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Aulas et Nicollin, copains d’abord

Par Christophe Gleizes
Aulas et Nicollin, copains d’abord

Lyon contre Montpellier, c'est avant tout Jean-Michel Aulas contre Louis Nicollin. Deux monstres sacrés que tout oppose, des résultats à la personnalité, et qui sont pourtant liés par une amitié farouche depuis l'arrivée du premier en Division 1, il y a maintenant vingt-sept ans. Portraits croisés.

Qu’on se le dise, Jean-Michel Aulas n’est pas un ingrat. « L’OL a souhaité tout mettre en œuvre pour accéder à la demande de Loulou et de son fils Laurent pour que le match se joue à Gerland » a-t-il expliqué cette semaine, exauçant les souhaits de son homologue du MHSC suite à l’inondation du stade de la Mosson. Un beau geste, comme on en fait entre amis. Il faut dire qu’entre les deux hommes, les relations sont plus que cordiales. Ces deux monstres sacrés, rares présidents en activité à avoir connu la D1, entretiennent une relation complice et privilégiée au sommet du football français depuis près de trente années. En poste depuis 1974, Louis Nicollin a vu débarquer Jean-Michel Aulas et ses costumes bien taillés en 1987. A priori, pas le genre de la maison, mais les deux hommes ont appris à se découvrir et à s’estimer. L’occasion d’un petit duel musclé en dix points pour juger qui est le véritable boss.

La personnalité pour Loulou

« Ce sont deux personnes très différentes, avec peu de points communs. L’un est exubérant, l’autre intériorise beaucoup. L’un est un bon vivant, l’autre fait attention à sa ligne. Une fois, j’ai été reçu par Loulou qui sortait d’une cure de régime à Lili-les-bains, il avait perdu je sais plus combien de kilos, il était tout content. Et là, à la fin du repas, il arrive et me sort une énorme boîte de chocolats, qu’on s’est tapée à deux » témoigne d’entrée Jean-Claude Plessis, qui a eu tout loisir de découvrir les deux hommes lors de ses neuf années passées à la tête de Sochaux. « Ce sont deux styles complètement différents, mais oui, ils sont amis ! Et pourquoi pas ? Ça n’a rien à voir. En amitié, on n’a pas besoin de personnes identiques, c’est l’altérité qui est intéressante. » Parce qu’il faut vraiment trancher, Jean-Claude accepte cependant de dévoiler où son cœur balance : « Loulou, c’est un homme pour lequel j’ai beaucoup d’affection, il est parfois un peu excessif, mais c’est un type bien. En tout cas, quand j’ai la nostalgie du foot, ce ne sont bizarrement pas les matchs, mais des hommes comme eux qui me manquent. »

La passion pour Jean-Mich’

Ancien international français, Pascal Baills se souvient d’un président passionné : « Louis a une forte personnalité, c’est quelqu’un qui aime son club et ses joueurs. Il peut avoir des réactions parfois excessives, mais c’est plus du dépit amoureux, comme il peut être généreux quand on lui fait plaisir. » Au point de se faire une crête abominable pour fêter le titre de champion. « Ce sont deux hommes particulièrement impliqués dans leurs projets. Leur passion pour le foot et leur club, c’est le secret de leur longévité ! » renchérit Jean-Claude Plessis, qui souligne néanmoins l’incroyable capacité qu’a Jean-Michel à ne jamais décrocher : « C’est un acharné de travail qui bosse tout le temps, toujours au téléphone. Un jour, on était en vacances à Saint-Tropez, il a reçu un coup de fil de sa cellule de recrutement. C’était pour recruter Louisa Necib. Il a appelé la joueuse – très mignonne au demeurant – et lui a dit « Je t’attends, tu viens à Saint-Tropez avec ton agent. » À l’époque, Lyon, ils n’avaient pas gagné la Coupe d’Europe, l’équipe était en train de se monter… Voir que ce type fait ça pendant ses vacances alors que le football féminin c’était vraiment peanuts à l’époque, c’est révélateur. »

L’influence pour Jean-Mich’

