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- PSG-Strasbourg (4-2)
Ce Racing de Strasbourg peut donner des ailes aux autres clubs de Ligue 1 face au PSG

Ce samedi soir, Strasbourg a caressĂ© lâinfime espoir de gĂącher la Messi shower du PSG. Au moins pendant une petite quarantaine de minutes entre le retour des vestiaires et le rouge dâAlexander Djiku. Câest peu, mais beaucoup Ă la fois. Car comme lâESTAC avant lui, le RCS a montrĂ© aux autres clubs de Ligue 1 quâil nây aura pas plus grand kiff cette saison que dâĂ©corner les rĂȘves de gigantisme des Parisiens.
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Quitte Ă ne pas connaĂźtre le bonheur, autant gĂącher celui des autres. Cette phrase pourrait ĂȘtre la devise dâune personne aigrie jusquâĂ lâos, lassĂ©e de voir ses pairs Ă©taler leur joie de vivre et se gargariser dans leur voluptĂ©. Mais elle pourrait aussi devenir le mantra de toute Ă©quipe du championnat de France affrontant cette saison un Paris Saint-Germain que tout le monde dĂ©peint hĂątivement comme une des plus grandes Ă©quipes de tous les temps. Ce samedi, alors que les gens de la capitale mettaient sur le gril du Parc des Princes leur plus belle brochette de recrues (Hakimi, Wijnaldum, Donnarumma, Ramos et Messi, rien que ça) et quâils pensaient pouvoir ensuite enfiler les buts comme des saucisses-cocktail, les Strasbourgeois ont pris conscience Ă la mi-temps (oĂč ils Ă©taient menĂ©s 3-0) quâils pouvaient inverser le sens de la chaĂźne alimentaire. AprĂšs tout, qui a dit que la cigogne Ă©tait une viande tendre ?
Twist and Ajorque
«âOn va la chercher ! On va la chercher !â» Câest sur ces encouragements que lâimmense Ludovic Ajorque a laissĂ© sa place Ă Habib Diallo Ă la 76e minute. En dĂ©viant un tir de MbappĂ© dans ses propres filets en premiĂšre, puis en ramenant les siens Ă un pion de lâĂ©galisation dâune tĂȘte dĂ©croisĂ©e clinique, le RĂ©unionnais est le symbole tout trouvĂ© dâune Ă©quipe aux deux visages. Au moment de sa sortie, le Volcano Bomber devait encore avoir le speech de Julien StĂ©phan dans le crĂąne. «âOn a lancĂ© le dĂ©fi aux joueurs de gagner la deuxiĂšme mi-tempsâ», confiait le nouveau coach alsacien, aprĂšs une dĂ©faite finale 2-4, mais un joli 2-1 pour les siens en seconde. De fait, ses joueurs ont laissĂ© au casier la timiditĂ© quâils trimballaient dans leurs poches, pour lâĂ©changer contre de lâagressivitĂ©, de la solidaritĂ© et un bloc bien plus haut. Le sens du but de Gameiro et Ajorque, la qualitĂ© de pied de Thomasson et LiĂ©nard, ainsi que les parades de Matz Selz ont fait le reste. «âCe sont les valeurs du club de ne jamais rien lĂącher, se battre jusquâau bout, continuait StĂ©phan, un habituĂ© des coups contre le PSG lors de sa pĂ©riode rennaise. On veut le cultiver, lâinstaurer davantage. Et la deuxiĂšme pĂ©riode est une rĂ©compense, une rĂ©ussite, mĂȘme si ce nâest pas suffisant.â»
Pas suffisant parce que le retard accumulĂ© en dĂ©but de match, lorsque les confettis crachĂ©es pour les prĂ©sentations de la Pulga & co nâĂ©taient pas totalement balayĂ©es, Ă©tait trop important. Aussi parce que les faits de jeu dĂ©favorables se sont accumulĂ©s sur les Ă©paules alsaciennes, au point de leur «âcouper les ailesâ». «âLa dĂ©cision de valider le premier but est cauchemardesque, enrageait StĂ©phan. Il y a hors-jeu, ça change trop de choses dans le match.[âŠ]Lâexpulsion de Djiku(Ă la 82e)est incomprĂ©hensible : on est Ă 60 mĂštres du but, lâarbitre a averti Alex cinq minutes avant, ça nous annihile toute chance de revenir.â» Pour cette fois, ce sera donc trop juste pour un Racing encore en quĂȘte de repĂšre. Mais pendant une grosse demi-heure, il a rĂ©ussi, en plus dâĂ©viter une douloureuse fessĂ©e, Ă instiller le doute dans les tĂȘtes parisiennes quant Ă une possible remontada. Sous les yeux de Lionel Messi, ça lâaurait foutu mal.
Acides Galactiques
Si tant est quâils sây prennent plus tĂŽt, quâils ne se perdent pas trop en courbette face Ă la cour parisienne, quâils ne commettent pas de fautes poussant le corps arbitral Ă les pĂ©naliser trop rapidement, et quâils ont un plan solide, tous les entraĂźneurs peuvent sâinspirer en vue de leur prochaine confrontation face au PSG de ces quelques minutes proposĂ©es par les Strasbourgeois. Comme de la performance du Troyes de Laurent Battles il y a une semaine (dĂ©faite 1-2). MĂȘme sâils pourraient avoir affaire Ă lâarmada parisienne au complet, les Antonetti, Baticle, Petkovic, Sampaoli et consort doivent dĂšs aujourdâhui se relever les manches et mettre dans le crĂąne de leurs ouailles que ces Galactiques ne deviendront inhumains et intouchables que si on les considĂšre comme tels. Pendant que LĂ©o Messi se fera acclamer comme un pape par tous les stades de province, pendant que les enfants Ă©carquilleront les yeux devant un dribble de Neymar, pendant que leur pĂšre sâĂ©nervera sur les accĂ©lĂ©rations de MbappĂ©, pendant que certains cadres seront prĂ©servĂ©s pour lâobjectif suprĂȘme de la Ligue des champions, il y aura un coup Ă faire. Et puis, si la puissance du PSG sur le marchĂ© des transferts est une aubaine pour la Ligue 1, câest uniquement parce quâon prĂ©suppose quâarrivera un jour oĂč les dix-neuf autres sauront se mettre peu ou prou Ă niveau, dans le sillage de cet empilement de star.
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Par Mathieu Rollinger
Propos de JS recueillis par Alexandre Aflalo, au Parc des Princes.