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« Avoir les gens de Liverpool derrière nous et sur le terrain »

Par Nicolas Jucha
9 minutes
« Avoir les gens de Liverpool derrière nous et sur le terrain »

En début de saison prochaine, le City of Liverpool FC doit disputer les premiers matchs de son histoire en 10e division anglaise. Né de la volonté de rendre le football de haut niveau aux classes populaires de Liverpool, le COLFC se veut ouvert aux supporters de Liverpool FC comme à ceux d'Everton. Son président et co-fondateur Paul Manning nous explique le projet.

En quelques mots, c’est quoi le City of Liverpool FC ?Au Royaume-Uni, c’est le seul club de football « non aligné » , « non phénix » (avec pour but de recréer un club disparu, comme à Wimbledon, ndlr) et « non protestataire » contrôlé par des fans. La plupart des clubs fondés et possédés par des supporters au Royaume-Uni le sont dans un but de protestation, comme le FC United of Manchester, pour recréer une équipe qui a disparu ou pour s’aligner avec une équipe de haut niveau. On est uniques dans ce sens où l’on existe essentiellement pour les supporters de Liverpool ou d’Everton pour qui la Premier League est devenue trop chère, on est là pour leur donner une nouvelle alternative plus accessible pour voir du football au stade.

Le choix du violet, c’est un mélange volontaire entre le bleu d’Everton et le rouge du Liverpool FC ?Le violet, c’est la couleur associée à la ville de Liverpool. Le City Council est violet, nos documents officiels sont violets. C’est une pure coïncidence que le violet soit un mélange possible du bleu d’Everton et du rouge de Liverpool FC. On a choisi cette couleur, car on veut être le club de l’ensemble de la ville de Liverpool.

Quand avez-vous pensé la première fois à fonder un nouveau club à Liverpool ?Les racines de notre club remontent à 2009, mais les vraies discussions entre les trois fondateurs du club ont commencé en septembre 2014, avec Peter Furmedge, Stuart Fitzgerald et moi-même, aujourd’hui membres du comité exécutif du club.

Notre taille va dépendre de ce que les habitants de Liverpool veulent faire du club

Vous avez mentionné 2009, que s’est-il passé à l’époque pour vous donner l’envie de créer un nouveau club à Liverpool ?Les propriétaires du Liverpool FC de l’époque, Tom Hiks et George Gillett, nous ont donné envie de créer un club alternatif, puis avec le temps, on s’est dit qu’il fallait créer un club pour tout le monde à Liverpool, pas seulement pour les supporters de Liverpool ou ceux d’Everton. Un club sans histoire, affilié à aucun autre, et capable d’accueillir quiconque comme nouveau supporter.

Avec l’espoir un jour de devenir le troisième grand club de la ville ? Personnellement, je pense que City of Liverpool FC va devenir aussi grand que la ville le désire. Si le public de la ville veut un troisième club professionnel, on peut le devenir. On a mis en place des infrastructures pour pouvoir grandir rapidement. Mais si les gens de Liverpool se disent qu’un club semi-professionnel suffit, c’est à ce niveau que nous allons nous arrêter. Notre taille va dépendre de ce que les habitants de Liverpool veulent faire du club. On va commencer la saison prochaine au 6e niveau non professionnel anglais, ce qui est la 10e division en Angleterre après les quatre divisions professionnelles et les six divisions semi-professionnelles. On va partir avec un budget opérationnel de 35 000 pounds pour l’année (environ 45000 euros, ndlr). Everton et Liverpool sont à plusieurs centaines de millions d’euros… (Liverpool a un budget évalué à plus de 300 millions d’euros selon une étude du cabinet Deloitte, ndlr).

