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Aubagne et la mort d’Adel Santana Mendy : le deuil avant la Coupe

Par Baptiste Brenot
Aubagne et la mort d’Adel Santana Mendy : le deuil avant la Coupe

Le 23 décembre dernier, Adel Santana Mendy, 22 ans, était tué par balle devant sa cité de la Méditerranée dans le 14e arrondissement de Marseille. Son club d’Aubagne, qui joue en 32es de finale contre Chambéry ce dimanche, doit maintenant apprendre à composer sans son attaquant fétiche.

Les supporters aubagnais étaient tombés sous son charme. Ils avaient même concocté un chant en son honneur, qui résonnait dans les travées du stade de Lattre-de-Tassigny. « Sur l’air de Susana, de The Art Company, les supporters chantaient« Santana, Santanaaa »… Et ça lui faisait très plaisir », se remémore avec émotion son coach à Aubagne, Mohamed Sadani. On ne sait si certains en étaient fous amoureux, mais le jeune Marseillais était quelqu’un qui faisait l’unanimité autour de lui.

Joueur attachant

La plaie est encore à vif. Difficile pour ceux qui l’ont connu de parler de lui au passé. « On a perdu un joueur très important et quelqu’un très aimé », déclare Mohamed Sadani, l’entraîneur de l’équipe fanion de l’AFC. Le 23 décembre dernier, Adel Santana Mendy est tué par balle. Le jeune homme n’avait pourtant rien à se reprocher, si ce n’est qu’il était en bas de chez lui, entre 22 et 23 heures, devant sa cité de la Méditerranée dans le Nord de Marseille. Il est malheureusement une nouvelle victime collatérale des règlements de compte qui gangrènent les quartiers populaires de la cité phocéenne, la 31e personne assassinée par balle en 2022 dans la région de Marseille. C’était son entraîneur qui avait poussé pour que son protégé le suive du côté d’Aubagne, alors qu’il quittait le Marignane-Gignac FC, où Adel l’avait déjà rejoint l’année précédente. Adel est quelqu’un d’attachant et de désiré : « Il m’avait suivi à ma demande, car on avait une très bonne relation, mais aussi car c’était un excellent footballeur. C’est quelqu’un qui, à mon avis, n’avait rien à faire en National 2. Je pense qu’il était parti pour, à terme, intégrer un club de Ligue 2, car il avait un vrai potentiel et avait été énormément sollicité les derniers mois. Il avait assimilé qu’il devait bosser, il avait des ambitions, cette année était une année tremplin pour lui. » Mendy est décrit par ceux qui l’ont vu à l’œuvre comme un joueur altruiste, ce qui pouvait porter préjudice à ses statistiques (4 buts en 13 matchs cette saison). Outre les chiffres, son évolution laissait présager de belles choses : « C’était un joueur technique, dribbleur, rapide. Puissant, très fort dans le duel. Il avait une force, une puissance naturelle énorme », renchérit Mohammed Sadani.

Adel, sa vie, c’était ses potes du quartier et le foot. Aubagne lui a permis de se structurer, de se calmer, et ils étaient contents de lui.

Le prisme émotionnel est central quand il s’agit d’évoquer le parcours du joueur. Comme lors de ses échecs, lorsque après deux années en centre de formation à l’Olympique de Marseille, il n’est pas conservé. Il décide alors de tenter sa chance à l’étranger, du côté d’Andorre, à l’UE Sant Julia, puis en Angleterre. Mais il revient vite au bercail, dans les quartiers Nord de Marseille. « C’était quelqu’un qui marchait à l’affectif, qui avait besoin d’être entouré et aimé », explique Nordine Ali Saïd, un journaliste qui l’avait rencontré au cours du tournoi inter-quartier marseillais de la H Cup, qu’il commentait. « Aubagne a tout fait pour le mettre dans un cocon. Dans les relations qu’il a traînées tout au long de sa carrière, l’affectif a beaucoup joué, explique-t-il. Adel, sa vie, c’était ses potes du quartier et le foot. Aubagne lui a permis de se structurer, de se calmer et ils étaient contents de lui. » Le jeune homme savait bien s’entourer, que ce soit avec son groupe d’amis, eux « qui ont fait toutes les démarches pour l’enterrement et qui le conseillaient pour sa carrière », ou par des éducateurs et entraîneurs rencontrés par le biais du football. Comme Mohamed Sadani, donc, mais aussi Monsieur Houssouni, qui l’a connu tout jeune au Sporting Club d’Air-Bel, où le joueur a évolué des U12 aux U15. Signe des relations fortes nouées avec ceux qui l’entouraient dans le monde du foot, l’éducateur était présent lors de l’enterrement en Algérie. Des amitiés qui guidaient sa carrière, ainsi que sa progression. Pour Nordine, ce sont même ces belles relations et cette faculté à se faire apprécier et à bien s’entourer « qui lui ont permis d’entrevoir une belle carrière ». Une carrière qui s’est hélas terminée de la pire des manières.

« On va tout donner pour sa mémoire »

Le club d’Aubagne FC va désormais devoir apprendre à faire sans Adel Santana Mendy. Une fin tragique, pour celui qui avait déjà perdu son père l’été dernier. Un contexte forcément difficile pour préparer un 32e de finale de Coupe de France, et espérer rééditer la performance d’il y a deux ans, où Aubagne avait franchi ce cap pour la première fois de son histoire, avant de s’incliner contre Toulouse à la maison, sans démériter (0-2). Dans ces conditions, compliqué d’être pleinement concentré sur cette échéance importante. « Quand on retrouve ses joueurs, ce n’est pas évident de leur en parler. Surtout quand on avait une relation si proche », confie Mohammed Sadani. Si Adel était particulièrement proche de son coach, c’était aussi le cas de beaucoup de joueurs, qui le connaissaient de longue date. Une situation difficile à gérer, comme l’explique l’entraîneur : « Chaque personne le vit différemment. Mon groupe est soudé, mais aussi très affecté. Beaucoup de joueurs étaient en pleurs à l’annonce de son décès, des membres du staff aussi. Tout le groupe, tout le club est affecté. » La grande émotion ne doit pas forcément faire oublier le sportif, comme il le rappelait pour BFM Marseille ce jeudi : « Je ne veux pas dire qu’on va jouer ce match pour Adel, non, on va jouer ce match pour passer en seizièmes. » Difficile d’aborder ce match pour un effectif marqué par le décès de son buteur et numéro 29. De plus, pas moins de trois joueurs sont suspendus et deux autres blessés. « On va essayer de lui rendre hommage, et pas qu’à ce match », promet son coach. Avant d’enchaîner : « On va tout donner pour lui, pour sa mémoire, pour sa maman. »

Pour aider sa famille endeuillée et notamment sa mère, tout le club s’est mobilisé pour faire de ce match un beau moment, qu’importe le résultat. Les supporters ont prévu une animation exceptionnelle en son hommage. Un feu d’artifice doit être tiré lors de l’entrée des joueurs sur la pelouse, le tout accompagné d’un craquage de fumigènes. Des T-shirts à l’effigie d’Adel Santana seront également portés par les joueurs et le staff à l’échauffement. Ces même T-shirts seront ensuite proposés à la vente au public et les bénéfices reversés à sa mère. Une minute de silence est également prévue avant la rencontre. Si l’absence du dernier buteur du club en championnat sera dans toutes les têtes, le club a également pris une décision forte, pour lui rendre un hommage éternel. Lors d’une assemblée générale extraordinaire a été votée à l’unanimité la décision de retirer son numéro 29. Mais le retirer des mémoires, jamais.

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Par Baptiste Brenot

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