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Atlético, déprime à la gagne
Après un début de saison tonitruant, l'Atlético marque le pas depuis un mois : freinés en championnat et battus par Chelsea en Ligue des champions, les Colchoneros doivent également faire avec les états d'âme de João Félix, qui a pété les plombs la semaine dernière, face à Villarreal. Pas franchement la situation idéale avant d'affronter le Real Madrid, ce dimanche, dans un match qui ressemble déjà à une finale pour le titre.
Villarreal-Atlético, 69e minute de jeu. João Felix vient de marquer le deuxième but des siens, et la victoire se dessine pour les hommes de Simeone. Un résultat d’autant plus précieux que les dernières semaines n’ont pas été fameuses, ni pour l’attaquant portugais ni pour son club. Bref, ce dimanche 28 février, tout semble enfin aller pour le mieux au royaume des Colchoneros. Pourtant, au lieu de célébrer, João Félix se tourne vers son banc et demande à son entraîneur de « fermer sa gueule ». La réponse de Diego Simeone ne se fait pas attendre, mais elle est lunaire. « J’adore quand les joueurs se rebellent, quand ils ont l’air si énervés, confie-t-il à la presse après la rencontre. J’aime quand les joueurs font preuve de fierté. » L’incartade entre les deux hommes aurait tout l’air d’un épiphénomène si elle ne s’inscrivait pas dans une période difficile pour l’Atlético, qui, pour ne rien arranger, affronte le Real Madrid ce dimanche.
Retour à la guérilla
Depuis un mois, la machine qu’était l’Atlético en début de saison s’est en effet quelque peu grippée. À l’heure de faire les comptes, le commando de Diego Simeone déplore deux nuls et deux défaites, face à Levante (0-2) le 20 février, et surtout, face à Chelsea, trois jours plus tard (0-1), au terme d’un match qui a vu les Colchoneros proposer un football ultra minimaliste. Les Rojiblancos ne peuvent se reposer que sur deux petites victoires, acquises de haute lutte contre Grenade (1-2) et contre Villarreal, donc (0-2). Bref, un constat comptable et sportif insuffisant.
Surtout, l’impression laissée par l’Atlético inquiète, car le club madrilène semble revenu au bon vieux football à la Simeone, notamment contre Chelsea, contre qui les Colchoneros se sont contentés de défendre bas et de ne toucher le ballon que lorsque les Blues le voulaient bien. Évidemment, l’approche a pu faire ses preuves par le passé. Mais les principaux lieutenants du football de guérilla mis en place par Simeone, Godín, Juanfran, Miranda, Filipe Luís ou Griezmann, sont partis. Aujourd’hui, l’effectif semble peut-être plus que jamais taillé pour tenir le ballon. Et le constat est d’autant plus frustrant que les Rojiblancos semblaient décidés en début de saison à se sortir des carcans de la pensée du Cholo… et le faisaient bien, puisqu’ils gagnaient.
Petit malaise entre amis
Cause ou conséquence de l’échec de ce retour au dogme simeonien, les deux leaders offensifs de cet Atlético, Luis Suárez et João Félix, vont moins bien après un début de saison canon. L’attaquant uruguayen n’a plus marqué depuis le 8 février et le match nul de l’Atlético contre le Celta de Vigo (2-2). De son côté, le rebelle préféré de Simeone a connu un début d’année 2021 laborieux : blessé puis éloigné des terrains après un contrôle positif à la Covid, il n’a marqué que deux buts sur les quinze derniers matchs. Dans cette période louche, ni Correa, ni Lemar, ni Saúl Ñiguez, si loin de son meilleur niveau, n’ont pris le relais, et il a fallu s’en remettre au soldat Marcos Llorente, buteur à deux reprises en février, pour sauver les meubles.
Et quand en plus, la défense prend l’eau, ou se montre du moins plus fébrile, il n’est pas difficile de se dire que les choses ne tournent pas rond, surtout à l’Atlético. L’incident lunaire de la fin de match de Villarreal laisse entrevoir un certain malaise du côté de Madrid ; car quoi qu’en dise un Simeone transformé en pompier de service, il n’est quand même jamais très bon de voir l’un de ses meilleurs joueurs péter les plombs après un but, qui plus est important. À la veille d’un derby crucial face au Real Madrid en tête d’un championnat qui semblait promis aux Colchoneros, le message renvoyé n’est en tout cas pas celui de la plus grande des sérénités. Zinédine Zidane et ses hommes n’auront pas manqué de le relever et, peut-être, dès ce dimanche, d’en profiter.
Par Valentin Lutz