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B. Morel : « Avec mes coéquipiers, on fait du bowling, du paintball, du karting… »

Par Tanguy Le Séviller
9 minutes
B. Morel : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Avec mes coéquipiers, on fait du bowling, du paintball, du karting&#8230;<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Leader du championnat slovène avec le NK Domžale, Benjamin Morel (27 ans) retrouve peu à peu la lumière. Il a déjà fait le tour du web grâce à une jolie bicyclette et a accepté de prendre 30 minutes de son temps pour conter son aventure.

Comment t’es-tu retrouvé en Slovénie ?

J’étais en vacances au Maroc et à ce moment-là, j’ai un ami, Dominique Berthelot, qui m’a proposé de me faire mon CV Pro (sur le site Foot-National, ndlr). J’ai accepté et trois jours après, j’étais en contact avec le coach, Luka Elsner, qui travaille avec ce site. Il est francophone, son père (Marko) a joué au foot à Nice. Du coup, on s’est eu au téléphone, il m’a expliqué ce qu’il attendait de moi et ça m’a plu. J’étais à la recherche d’un club de toute manière, donc j’ai pas hésité, je suis parti à l’essai pendant 15 jours. Ça s’est bien passé et j’ai pu enchaîner avec la signature d’un nouveau contrat pro.

Ça ne t’a pas effrayé d’aller là-bas car ce n’est pas le pays auquel on pense quand on dit qu’on va aller jouer à l’étranger ?

C’est sûr, mais j’avais envie aussi de tenter ma chance à l’étranger car le milieu du foot français, c’était un peu compliqué pour moi avec mon passé, que je sois en tort ou pas. Je n’avais rien à perdre. Je cherchais à me relancer. Je n’avais pas tiré un trait sur le monde professionnel, loin de là, comme je l’ai toujours dit. C’était l’opportunité rêvée pour moi, le coach parlait français, ça me mettait dans de bonnes conditions. C’est un moyen de se faire voir autrement, dans un autre pays. C’est tout bénef.

Mais quand on t’a proposé la Slovénie, tu ne t’es pas dit qu’il allait faire trop froid là-bas ?

C’est vrai qu’au début, j’ai tout de suite pensé à la neige, au froid, mais en fait, ça va. On a de la chance. Il y a un petit peu de pluie, mais le froid n’est pas encore arrivé. Il fait assez doux. Je suis pas dépaysé de la France (rires).

Comment est la ville de Domžale ?

C’est tout petit, en réalité, mais la ville est située juste à côté de la capitale, Ljubljana. Tout ce qui est centres commerciaux, balades en centre-ville, ça se passe là-bas. Y a vraiment de quoi faire. Y a plein de petits coins sympas avec la rivière qui passe, des petits restos sympas. C’est une ville agréable, mais je n’y habite pas, je suis à Dragomelj, à dix minutes. C’est une commune qui appartient à Domžale en fait.

Pour la vie courante, la communication, la bouffe, ce n’est pas trop compliqué ?

Il y a quelques mots slovènes que je connais, qui sont faciles à dire, mais tout le monde parle anglais. Ça facilite les choses. C’est un pays où quasiment tout le monde parle anglais. Quant à la nourriture, grâce au club, on a à disposition notre propre resto. Ça nous permet de manger midi et soir là-bas. Pour s’alimenter, c’est plus facile. J’ai pas besoin de faire ma cuisine avec les produits locaux.

Tu es parti tout seul en Slovénie. Est-ce que tu as quand même eu de la visite depuis ton arrivée ?

Ma mère est venue avec mon petit frère pendant les vacances scolaires d’octobre. Ils étaient là pour une semaine et ont pu assister à deux matchs. Ils ont pu se rendre compte que j’étais bien entouré ici. Ils ont vu que je me sentais bien dans cette équipe et ont pu s’apercevoir que le niveau de football n’était pas moyen, comme beaucoup de gens en France peuvent le penser. Ça les a rassurés de voir avec qui j’étais. Ils sont repartis avec le sourire. On a visité un petit peu, notamment dans la capitale où on s’est baladé et on a fait du shopping. Et mangé dans les petits restos locaux.

