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- Ce qu'il faut retenir de la 23e journée
Barcelone s’amuse, Madrid cogite
Journée de Liga diamétralement opposée pour les deux plus grandes villes espagnoles. Pendant que Barcelone festoie grâce aux pions de Messi et aux cojones des Pericos, le Real Madrid panse ses maux, alors que l'Atlético s'en crée.
Le partidazo du week-end : Celta Vigo – Atlético de Madrid
Les week-ends se suivent et ne se ressemblent pas pour l’Atlético de Madrid. Revenus dans la danse pour le titre suite à la fessée infligée au Real Madrid, les Colchoneros sont tombés en terre galicienne. Déjà enquiquinés par le Celta à l’aller (2-2), ils n’ont jamais réussi à se mettre dans le rythme. Largement dominateurs dans la possession de balle – ils ont même atteint les 70 % dans le premier acte –, les Celtiñas se sont heurtés à une défense adverse retranchée. Avec un iota plus d’espaces en seconde mi-temps, les hommes de Berizzo ont réussi à dynamiter l’arrière-garde si imperméable du tenant du titre de Liga. Chanceux suite à une mimine non sifflée de Fernandez en début d’action, Nolito est par la suite déséquilibrée dans la surface. À ce penalty transformé par le néo-international de la Roja himself, son comparse offensif Orellana a rajouté une dernière banderille après un poteau du Français de l’Atléti. Incapable de se trouver, le trio offensif Torres-Griezmann-Mandžukić du Cholo a été le symbole d’une soirée ratée pour les Rojiblancos. Et désormais, ils se traînent à sept longueurs d’un leader merengue qu’ils avaient pourtant humilié il y a une semaine…
L’équipe du week-end : Espanyol Barcelone
Barcelone est à la fête actuellement. À quelques kilomètres du Camp Nou et de sa joie retrouvée, le second fanion de la capitale catalane, l’Espanyol, se plaît à rêver d’une douce fin de saison. Après leur parcours homérique en Copa del Rey – durant lequel ils ont éliminé Valence et Séville, et sont sortis de leur demie aller à San Mamés avec un nul favorable –, les Pericos sont allés se taper Málaga dans sa Rosaleda. Une rencontre entraînante qui s’est décidée en seconde période. Aux manettes à la pause grâce à un franc coup de casque du central Gonzalez, la bande du coach Gonzalez a réussi à tenir la dragée haute au septième de Liga. Dans une fin de match étouffante, Colotto se mue en portier et détourne une frappe sur la barre. Biscotte à la confiture logique et un Casilla qui se mue en sauveur sur le penalty. Dans le temps additionnel, Sergio Garcia plie l’affaire et sa cheville suite à un gros contact avec Kameni. Qu’importe, huitième avec 29 points et un maintien en bonne voie, l’Espanyol peut rêver d’une fin d’exercice agréable. Et qui sait, d’une finale barcelonaise en Coupe.
Le Don Quichotte du week-end : Lionel Messi (FC Barcelone)
Les superlatifs commencent à manquer pour qualifier le début d’année de Lionel Messi. Encore une fois prodigieuse, la Pulga a inscrit un triplé et délivré une passe décisive lors du récital blaugrana face à Levante. Comme à l’aller, les banlieusards de Valence ont encaissé une manita et ont pu apprécier la forme de l’Argentin. Avec un Pedro titulaire en remplacement de Luis Suárez, Messi a été repositionné en pointe. Plus proche de Neymar, il n’a cessé de combiner avec son comparse brésilien. Après avoir déposé une galette pour l’ouverture du score, il s’est chargé de planter les trois banderilles suivantes. Résultat, un 300e en Liga réussi et un sérieux rapprochement vers la tête du classement du Pichichi. Avec 25 pions, Messi n’est plus qu’à trois unités de Cristiano Ronaldo, muet depuis son penalty valencien, et truste seul le classement des passeurs décisifs avec déjà 13 caviars. Pis, ses quelques ratés dominicaux sur des services de Neymar rappellent à la concurrence qu’il n’est pas encore à plein régime. Manchester City peut trembler, la puce atomique remue fort.