Pascal Baills aime le rappeler : « Sans Nicollin, il n’y aurait pas de foot à Montpellier » . Décisifs, les deux hommes n’ont néanmoins pas la même sphère d’influence. « Louis Nicollin est beaucoup plus focalisé sur Montpellier et sur son club » poursuit Jean-Claude Plessis, avant d’ajouter : « Outre son rayonnement avec l’OL, Jean-Michel est davantage dans la cause commune, c’est un dirigeant très influent et très écouté du football français. Il connaît les dossiers mieux que personne ! » Le président rhodanien se révèle en outre plutôt bon pour faire passer ses idées : « Je me souviens de réunions homériques à la ligue, il est au courant de tout et a souvent le dernier mot. » Toujours fair-play, Loulou reconnaît sa défaite sans trembler : « Après Jean-Michel, un rigolo qui s’estimera plus fort que lui va arriver, et l’OL va couler. »

Les méthodes pour Loulou

Omniprésents, Jean-Michel et Loulou tiennent à participer à chaque décision. « Jean-Michel délègue plus, mais il contrôle toutes les affaires » se souvient Plessis, qui note que les deux hommes ont su s’entourer. Bernard Lacombe en fidèle conseiller d’un côté, Michel Mezy et Bruno Carrotti de l’autre. En bon gardien des traditions familiales, Louis Nicollin se repose aussi de plus en plus sur son fils Laurent, « qui n’est pas maladroit » . La véritable différence reste purement formelle, comme l’explique Pascal Baills : « Le fonctionnement n’est pas le même. Jean-Michel Aulas, c’est un président qui a des actionnaires, il est obligé de prendre en compte, alors que Louis Nicollin, c’est le seul et unique patron, c’est lui qui finance le club, obligatoirement c’est différent dans la gestion. Pour choisir un joueur ou un entraîneur, il n’a besoin de l’autorisation de personne. »

Les résultats pour Jean-Mich’

Forcément, on ne part pas à armes égales. « Montpellier n’a pas les moyens de Lyon, mais ce que Nicollin réussit, c’est très honorable. Il a gagné le titre au bon moment » assène Jean-Claude Plessis, bientôt complété par Pascal Baills : « Le titre de champion, c’est un aboutissement, mais il n’y a pas eu que ça. Quand il a pris le club en 1974, c’était un club de quartier qui jouait en DH, il y a eu toutes ces accessions en divisions supérieures qui sont autant de moments historiques. La victoire en Coupe de France en 1990 aussi ! » Mais bon, en face, Jean-Michel pèse quand même très lourd avec ses 7 championnats et ses 17 participations à la Coupe d’Europe d’affilée. « Précurseur et visionnaire » selon son ancien joueur David Linarès, le président de l’OL remporte le point, même si Loulou n’est pas impressionné : « Jean-Michel Aulas m’a toujours copié : sur les féminines en créant une équipe, sur les entraîneurs en faisant appel à d’anciens joueurs… Il ne nous a rien appris ! Oui, Lyon est un exemple, mais pas pour tout. Je ne serai jamais en Bourse. Notre centre de formation est bien et nous avons des jeunes qui réussissent aussi. »

Les études pour Jean-Mich’

Si Louis Nicollin se décrit comme un ancien « fils à papa » , dont il a hérité de l’empire, il a en réalité été élevé à la dure. Son père, à la tête du nettoiement des marchés alimentaires de Lyon, lui faisait ramasser les déchets pendant son adolescence. « Ça m’a appris ce que c’était que le boulot, de prendre sa douche avec des mecs, de dire des conneries » , témoigne-t-il bien des années après. Entre deux anecdotes, Loulou se souvient néanmoins d’un passé de « branleur patenté » , qui l’a amené à rater trois fois son bac à cause de trois zéros en français, pour avoir à chaque fois raconté un match de football à l’écrit. L’école, visiblement pas un problème pour Aulas, fils d’un professeur de lettres et d’une professeur de mathématiques. Étudiant en informatique puis en gestion, il décroche un BTS et une licence avant d’être élu délégué de l’UNEF, ce qui l’amène notamment à participer aux évènements de mai 68. À seulement 19 ans, il demande l’émancipation (la majorité est alors à 21 ans) pour fonder la Cegi, sa première entreprise, qu’il revend deux ans plus tard avec succès.

