- Ligue Europa
- 8e finale aller
- Villarreal/FC Séville
Bacca est-il passé devant Falcao ?
Alors que la Copa América se profile, Pékerman est inquiet : son meilleur joueur, Falcao, n'est pas dans le coup. Pas si grave, l'Argentin a de nombreuses cartouches en attaque, dont Carlos Bacca, le buteur colombien du moment.
Ce soir, Carlos Bacca disputera le huitième de finale aller de la Ligue Europa, avec son FC Séville tenant du titre. Un alléchant duel espagnol contre le sous-marin jaune du commandant Garcia Toral. Radamel Falcao, lui, méditera sur sa non-entrée en jeu face à Arsenal, en quart de finale de la Cup. Et regrettera sans doute un peu ses deux superbes années en Espagne – les dernières abouties de sa carrière – et cette compétition européenne sur laquelle il a régné sans partage. Excitante et inquiétante. Ces sont les différences d’expectatives de fin de saison des deux buteurs colombiens de la génération 86. Le natif de Puerto Colombia visera la qualif’ pour la C1 en Liga (5 points de retard sur Valence), le podium du classement des buteurs (Neymar a trois pions d’avance) et une deuxième grande campagne consécutive en C3. Celui de Santa Marta se contentera de quelques minutes de jeu en Premier League, seule compétition qu’il reste à son Manchester United. Ah non, le Tigre a aussi le droit de participer au championnat des moins de 21 ans avec les minis Red Devils, comme il l’a fait sans succès ce mardi, face à Tottenham. Triste pour celui dont on disait il n’y a pas si longtemps qu’il était le meilleur numéro 9 du monde.
Avantage régularité
Drôles de choix sportifs, blessure à la con. Pas de Coupe du monde, pas de Coupe d’Europe. Un gros coup d’arrêt, à l’âge mûr, quand tout le monde était à ses pieds, quand le meilleur lui semblait promis. La trajectoire de Falcao est tout le contraire de celle de Bacca, qui suit son chemin doucement mais sûrement, à force de régularité. Une régularité nommée un but tous les deux matchs, sa moyenne depuis le début de sa carrière. Cette saison, il est un ton au-dessus encore : 14 buts en 26 matchs de Liga (seuls la Puce, CR7 et Neymar ont fait mieux), auxquels il faut ajouter six passes dé’ (une de moins que James). El Peluca s’améliore, devient plus complet. Auparavant puissant et renard des surfaces, le gaillard sait aujourd’hui jouer en équipe et bosser pour les autres. À Séville, il est devenu indispensable. Gameiro avait quitté la déprime du banc du PSG pour passer plus de temps sur le pré, sans se renseigner suffisamment sur son concurrent en Andalousie, qu’il n’a jamais été capable de devancer malgré de belles performances. Pendant ce temps-là, beaucoup plus au nord, dans le brouillard de Manchester, Falcao a cessé de rugir. Est-ce le climat qui le rend malheureux ? Le jeu de la Premier League ne lui correspond-il pas ? Ne s’est-il jamais remis de sa blessure ? Toujours est-il que le constat est là : Radamel a marqué quatre buts cette saison, il est moqué en Angleterre pour son faible niveau de jeu (et son énorme salaire qui ne va pas avec) et Van Gaal ne l’utilise plus.
Objectif Copa América
Une situation que suit forcément de très près José Pékerman. L’Argentin le sait, il est à la tête de la plus belle génération colombienne depuis l’époque Valderrama, Valencia, Asprilla & co. Or, une superbe Copa América se profile en juin, avec un Chili à la maison, un Brésil revanchard et une Argentine pleine de stars qui attend un titre depuis la naissance d’Icardi. Au Brésil, sans leur meilleur joueur, les Cafeteros ont séduit, guidés par un James Rodríguez qui a endossé naturellement le costume de leader. La Colombie a des certitudes, mais El Profe n’a pas encore fait son choix devant. Ce ne sont pas les options qui manquent. Outre Falcao et Bacca, Teo Guttiérez (River), Jackson Martínez (Porto) et Adrián Ramos (Dortmund) lorgnent sur la place de numéro 9 (Pékerman aime aussi jouer avec deux pointes et James en numéro 10 classique). S’il n’a presque pas eu sa chance au Mondial (une seule entrée en jeu, en quart, contre le Brésil), Bacca a gagné ses galons depuis. Titularisé à deux reprises en amical après la Coupe du monde, contre le Salvador avec Falcao et contre les States avec Teo, il a planté trois fois. Et convaincu. Sa saison à Séville confirme qu’il est une valeur sûre pour la Colombie, au contraire de Falcao, de loin le plus talentueux, mais d’encore plus loin le moins rassurant cette année. Bacca, pisté par Tottenham et l’Inter, a trois mois pour convaincre pour de bon Pékerman, et ça commence ce soir au Madrigal. De son côté, Falcao a dix journées pour retrouver son talent.
Par Léo Ruiz