L’analyse définitive du week-end
Le Real Madrid n’a toujours pas pansé les plaies de son derbi madrileño perdu au Calderón. En partie sifflées lors de leur arrivée sur le pré, les ouailles de Carlo Ancelotti ne se sont pas vraiment rabibochées avec leur public. La victoire, aux forceps, face au Deportivo La Corogne était bien le minimum syndical a assuré. « Nous avons tous compris les sifflets » , a bien assuré Carlo Ancelotti sitôt la fin du match. Pour autant, rien n’assure que l’antre madridista ne se soit totalement senti en phase avec ses poulains. Cristiano Ronaldo, au centre de tous les débats de la nébuleuse merengue la semaine passée, se montre toujours inquiétant. Incapable de faire trembler les filets depuis son penalty de Mestalla, CR7 fait du surplace. Son coéquipier Gareth Bale n’arrive, lui, pas à régler la mire et a tout de la tête de Turc du Bernabéu… Dans ce marasme, seul Isco sort du lot. Buteur providentiel en première mi-temps, il ne peut faire oublier la mauvaise passe d’un Kroos avec le totem d’immunité en main ni l’absence longue durée de Modrić. Il en faudra bien plus pour conserver la tête de la Liga…
La polémique de la machine à café (con leche)
Vallecas avait un air de Guantanamo ce dimanche. Pendant que le Rayo Vallecano s’imposait 2-0 face à Villarreal, les Bukaneros ont tenu à exprimer leur mécontentement face à Javier Tebas, président de la LFP espagnole. Ainsi, certains membres de ce groupe d’ultras ont troqué leurs habits du dimanche pour une combinaison orange, celle des personnes incarcérées dans ladite prison américaine. Entre banderoles à l’extérieur du stade et des chants durant la rencontre, un autocollant à la mode western résume la pensée des aficionados du Rayo : « Recherché mort ou vif pour cause d’assassinat du football, de corruption, d’horaires infâmes, de prix exorbitants… Récompense, 13 120 euros » . Dans l’œil du cyclone depuis le meurtre du supporter du Depor dans les alentours du Calderón, les Bukaneros ont choisi la méthode forte pour se faire entendre. Une stratégie qui devrait amener un sévère retour de bâton de la part du Thiriez outre-Pyrénées, peu connu pour son admiration des groupes ultras.
Le golazo du week-end : Luis Suárez (FC Barcelone)
Remplaçant en début de rencontre, Luis Suárez a réussi une entrée remarquée. À la retombée d’un centre d’Adriano, El Pistolero a décoché un magnifique ciseau pour clore la manita du Barça face à Levante. Déjà parmi les meilleurs passeurs de Liga, certains arriveront pourtant à parler de flop. Au talent.
La décla du week-end : Diego Simeone (Atlético de Madrid)
« En première période, j’ai choisi une mauvaise formation et j’ai perdu 45 minutes à cause de ce mauvais choix. » Le Cholo n’est pas du genre à esquiver les critiques. Par la force des choses – et les absences de Koke et Arda –, le coach de l’Atlético de Madrid a dû aligner une triplette offensive peu complémentaire et un milieu de terrain entièrement défensif. Résultat des courses, un changement précoce au bout de quelques minutes et une défaite qui éloigne les Matelassiers de leur Liga.
Et sinon, que pasa ?
– Messi, reçu 348 sur 348. Avec son triplé face à Levante, la Pulga affiche l’hallucinante moyenne d’un but par match depuis l’arrivée de Pep Guardiola sur le banc du Camp Nou. – Le Barça, reçu 11 sur 11. Le FCB est, à l’instar de son franchise player, en forme. Avec 11 victoires lors des 11 dernières rencontres, Luis Enrique a même égalé la meilleure série de sa seigneurie Pep. – Casillas comme Raúl. Titulaire ce samedi face au Depor, Casillas a joué son 327e match de Liga avec le Real Madrid. Soit autant que Raúl, détenteur du record merengue. – Krychowiak du tout au tout. Auteur de l’ouverture du score face à Cordoue, le Polonais du FC Séville s’est ensuite fait expulser en seconde période pour un très vilain tacle. Pas grave, les Palanganas s’en sortent avec une large victoire (3-0). – Valence s’en tire bien. Difficile vainqueur d’un bon Getafe, la bande à Nuno a dû attendre un penalty tardif de Negredo pour s’imposer. Et conserver sa quatrième place.- Canales, encore buteur. Avec son but de vendredi, celui de l’égalisation pour la Real Sociedad face à Almería, Sergio Canales en est à trois en Liga. Soit son meilleur bilan depuis la saison 2009/10. Éternel espoir.
Par Robin Delorme, à Madrid