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Aux racines du printemps allemand

Par Ali Farhat et Maxime Marchon
Aux racines du printemps allemand

C'est l'histoire d'un pays qui, dans les années 2000, chute de quelques étages dans la hiérarchie du football européen. Le pays, au fur et à mesure de sa chute, se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien. Car au fond, il sait que ce qui est important, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage. Normal, on parle d'un peuple en guenilles en 45 et aujourd'hui au sommet de l'Europe. Un peuple capable de se relever des pires humiliations, mêmes sportives.

Pas un seul dernier carré de C1 à se mettre sous la dent pendant 7 ans (de 2003 à 2010). Pour un pays comme l’Allemagne, ça fait tâche. Dans une compétition un peu plus homogène comme l’Europa League, ce n’est pas aussi marquant (Schalke est en demies en 2006, le Werder en 2007), mais les faits sont là : une fois le bug de l’an 2000 passé, l’Allemagne du football est perdue. Alors oui, il y a eu ces « chants du cygne » , le sacre du Bayern en 2001, puis la finale du Bayer Leverkusen en 2002, mais le mal est plus profond. La Nationalmannschaft dégoûte : humiliée lors de l’Euro 2000, elle se hisse n’importe comment en finale du Mondial 2002, avant de se recasser la gueule lors de l’Euro 2004. Les performances des clubs les années suivantes s’inscrivent dans la logique. Mais les Allemands sont malins : ils avaient anticipé cette chute et avaient commencé à bosser dessus.

Espionnage industriel en France

« Ça a commencé à la fin des années 90, quand les Allemands ont commencé à avoir ce qu’ils appellent de mauvais résultats lors des compétitions internationales, éclaire Valérien Ismaël, exilé depuis 10 ans outre-Rhin et aujourd’hui entraîneur des U23 de Hanovre. Ils sont allés voir ce qui se faisait en France, pour comprendre pourquoi elle avait gagné le Mondial 98, et ils ont vu qu’il y avait des tas de centres de formation. Donc ils ont fait la même chose. On connaît les Allemands : quand ils font quelque chose, ils le font bien. » Gernot Rohr, arrivé à l’Eintracht Francfort à cette période en qualité de directeur technique, a vécu de l’intérieur cette remise en question : « La Fédération allemande a imposé à tous ces clubs d’avoir unInternat, centre de formation. Elle a même élaboré une charte pour inciter au travail en profondeur de la formation des jeunes, le fait qu’il y ait des coachs dédiés, qu’ils aient leurs propres terrains, des diplômes spécifiques, etc. » Et d’ajouter : « Pour vous dire le retard, à l’époque où je suis arrivé à Francfort, on jouait encore à l’ancienne, avec un marquage individuel en défense ! »

Du public pendant la traversée du désert

Après, il ne faut pas croire que les Allemands reviennent de nulle part non plus. Outre-Rhin, le football est toujours resté le sport-roi. « Bien sûr, on s’intéresse aussi à l’athlétisme, mais les autres sports collectifs comme le handball ou le basketball n’ont pas le même rayonnement que le football. Il n’y a pas une région où le football n’est pas le sport numéro un, alors qu’en France par exemple, c’est le rugby qui domine dans le Sud-Ouest » , explique Gernot Rohr. C’est là qu’intervient le poncif des stades pleins. Là où un club comme Bordeaux affiche cette année 10 000 personnes en moins par rapport à l’année du titre, en Allemagne, rien, absolument rien ne pourra dissuader un supporter de ne plus aller au stade. Surtout pas les mauvais résultats. « Les gens payent pour voir du spectacle, ce qui est quasiment assuré quand on se rend au stade. Il suffit d’écouter les causeries d’avant-match : les entraîneurs jouent pour gagner, pas pour assurer un pauvre match nul. En Allemagne, on préférera toujours un 4-3 ou un 5-4 qu’un 0-0 » , ainsi parle Valérien Ismaël. Le constat est encore plus criant depuis le Mondial 2006, où il est globalement devenu moins évident de se procurer des billets pour assister à un match de première, voire de deuxième division. La base, c’est-à dire les infrastructures et les supporters, était déjà présente. Ne restait plus qu’à intégrer les jeunes pousses en équipe première.

Carsten Ramelow, 50+1 et prix coûtant

« L’Allemand est ambitieux, poursuit l’ancien défenseur au bouc du RC Strasbourg.Quand il a un problème, il fait une analyse. Il essaye de comprendre ce qui ne fonctionne pas. Puis il cherche des solutions. Quand il les trouve, il les applique. Et, une fois arrivé à son but, il veut rester là où il est. » Quitte à prendre quelques risques (calculés, évidemment, ce sont des Allemands, hein). Car c’est un risque que de faire jouer des enfants dans la cour des grands. Seulement, beaucoup de clubs n’ont pas eu le choix. La rigueur et les exigences économiques qui prévalent outre-Rhin – et notamment la loi du 50+1, qui interdit à un investisseur étranger d’avoir plus de 49% des parts d’un club – obligent les clubs qui ne roulent pas sur l’or à trouver d’autres parades que celle de recruter à prix coûtant des stars qui risqueraient de creuser un trou sans fond dans leurs finances. « Il y a des équipes qui sont obligées de faire jouer des jeunes, du fait de leur situation financière. Fort heureusement, il y en a pour qui ça marche pas mal » , constate l’emblématique Carsten Ramelow. Il ne fait aucun doute que l’actuel vice-président du syndicat des joueurs de Bundesliga fait référence au Borussia Dortmund qui, après avoir failli disparaître au milieu des années 2000, a fini par se relever grâce à ses jeunes. Marco Reus, Mario Götze ainsi que Julian Draxler dans la Ruhr, mais aussi Thomas Müller (surhomme du match contre Barcelone), voire Holger Badstuber en Bavière, par exemple.

Black-blanc-turc

En outre, les mentalités ont évolué, le style de jeu aussi. Au XXIe siècle, les Germains se sont rendu compte que d’autres peuplades avaient élu domicile dans leurs contrées. « Les Allemands ont aussi « copié » l’esprit black-blanc-beur des Français, c’est pourquoi on trouve des Özil et des Khedira en équipe nationale maintenant » , note Ismaël. Une ouverture d’esprit nouvelle à l’intérieur du pays, bien qu’on ait toujours aimé les étrangers en Bundesliga. Et dans les années à venir, le championnat allemand pourrait être l’objet de l’attention de tous, surtout si le fair-play financier entre en vigueur. « Concrètement, la force de la Bundesliga aujourd’hui, ce sont tous ces jeunes joueurs, avec des étrangers très forts, comme Ribéry, Robben, Raúl, Lewandowski ou Pizarro. De plus, les joueurs sont toujours payés à l’heure ici. Je pense que si les joueurs vont généralement en Angleterre pour l’argent, pour l’ambiance aussi, mais désormais, s’ils doivent en partir et continuer à progresser, la Bundesliga est une bonne adresse » , constate Carsten Ramelow. L’Allemagne, nouvelle corne d’abondance ? « Chaque grosse équipe de Bundesliga a au moins 2-3 joueurs à proposer à l’équipe nationale, c’est génial, se réjouit Ismaël. Le football allemand s’est mis sur une voie royale. Le vivier de jeunes joueurs qu’ils possèdent semble inépuisable. Au moins pour les cinq années à venir… » Des jeunes qui joueront le marquage en zone.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Ali Farhat et Maxime Marchon

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