Les conditions d’entraînement, c’est comment ?

On a un synthétique et un terrain en herbe à notre disposition, qui sont côte à côte. Mais pour l’instant, on ne s’est jamais entraînés sur le synthé. L’herbe est un terrain de bonne qualité. On a aussi une salle de muscu à disposition, une salle de kiné. En terme de qualité, ça ressemble à ce que j’ai pu connaître à Clermont-Ferrand.

Et financièrement, c’est l’affaire du siècle ?

Ici, ce n’est pas des gros salaires, mais il y a plein d’avantages, comme la nourriture. On a un appartement de fonction, une voiture aussi. S’il y a des réparations à faire sur la voiture, c’est le club qui s’en charge. L’électricité, l’eau, c’est le club qui paie. Après, honnêtement, c’est pas l’argent qui était le premier facteur pour moi. Mon but, c’était de me relancer, de montrer que je n’étais pas fini et que j’avais encore ma place dans le monde professionnel. C’était surtout ça le premier facteur. Le reste, c’est du bonus. S’il y a plus d’argent après, ce ne sera que du bonus. Le plus important, c’est de jouer, d’avoir des stats et de prouver aux gens que je suis encore là. Je suis vraiment bien ici. Je suis dans de bonnes conditions pour pouvoir me relancer.

On te sent parfaitement épanoui dans cette équipe. On se trompe ?

Non, c’est vrai que je me sens bien. Il y a une bonne ambiance dans l’équipe, je suis très pote avec certains. Il y a le petit 7, Rudi… Ah, son nom de famille, c’est imprononçable. Pronssa, un truc comme ça (Požeg Vancaš en fait, ndlr). Je le vois souvent en dehors lui. Alen Ožbolt, un jeune attaquant prometteur, aussi. On essaie toutes les semaines de faire une sortie avec tout le monde, bowling, paintball, karting. La dernière fois, on a été à la fête foraine car il y en a une ici actuellement. On essaye de varier les activités et de faire autre chose en dehors du foot. C’est pas mal. Ça nous arrive de jouer au poker aussi.

Toi qui as tout connu en France, du foot amateur jusqu’à la Ligue 1, comment juges-tu le niveau en D1 slovène ?

Je ne m’attendais pas à un niveau élevé comme celui-là. Je pensais que ce serait plus facile. C’est un football assez rugueux, avec beaucoup d’intensité, y a beaucoup de duels, mais c’est technique et tactique à la fois. C’est très surprenant. Y a pas beaucoup de temps morts. C’est vraiment intense à chaque fois. Le meilleur club du pays, c’est Maribor, qui est connu et qui se défend très bien en Ligue des champions. On a pu le voir contre Chelsea ou Schalke. C’est le meilleur club en Slovénie. Après, il y a le club de la capitale, l’Olimpija Ljubljana, qui a un meilleur budget que nous et qui est pas mal. La star du championnat, c’est (Marcos) Tavares, l’attaquant et capitaine de Maribor. Ça fait un paquet d’années qu’il est ici et il marque quasiment à chaque match (6 buts en D1 au 19 novembre). C’est un très, très bon joueur.

De ton côté, tu t’en sors pas mal aussi. On t’a ainsi vu marquer un super but il y a quelques jours…

On recevait Radomlje pour le derby, car en fait, cette équipe joue dans notre stade quand elle évolue à domicile. J’ai eu la chance, c’est vrai, de pouvoir marquer un beau but sur un bon ballon de mon coéquipier Josh Parker. J’ai pas trop réfléchi et j’ai tenté ce geste. Ça m’a souri. Tant mieux. J’ai retrouvé ma forme physique et le rythme depuis quelques semaines. Ça me permet de pouvoir enchaîner les matchs. Je me sens beaucoup mieux et je peux aider au mieux l’équipe.