L’entraîneur, Simon Burton, vient de débarquer. Comment s’est organisé son recrutement ?On a mis une offre d’emploi en ligne, on a reçu 19 candidatures sérieuses qu’on a réduites à 5 personnes reçues en entretien. On avait prévu de faire un second tour d’interview, mais Simon Burton nous a interpellé durant l’entretien, car il concordait exactement avec ce que nous cherchions : des ambitions comparables aux nôtres, une expérience conforme à nos besoins. Il a la chance d’arriver avec une totale liberté dans le choix de ses hommes. On lui laisse totale liberté dans les choix sportifs, la gestion des joueurs, et nous au comité, on va se contenter de le soutenir. Il prend les décisions footballistiques, je m’occupe du reste, c’est simple. Son job, c’est de nous faire gagner des matchs, car ce club de foot doit être un club qui gagne.

Ne nous présentez pas comme les alter egos de Jean-Marie Le Pen, car on est des socialistes.

Et il faudra certaines valeurs avec la victoire ?On veut que l’équipe incarne la fierté et l’identité de Liverpool. Cette ville a produit des milliers de très bons footballeurs de niveau amateur, des centaines de footballeurs professionnels et autant d’entraîneurs professionnels. Notre ville est un foyer de football en Angleterre, au même titre que les villes comme Manchester, Newcastle, mais aussi Londres, qui est pourtant largement plus grande question population. Notre ville est fière de son football. Le style de jeu de notre équipe, ce ne sera pas de mon ressort, mais il faut qu’il y ait de la passion, un esprit de compétition et un engagement total pour offrir à la ville une équipe compétitive.

Ce qu’il se passe avec City of Liverpool FC, c’est un enjeu national ?On est en contact avec des groupes à Sheffield et Newcastle, qui voient d’un bon œil le développement d’équipes représentant toute une ville à l’échelon semi-professionnel. En Angleterre, le football semi-professionnel est pour le moment réservé aux petites villes et aux villages. Vous ne trouverez pas réellement un club représentant une grande métropole à ce niveau. On s’attend à ce que certains cherchent à nous imiter, et si c’est le cas, on les aidera. Comme on a pu avoir de nombreuses interactions avec le FC United of Manchester ou d’autres clubs qui partagent nos visions politiques. Mais on n’a pas encore pris l’initiative de contacter des clubs à l’étranger.

Pour faire simple, vous avez créé le City of Liverpool FC parce que les supporters « traditionnels » sont poussés hors des stades par la hausse des prix des tickets en Premier League ? D’une certaine manière, c’est ça, mais on n’a pas créé City of Liverpool FC pour les gens de ma génération. Je suis dans la quarantaine, j’ai été capable d’aller au stade, de voir mon équipe gagner des titres. On fait ça pour les générations futures. Pour mes fils et les enfants des autres personnes engagées dans ce projet. C’est pour toutes les personnes qui ne pourront pas aller à Anfield ou Goodison Park dans les dix prochaines années. Le but, c’est que les gens de Liverpool aient encore la possibilité d’aller voir les matchs d’un club local, avec des joueurs locaux, au plus haut niveau.

C’est une manière de lutter contre l’internationalisation du public de la Premier League, avec des places de stade achetées au prix fort par des touristes étrangers ?Oui, mais je ne veux pas que vous écriviez ou me fassiez dire quelque chose qui irait contre nos intérêts. On n’a pas de problèmes avec les étrangers, mais si je simplifie, cela concerne la globalisation de notre football de haut niveau. Naturellement, cela a mené à l’exclusion des supporters des classes populaires. Ne nous présentez pas comme les alter egos de Jean-Marie Le Pen, car on est des socialistes.

On a bien compris, vous n’avez rien contre les supporters étrangers, c’est le déséquilibre aux dépens des supporters « traditionnels » , évincés des stades qui vous émeut… C’est absolument ça, l’équilibre s’est rompu. Il y a de plus en plus de place pour les supporters « riches » , et de moins en moins de place pour les supporters de base, ceux qui normalement génèrent l’atmosphère du stade. Ils ont été sacrifiés sur un modèle purement capitaliste.

En 1979, pour mon premier derby à Goodison Park, mon oncle a payé 2,40 pounds.

