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Asmir Begovic, l’exemple

Par Nicolas Jucha. Propos de Begovic tirés de The Independent, The Guardian et du site du Yeovil Town
Asmir Begovic, l’exemple

Il est né en Bosnie, a rejoint l'Allemagne à 4 ans pour fuir la guerre, puis le Canada à 10 piges pour y devenir un homme. C'est en Angleterre qu'il a explosé au plus haut niveau et décroché en 2009 sa première cape en sélection. Asmir Begović n'est pas un simple gardien pour la Bosnie, même éliminée. Il est le symbole d'une génération d'exilés revenus pour défendre une identité.

La sélection bosnienne, ou le binationalisme porté en étendard. Dans un groupe où quinze joueurs n’ont jamais évolué en Bosnie et dix autres ont porté les couleurs d’une autre nation, Asmir Begović, le gardien, tient la palme de la diversité culturelle : né au pays, exilé en Allemagne, formé au Canada et professionnel reconnu en Angleterre, à Stoke City, il n’était pas écrit d’avance qu’il porte un jour la tunique de la Bosnie. Et de fait, cela a failli ne jamais se faire. A l’été 2009, le gardien s’était dit prêt à évoluer avec les A canadiens. Jusqu’à ce que Miroslav Blažević, le prédécesseur de Safet Sušić, ne prenne ses responsabilités et lui passe l’un des coups de fil les plus importants de sa jeune carrière : « Je veux que tu joues pour nous, tu viens ? » , « Ok, faisons comme ça » , répondit Begović. Deux semaines plus tard, il était international bosnien. Sans mentir : comme Pjanić a délaissé un Luxembourg pas assez compétitif pour ses ambitions, comme Kolašinac et Bičakčić n’ont pas tenté d’intégrer une équipe d’Allemagne qui n’avait pas besoin d’eux, comme Medunjanin n’avait probablement pas d’avenir avec les Pays-Bas, Begović a opté pour la Bosnie pour raisons sportives avant tout. « Choisir entre le Canada et la Bosnie n’a pas été simple. Avec la Bosnie, il y avait plus de perspectives en termes d’échéances sportives : le Mondial, l’Euro, et moins de longs voyages aussi. Cela a vraiment été un choix sportif, même si c’était également important de représenter ma famille, dont beaucoup de membres sont encore en Bosnie-Herzégovine. C’est la meilleure décision que j’aie jamais prise. »

« Je n’ai jamais cessé de vivre en Bosnien« 

De fait, ce retour aux sources est aussi celui du cœur. « J’ai passé une part importante de mon enfance au Canada, entre 10 et 16 ans, période où l’on grandit vite. Je me suis habitué à la vie là-bas, je me suis fait de nombreux amis, obtenu la citoyenneté, et j’ai même représenté l’équipe nationale en sélections de jeunes. Mais la Bosnie a toujours été présent dans mon esprit » . Pourquoi ? « J’ai passé les quatre premières années de ma vie en Bosnie-Herzégovine. Quand le conflit a éclaté, ma famille est partie en Allemagne. Depuis cinq ans seulement, je représente l’équipe nationale mais entre ces deux périodes, je n’ai jamais cessé de vivre en Bosnien. » Begović et sa famille fuient Trebinje et la Bosnie quand ce dernier n’a que 4 ans, trop jeune pour vraiment comprendre. Direction l’Allemagne, où plusieurs membres de la famille ont pied à terre à Kirchhausen. Six ans plus tard, grand saut au-dessus de l’Atlantique et direction le Canada, plus précisément Edmonton. Une terre de hockey sur glace où le gabarit d’Asmir n’aurait pas dépareillé. Mais comme Begović a toujours gardé un lien avec sa terre natale via la langue et la cuisine, il a toujours su que le football valait mieux que le hockey : son père, Amir, a lui-même été gardien de but professionnel et international espoir yougoslave, du temps de sa jeunesse. « Il a été mon premier entraîneur, m’a enseigné les bases et toutes les techniques » , se souvient le gardien de Stoke.

Loin des yeux, mais donc très proche du cœur. Jeune adulte, Begović revient au pays pour assister aux funérailles de l’un de ses grands-pères. Si le retour aux sources a du bon, il le confronte frontalement aux stigmates de la guerre. Les témoignages de certains proches, oncles, tantes, mais aussi de son ami en sélection Edin Džeko, lequel a vécu le drame de l’intérieur, enrichissent son expérience : « Edin et sa famille sont restés tout le long de la guerre, cela signifie probablement beaucoup plus pour lui que pour moi. » À défaut d’avoir vécu l’atrocité de la guerre en direct, Begović en a conscience : « On m’a parlé des bombardements, parfois on pouvait les prévoir donc les gens se réfugiaient dans des abris souterrains. Mais il était impossible de marcher sereinement dans la rue car tout pouvait arriver, comme un tir de sniper. » Adrien Hopper, directeur des activités médias dans le petit club anglais de Yeovil Town, où Begović a fait une courte pige en 2008, se souvient que le Bosnien était marqué par la guerre des Balkans, « un sujet qu’il évitait autant que possible d’évoquer » . Plus que de parole, Begović est un homme d’action. Sa manière de contribuer à l’effort de reconstruction s’est matérialisé il y a un an avec la création de l’ABF, l’Asmir Begović Fondation, dont le but est de construire des infrastructures ludiques pour enfants au Royaume-Uni et en Bosnie-Herzégovine.

« Asmir, c’est un message fort« 

Ce soir, contre l’Iran, le géant de 1m95, que Lionel Messi avait eu tant de mal à faire plier lors de Bosnie-Angleterre et que Gordon Banks lui-même place « indiscutablement dans le top 3 des gardiens du championnat anglais » , jouera donc pour autre chose qu’un simple match de foot. Car la mission des Bosniens dépasse de loin le cadre d’un tournoi, si l’on en croit ce que leur sélectionneur Safet Sušić confiait récemment à World Soccer : « La plupart des gens n’ont pas quitté volontairement le pays, ce fut la conséquence d’une terrible guerre. Maintenant, nous courons après ces joueurs aux racines bosniennes afin qu’ils jouent pour nous. On n’a pas le choix, nous sommes une petite nation qui ne peut se permettre de perdre des joueurs comme Zlatan Ibrahimović. Le problème va s’accentuer dans les dix ans avec les troisième et quatrième générations de Bosniens vivant à l’étranger. Ce sera compliqué de les faire jouer pour le pays de leur grand-père. C’est pourquoi nous avons besoin de jouer ce Mondial et d’autres tournois majeurs, pour que les enfants s’identifient au pays. » Ce que confirme Mécha Baždarević, le premier capitaine de l’histoire de la Bosnie : « Asmir Begović, c’est un exemple de ce que l’on a vécu en Bosnie. Ce qui est beau, c’est qu’à la fin, son amour pour le pays a fait basculer les choses. D’autres joueurs bosniens ont décidé de représenter d’autres sélections, le fait que lui ait opté pour la Bosnie, c’est un message fort, et cela ne peut qu’inspirer d’autres joueurs. »

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