Ton dernier match avec Caen en Ligue 1 remonte au 7 mai 2011 (1-1 contre Lens, ndlr). Ça te paraît si loin que ça ?

Pas forcément. Je suis quasiment le même joueur qu’à l’époque de Caen. Le mental est un peu plus solide. Mes débuts avec Caen n’avaient pas été si mauvais que ça. J’avais fait de bons matchs, mais l’année d’après, je n’avais pas eu de temps de jeu alors que, pour moi, je n’étais pas plus mauvais. J’ai fait le choix de partir ensuite à Clermont-Ferrand pour un contrat de six mois. Je ne regrette pas, car j’ai eu du temps de jeu, j’ai marqué mes premiers buts en professionnel. C’est aussi de bons souvenirs. Je regrette juste qu’ils ne m’aient pas prolongé en fin de saison, car j’aurais mérité un an de plus, au moins. On s’était mis d’accord au mois d’avril pour qu’ils me disent s’ils me gardaient et ça a traîné et, au final, je l’ai appris lors du dernier match à domicile, dans l’après-midi. C’est un peu moyen. Je suis parti de là-bas alors qu’ils m’avaient diagnostiqué une entorse au genou et, en fait, c’était le ménisque, donc j’ai perdu du temps. Y a des clubs qui voulaient me mettre à l’essai et je n’ai pas pu y aller, car je devais me faire opérer. Je me suis retrouvé à Amiens en catastrophe.

Et Amiens, ce n’est pas un bon souvenir. Tu peux nous raconter ?

J’ai été licencié pour faute grave. J’ai été viré en fait. Je n’étais pas content de mon temps de jeu. Les gens disent que j’ai agressé le président d’Amiens, mais je ne vois pas pourquoi j’aurais agressé quelqu’un qui ne décide pas du temps de jeu. S’il y avait une personne contre qui je pouvais ne pas être content, c’était le coach, donc je pense que c’est une histoire dont ils se sont servis pour peut-être enlever un joueur qui avait un bon salaire pour eux en National. Ça a été dur pour moi quand même. J’ai été laissé de côté par beaucoup de monde, des agents, les personnes qui s’occupaient de mes finances, des trucs comme ça. Vous pouvez demandé au coach ici, il n’y a jamais eu de problème avec moi ici. J’ai toujours travaillé, dit oui à ce que l’on me demandait. Le fait de faire un article et qu’on parle de moi en France, c’est un réel plaisir. Une fierté.

Et après Amiens, tu es encore descendu de plusieurs étages.

Je suis revenu dans ma région et j’ai fait les quatre derniers mois avec Bayeux. Ensuite, j’ai signé à Granville, où on a fait une saison extraordinaire, avec 0 défaite, 21 victoires, 5 matchs nuls. On a pris 9 buts dans la saison, c’est dingue. Avec un groupe de qualité. Un groupe qui vivait bien, avec des anciens pros : Jérémy Aymes (formé à Lyon, passé pro à Istres), Tommy Untereiner (ex-Istres). Y avait des joueurs de qualité. Je suis le seul départ de cette épopée. L’effectif est resté le même, à part peut-être un attaquant. Je les ai souvent au téléphone. On s’écrit régulièrement avec le coach, Johan Gallon. C’est lui qui m’a remis d’aplomb physiquement, mentalement. Après Amiens, je n’avais plus trop la tête à jouer au foot. Il m’avait mis capitaine. Il croyait vraiment en moi. J’ai essayé de le lui rendre sur le terrain. C’est vraiment quelqu’un de bien.

Un retour en France, c’est possible ?

Je me sens bien en Slovénie. Je ne tire pas un trait sur la France, car on ne sait pas de quoi demain sera fait, mais je ne vois pas comment je pourrais revenir en France. Si j’ai l’occasion, on réfléchira à ça. Je préfère m’éclater à l’étranger, prendre du plaisir et découvrir de nouvelles choses pour le moment.
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Par Tanguy Le Séviller

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