C’est quoi la garantie de ne pas voir City of Liverpool FC tomber dans ce modèle « capitaliste » si jamais vous atteignez la Championship ou la Premier League ? Votre statut de Community Benefit Society ? (système qui interdit de distribuer les bénéfices aux actionnaires, mais contraint à un réinvestissement dans la structure existante, ndlr) (Rires) C’est une manière parmi d’autres de préserver notre but originel. En tant que supporters, nous sommes une démocratie. Il est possible que dans les années à venir, notre démocratie emmène le club dans une direction différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Mais je peux garantir que le club restera la propriété des supporters et non une propriété privée. Si on est pour arriver au plus haut niveau du football anglais, on devra le faire avec notre démocratie et les décisions prises par les supporters.

Personnellement, vous êtes supporter d’un des deux grands clubs de Liverpool ?Je supporte Liverpool FC depuis mes quatre ans. J’ai donc 44 ans de pratique comme supporter et j’ai vu pas loin de 100 derbys à Anfield ou Goodison. Mon premier, c’était en 1979, à Goodison Park, Everton avait gagné 2-1. Mon oncle m’avait emmené avec mon cousin. Lui supporter des Blues, mon cousin et moi-même supporters des Reds. Il a dû payer 2,40 pounds pour chacun de nous. Pour le derby de cette semaine à Anfield, je pense que le billet le moins cher est à 42 pounds. L’augmentation est bien supérieure à l’inflation des prix, car si ce n’était que pour l’inflation, le billet serait à environ 25 pounds. Le prix des billets en Premier League a augmenté deux fois plus vite que l’inflation.

Vous continuez de regarder et supporter Liverpool aujourd’hui ?Oh yes ! J’ai investi 44 ans de mon existence dans Liverpool FC, j’aime ce club et je suis les matchs de Premier League. On ne demande à personne d’abandonner ou de renoncer à Liverpool FC ou Everton, simplement de supporter quelque chose en commun. Supporter Liverpool ou Everton n’est pas incompatible avec l’implication dans le City of Liverpool FC.

Vous avez dû vous régaler lors du match contre le Borussia Dortmund ?C’est la magie de Liverpool FC, associée au charisme de Jürgen Klopp. Il y a un futur brillant qui attend ce club. J’ai connu de nombreuses rencontres avec ce type d’émotions, la première remonte à 1977 contre Saint-Étienne. On avait perdu 1-0 là-bas avant de remporter le retour 3-1. C’est mon premier grand souvenir européen. Mais il y en a eu tellement depuis, notamment la victoire en Coupe d’Europe 1984 contre la Roma, dans leur stade. Si on remet ce match dans son contexte, c’est comme battre aujourd’hui le Bayern Munich, le Barça ou le Real Madrid en finale de la Ligue des champions dans leur stade. Et bien sûr, ce come-back en 2005 à Istanbul. Tellement de bons souvenirs, c’est la magie de notre club.

C’est pour préserver cette magie, imposer une mémoire, que vous avez créé City of Liverpool FC ? Oui, pour préserver la fierté des gens de Liverpool en leur football. Quand on a réalisé nos premiers exploits européens, même lorsque l’on a gagné la Coupe d’Europe en 1984, Liverpool était un club largement soutenu par la population locale. Cela a beaucoup changé depuis, Liverpool a désormais une base de supporters internationale, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Mais on veut recréer, préserver cette fierté locale, et le City of Liverpool FC est en mesure de le faire.

Si un jour Liverpool FC ou Everton vous tendent la main pour un partenariat…Pour le moment, on pense que ce ne serait pas une bonne idée d’obtenir l’aide de Liverpool FC ou d’Everton. On veut créer notre propre identité, on doit se tenir « seuls » . On espère devenir un club qui soit la fierté de la ville, avec les gens de Liverpool derrière nous, des gens de Liverpool sur le terrain. C’est ça le projet que l’on met en place.

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