- Foot féminin
Avignon chavire pour ses filles
Seul club de district encore en lice en Coupe de France, l’AC Avignon affrontera Le Puy Foot 43 Auvergne (D2) en 32es de finale de Coupe de France le 10 janvier. Rencontre avec des Vauclusiennes pleines d'espoir.
Elles ont créé l’exploit le jour d’une élection. Nous sommes le dimanche 13 décembre 2015. C’est le second tour des régionales. En s’imposant dans le Vaucluse, une femme répondant au nom de Marion Maréchal Le Pen est passée tout près de prendre la tête en PACA. Non loin de bureaux de vote vides (42,92% d’abstention en Avignon), la tribune du stade Dulcy regorge de supporters venus encourager les filles de l’AC Avignon qui, par leur métissage et leur envie, symbolisent alors l’ouverture d’esprit dont manque cruellement le Vaucluse, cette vallée clause. L’ouverture du score est pourtant pour les joueuses de DH de Saint-Cyprien. Victoire 2-1. « C’était extraordinaire, raconte Sarah Ergoug, milieu de terrain. On se prend un but au bout de deux minutes de jeu. Mais on était tellement solidaires et motivées que nous avions envie de faire un truc. Au final, on gagne le match. C’était une joie immense et un gros soulagement quand l’arbitre a sifflé la fin. »
Trois entraînements par semaine
Une victoire avec les tripes qui ne laisse rien au hasard. Cette année, les joueuses de Christophe Cattelain, major de promo pour l’obtention de son DEF, sont passées à trois entraînements par semaine. Elles sont une moyenne de vingt à chaque entraînement. Et huit d’entre elles sont en section sportive à Carpentras. « Les filles se sentent de mieux en mieux en matière de condition physique. On fait beaucoup de jeu, de façon à rendre les séances ludiques. Pour faire en sorte qu’elles persévèrent dans cette assiduité lors des séances. Ce dernier match est le plus abouti. C’était un match complet si on enlève les premières minutes et quelques minutes sur la fin où on tremblait un peu. » Dirigeante depuis la création de la section féminine il y a cinq ans, Geneviève Agloud confie elle aussi son euphorie : « Cela pouvait basculer d’un côté comme de l’autre. C’était rempli d’émotions. J’ai participé à l’élan de cette équipe, c’est fabuleux de les voir gagner aujourd’hui et cette envie qu’elles ont pour tout donner. »
« Ne pas être ridicules »
En janvier, elles s’attaqueront à un gros morceau. Le Puy, un club de D2 qui a terminé l’exercice précédent à la 3e marche du podium, sera leur adversaire. Il va falloir être solides. « Mes joueuses voudront faire le nécessaire pour ne pas être ridicules, assure Christophe Cattelain. Donc si on ne se prépare pas sérieusement, on peut être ridicules, ce qui serait stupide. » Des jeunes femmes qui, pour la plupart, se connaissent depuis l’enfance, le quartier, l’école. Une vraie bande de « filles intelligentes » , dixit le coach. « Il y a beaucoup de choses qui se vivent de l’intérieur. Elles font en sorte qu’il n’y ait pas de problèmes qui puissent naître à l’intérieur du groupe. Il y a eu des moments où cela aurait pu vriller, mais elles sont restées soudées. Chacune est responsable. Le brassard circule à chaque match. » Invaincues en championnat, ces Avignonnaises ne tarderont pas à atteindre le niveau DH. Au tour de Justine Bernard, la capitaine en Coupe, de conclure : « Il y a beaucoup de nouvelles, mais on trouve les automatismes. Nous avons un vrai esprit d’équipe. Nous étions euphoriques. On était vraiment dans le match, il faudra s’en servir pour la suite. Toujours se pousser pour réussir. » Les recettes du succès sont là. Il faudra maintenant continuer de les appliquer.
Par Florian Dacheux, en Avignon