Les affaires pour Loulou

En 1983, Jean-Michel a fondé la Cegid (compagnie européenne de gestion par l’informatique décentralisée) qui compte aux dernières nouvelles plus de 2000 collaborateurs, 28 implantations en France et 13 filiales à l’étranger, pour un chiffre d’affaires total de 260 millions d’euros en 2013. Beau joueur, Louis Nicollin applaudit des deux mains : « La meilleure affaire que j’ai faite avec Aulas, c’est quand la Cegid est venue équiper la boutique du club. Le matériel marche super bien. J’espère qu’il me rendra la pareille en me donnant le ramassage des poubelles, quand il sera maire de Lyon. » Le patron de Montpellier n’a pourtant pas à rougir de la comparaison. Son entreprise de ramassage des déchets compte 34 filiales, plus de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires et 5000 salariés selon les besoins. De quoi l’emporter haut la main, même si forcément le respect existe entre entrepreneurs chevronnés : « En transferts, on vend parfois des chèvres à des cons. Mais il y a trop de respect entre nous pour nous refiler des chèvres. »

La communication pour Jean-Mich’

Duel de titans. À propos des saillies mythiques de Loulou, Pascal Baills joue la carte du naturel : « Niveau communication, disons qu’il est comme ça. S’il a quelque chose à dire, il le dit. S’il regrette après coup, il s’excuse. C’est quelqu’un de spontané, qui ne calcule pas ce qu’il dit en fonction des caméras ou des micros. » Moins sauvage, Jean-Michel Aulas reste néanmoins le boss de la communication made in Ligue 1. Jamais le dernier à défendre les intérêts de son club par petites piques ou polémiques bien placées, il s’est en outre récemment aguerri sur les réseaux sociaux, laissant Louis Nicollin et ses 71 ans sur le carreau : « Je pense que ça fait partie du mode de communication et d’échange. Quand on vise le grand public, on doit faire en sorte d’avoir non seulement le fond, mais la forme qui va avec. Ça fait partie d’une forme de modernité dans la communication. Je crois qu’on ne peut pas s’en exonérer quand on est dirigeant. »

Les gonzesses pour Jean-Mich’

Marié depuis plus de quarante ans à Colette, avec qui il a eu deux enfants, Loulou est un homme casé et heureux, qui ne se prive pas pour rappeler son passé de Don Juan à l’occasion. Tandis que le jeune Nicollin se « régalait avec les femmes » , Jean-Michel, divorcé en 1993, a eu moins de réussite avec les filles. Enfin, ça dépend quand même du terrain où l’on se place, comme le rappelle le président héraultais : « Là où Jean-Michel est meilleur, c’est qu’il nous a piqué toutes nos gonzesses. Quand on parle du championnat de France féminin, on parle toujours de Lyon, mais nous sommes les premiers à avoir « tapé dedans ». Il nous les a toutes piquées. » Il est là, le vrai PIMP.

La haine de Saint-Étienne pour Loulou

On pourrait croire que Jean-Michel, armé de sa Playstation, est le mieux placé pour triompher, mais il se trouve que Louis Nicollin vient aussi de Lyon. « Lyon, c’est ma ville, c’est là où j’ai grandi, là où j’ai tout fait. L’OL pour moi, c’est quelque chose d’accroché à mon cœur » , explique le concerné, toujours d’attaque quand il s’agit de critiquer les Verts. En novembre 2011, Loulou se permet même de ringardiser la vanne légendaire de Jean-Michel Aulas avec son franc-parler habituel : « Jamais Lyon n’a eu un président comme Jean-Michel Aulas. Il a quand même obtenu sept titres de champion de France d’affilée, qui ont fait fermer leur gueule aux Stéphanois ! Je le félicite. » Avant de dévoiler, dans un souffle, le fond de sa pensée : « Saint-Étienne n’est pas un grand club professionnel, c’est un ramassis de bons à rien. Ce sont des enfoirés. Avec ce Romeyer qui ne ressemble à rien, c’est un infâme. » Pour lui.

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