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ASSE-OL, le derby des derbies

Quentin Blandin et Antoine Aubry
ASSE-OL, le derby des derbies

Sommet de la 28ème journée de Ligue 1, Saint-Étienne – Lyon est le principal derby français. Retour sur les fondements de cette rivalité avant un choc que les Verts ont rarement abordé en aussi bonne position...

Près de dix-huit ans que le peuple vert attend ça. Le 6 avril 1994, date de la dernière victoire à domicile de l’ASSE face à l’OL, paraît tellement loin. Voir l’Olympique Lyonnais prendre une place dominante dans le football français, c’est une chose déjà peu agréable en soi. Mais plus de dix-sept piges sans gagner à Geoffroy-Guichard face au rival de toujours en est une autre, encore plus délicate à digérer. Des années à faire des matches nuls frustrants ou des défaites déprimantes, parfois après avoir fait la course en tête pendant une bonne partie du match.

Un renversement de tendance ?

Alors, certes, en septembre 2010, les Stéphanois se sont enfin imposés sur la pelouse de Gerland, grâce à un somptueux coup-franc de Dimitri Payet dans la lucarne d’Hugo Lloris, mettant ainsi fin à des années de disette en terre lyonnaise. Mais point de confirmation au match retour. Pire, une belle claque dans la gueule avec une défaite 4-1. Et ça n’a pas été beaucoup mieux le 26 octobre dernier, une nouvelle victoire des Gones, 2-1, boutant les Verts hors de la coupe de la Ligue. Une pilule pas facile à avaler pour certains supporters stéphanois. Plusieurs pétards lancés sur la pelouse avaient empêché, dans un premier temps, Michel Bastos de creuser l’écart sur penalty devant un Kop Sud qui devrait être encore bouillant ce samedi, les Green Angels fêtant cette année leur vingtième anniversaire.

Si chaque derby entre l’ASSE et l’OL est très attendu, surtout du côté du Forez, celui de ce samedi l’est encore plus que les autres. Car cette fois-ci, l’ASSE l’aborde en position de force. Quatrième du championnat, 3 points devant le rival héréditaire et à seulement 1 point d’une place qualificative pour la Ligue des Champions, les Verts n’ont jamais paru aussi bien armés pour vaincre le signe indien. D’autant que de leur côté, les Gones marquent le pas. Honteusement éliminés en Ligue des Champions par le petit club de l’Apoel Nicosie, ils ne sont que 7ème du classement. Mais l’OL est imprévisible, capable de perdre tristement à Nancy, de battre Lille ou, dans le même match, de dominer Paris avant de se faire rattraper dans les derniers instants. Ce derby, qui s’avère donc plus indécis que jamais, pourrait marquer symboliquement la fin de la domination lyonnaise et l’entrée dans une nouvelle ère glorieuse pour les Verts. Il s’inscrirait ainsi dans la grande histoire du plus fameux derby de France.

Une longue histoire

Car un derby c’est d’abord une histoire, dont les pages jaunies reverdissent comme les marronniers des médias spécialisés. Depuis une semaine, les mêmes anecdotes cent fois répétées reviennent immanquablement et nourrissent les pages sports des journaux locaux. Les mêmes grands témoins sont invités à raconter et raconter encore les chocs de leur époque. Si les derbies sont toujours propices aux fortes rivalités, celle entre l’OL et l’ASSE est particulièrement intense. Lyon et Saint-Étienne sont deux villes très proches, avec chacune une forte identité. Car un derby c’est évidemment aussi une géographie, une proximité kilométrique qui nourrit les échanges : les supporters se côtoient au travail, à l’école ou sur leurs lieux de loisirs et ne cessent d’entendre parler de l’adversaire dans les médias régionaux. N’ayant aucun autre rival durable en Rhône-Alpes (Grenoble et Evian-Thonon-Gaillard nous pardonneront), l’OL et l’ASSE sont en concurrence pour le leadership régional.

Surtout, les deux clubs ont connu les sommets du foot français. L’ASSE, tout le monde le sait tant les journalistes le martèlent, est un mythe. Quant à l’OL, si son heure de gloire est relativement récente, il a survolé les années 2000 et n’était pas auparavant un club de soixante-neuvième zone comme en témoignent ses anciens succès en coupe de France. L’antagonisme est d’autant plus fort que la rivalité sportive entre en résonance avec le contexte social. Dans les années 1970, les succès de l’ASSE étaient un moyen pour une cité économiquement en crise de prendre sa revanche sur la métropole régionale voisine, perçue comme bourgeoise et arrogante mais qui n’obtenait pas les mêmes succès footballistiques.

La caricature ville ouvrière / ville bourgeoise

Car un derby, c’est également une caricature : l’ouvrier modeste et chaleureux contre le bourgeois nanti et froid, le cœur de la France du Foot contre son porte monnaie, la passion contre la raison, le mythe contre la réalité, la vie contre la bourse. Pourtant, Saint-Étienne n’est plus la cité industrielle en crise qu’elle était dans les années 1970, même si les efforts de la municipalité pour promouvoir une nouvelle image de la ville ne doivent pas faire oublier qu’elle conserve un fort ancrage populaire. Il ne faut pas occulter non la forte tradition ouvrière lyonnaise : se remémorer par exemple la révolte des Canuts ou le premier drapeau noir de l’anarchie déployé par des ouvriers lyonnais.

Les supporters lyonnais et stéphanois, parfois aussi les médias, en rajoutent dans l’opposition entre les deux villes, mettant l’accent sur tout ce qui les différencie, a fortiori quand les différences objectives s’atténuent. De manière générale, le football se nourrit des antagonismes sociaux ou culturels. Il retraduit ces rivalités en leur donnant une couleur nouvelle qui rejaillit sur l’opposition sociale ou culturelle. La régularité des rencontres sportives entretient la rivalité, elle la fait exister au-delà même du monde du sport. Certes, Lyon et Saint-Étienne n’ont pas le même profil social, mais le football a été l’occasion de mettre en avant et d’accentuer ces différences. Nul doute que ce nouveau derby entretiendra cette histoire. Qu’il marque un tournant par une victoire des Verts. Ou qu’il témoigne que le Lyon n’est pas encore mort s’il parvient à ne pas revenir bredouille du Forez.

*Ce texte contient des éléments d’un article ancien (de François Delestre, Nicolas Hourcade et Christophe Verneyre) paru dans le numéro 17 (spécial derbies) de So Foot en novembre 2004.

JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Quentin Blandin et Antoine Aubry

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