Par Arthur Jeanne
4 minutes
Batlles Royal

Entre la crête de Loulou Nicollin, les incidents à Auxerre et le départ d'Eden Hazard, le dénouement de la ligue 1 version 2011-2012 a laissé peu de place à l'hommage que méritait Laurent Batlles, qui a pris sa retraite après 19 ans de professionnalisme. Tentative de réhabilitation.

Alors que le Calcio dit au revoir à Alessandro Nesta, Filippo Inzaghi ou Alessandro Del Piero, la Ligue 1 s’est contentée de la dernière de Laurent Batlles. Les grincheux diront qu’on a les icones qu’on mérite, les autres, sans doute avec justesse, salueront un joueur qui a marqué le football français pendant 19 ans. Car, malgré un relatif manque de notoriété, le désormais ex-milieu de terrain stéphanois reste un des vrais bons joueurs français de ces dernières années. Batlles débute à Toulouse lors de la saison 1993-1994, il y a un sacré bail. À l’époque où François Mitterrand est encore président de la République et le PSG champion de France. Ensuite il ira traîner ses guêtres à Bordeaux, Rennes, Bastia, Marseille, Grenoble et enfin Saint-Étienne. Le tout pour 467 matchs de Ligue 1, bilan définitif. Lolo a donc écumé l’Hexagone en long, en large et en travers. Et, partout, il a laissé un bon souvenir, comme le souligne son pote et ex-coéquipier à Rennes, Olivier Echouafni : « Laurent, c’est un joueur comme il n’y en a plus beaucoup aujourd’hui. Il a toujours eu un état d’esprit parfait, avec un grand respect du maillot et des supporters. La preuve, c’est que partout où il est passé, il a laissé une très bonne image. Il a fait une grande carrière. 19 ans au plus haut niveau, cela n’est pas donné à tout le monde. »

Les qualités techniques d’un gaucher

Un état d’esprit parfait, certes, mais qui ne suffit pas à s’imposer au plus haut niveau du football français, Brandao en est témoin. Si le milieu de terrain formé à Toulouse s’est imposé partout, c’est aussi grâce à une technique individuelle au-dessus de la moyenne, Echouafni arrose encore: « Lolo, c’est un droitier qui possède les qualités d’un gaucher en termes de finesse, de précision, et puis il a aussi une très belle vision du jeu. » Steve Marlet, son coéquipier à Marseille lors de ce qui fut sans doute la meilleure saison de Batlles, en 2004-2005, confirme: « Il a ce petit coup de patte qui fait plaisir. Je me rappelle de ce but magnifique qu’il a mis contre Toulouse, et puis techniquement il était vraiment à l’aise. Il a une bonne qualité de passes et la vision de jeu qui va avec. Il voyait bien comment jouait chacun de ses partenaires et savait adapter son jeu à leurs qualités. »

Génération désenchantée

Un maestro en somme, un type qu’on a souvent comparé à Zidane : ressemblance physique, même démarche indolente et même facilité technique. Batlles n’aura pourtant jamais eu sa chance en équipe de France. Sans doute parce qu’il est né au mauvais moment, le Nantais d’origine fait partie de cette génération de joueurs « victimes » de l’extraordinaire succès de la sélection au tournant du millénaire. C’est, en tout cas, ce que pense Steve Marlet : « Il n’était pas loin de l’équipe de France, il était même au niveau, je pense, mais nous sommes de la même génération et, entre 2000 et 2006, il y avait énormément de monde à son poste, et il n’a pas pu avoir cette reconnaissance. Il fait partie de cette « génération » un peu sacrifiée, à l’image de Jérôme Leroy ou de quelques autres. » Echouafni, goguenard, ne dit pas autre chose : « Si moi, je ne pouvais pas être en équipe de France, lui ne pouvait pas y être non plus! Plus sérieusement, à ce poste-là, il y avait énormément de monde, donc il aurait certainement mérité une sélection, mais il y avait des joueurs de classe mondiale qui étaient au-dessus. Mais on est pas aigris. Laurent comme moi, on a contribué à la réussite du football français, on a fait partie de ce championnat qui a permis à des joueurs d’émerger et d’être champions d’Europe et du Monde. »

Un mélange de Zidane et d’Élie Baup

Pas de regrets donc pour celui qui, en plus de ressembler à Zidane, a également un point commun avec Élie Baup, selon Echouafni: « Il ressemble à deux personnes : dans le profil, sa manière de jouer, à Zidane et, dans sa façon de parler, à Élie Baup. » « À Marseille, j’imitais toujours sa voix particulière, ça lui foutait les boules » , ajoute Steve Marlet. Malgré ses cordes vocales étranges, celui qui va désormais intégrer la cellule de recrutement stéphanoise aura marqué la Ligue 1. Samedi dernier, à Bordeaux, il a reçu un hommage mérité de la part de ses partenaires qui arboraient à l’échauffement un T-shirt floqué du numéro 10 avec, sur le devant, ses années de début et de fin de carrière (93-2012). Pour son pot de départ, il a même versé quelques larmes.

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