- Mort d'Oussama Ben Laden
Arsenal perd un fan
Un perdu, dix de retrouvés. Au moment où Arsenal se faisait plein de nouveaux amis du côté de Chelsea, Oussama Ben Laden était abattu. Parce que la rumeur qui faisait du taliban un fan des Gunners, elle, court toujours.
La nouvelle n’a échappé à personne, Oussama Ben Laden est tombé. Ca s’est passé la nuit dernière, à 1h15, à Abbottabab, au Pakistan. Les Américains, qui l’auront traqué pendant presque dix ans, ne sont pas peu fiers de leur coup. Ils ont fêté ça pendant des heures, partout dans le pays, et, comme souvent avec eux, un blockbuster devrait suivre. C’est Kathryn Bigelow, la réalisatrice oscarisée de « Démineurs » , qui va s’y coller. Si l’on ne sait pas encore trop quelle direction va prendre le scénario, il est quasi-certain qu’aucun passage ne sera consacré à la passion qu’entretenait le terroriste pour le foot, et particulièrement pour Arsenal. Et ça, bah c’est bien dommage. Car Usāma ben Moḥammed ben Awaḍ ben Lāden, de son vrai nom, fan d’Arsenal, c’est une histoire amusante pour certains, et une belle légende urbaine pour les autres.
Winterburn, PSG et Top 50
Tout est parti du livre d’Adam Robinson, « Behind the mask of the terror » , paru quelques semaines seulement après les attentats du 11 septembre. L’auteur, qui est connu outre-Manche pour être un type sérieux, raconte qu’Oussama était à Londres au début des années 90 et qu’il se serait pris d’affection pour un club du nord de la ville. C’est peut-être sans lien, mais c’est un club dont les joueurs sont surnommés les Canonniers, à savoir Arsenal. Mais Ben Laden n’est pas devenu fan suite à la propagande de Téléfoot pour les frenchies londoniens. On peut le taxer de tout ce qu’on veut mais pas de ça. Ce club l’a séduit bien avant, lorsqu’il était encore entraîné par Georges Graham, celui-là même qui a inventé le « Boring Arsenal » (le Arsenal chiant, en VF). Robinson raconte ainsi que le barbu aurait particulièrement vibré à Highbury pendant la campagne européenne victorieuse en Coupe des Coupes lors la saison 1993-94. Pour être plus précis, il aurait notamment pris son pied à l’occasion du quart et de la demi-finale à domicile, contre le Torino et le PSG. Mieux, Ben Laden serait même passé par la boutique du club. Il en serait ressorti avec un maillot pour le fiston et une couverture de lit à l’effigie de celui qui devait donc être son joueur préféré, Nigel Winterburn. Pas vraiment un adepte des frappes chirurgicales.
Bien évidemment, en Angleterre, à l’époque, on a su trouver les mots pour rire de cette histoire. Un journaliste de The Telegraph a par exemple écrit qu’en revoyant les matchs d’Arsenal période Graham, on pouvait comprendre que certains supporters aient eu envie de se planquer dans des caves et de bombarder le monde. Autre illustration, dans son Top 50 des pires supporters célèbres, le Times classe l’ennemi public numéro 1 des années 2000 en cinquième position, arguant qu’il s’énerve au fin fond de sa grotte quand il apprend que son équipe a perdu. Il se serait même laissé aller à un « Ce putain d’infidèle de Wenger… Mort à Israël, mort à l’Amérique, mort à Tottenham ! » . On n’est bien sûr pas forcé d’y croire ou d’en rire.
Le charme du monde occidental
Et si, dans un monde un peu fou, Oussama Ben Laden était devenu président d’Arsenal ? Une illusion vite coupée par le géopolitologue français Pascal Boniface, qui s’y connaît bien sur les deux sujets. « On a coutume de dire que le football, c’est l’opium du peuple. Mais les talibans ont interdit le football en Afghanistan. Il y avait un côté liberté et un non-contrôle qui ne plaisaient absolument pas à Ben Laden » . Mais pourquoi, diable, se serait-il rendu à Highbury alors ? « Chacun a ses contradictions. Il pouvait appliquer un code moral strict et avoir des passions secrètes de l’autre côté. Et puis, s’il s’est intéressé au football, c’était lorsqu’il était ouvert au charme du monde occidental » . Fin du spectacle. Les fans d’Arsenal ne voulaient pas de Ben Laden, et de toute façon, Ben Laden avait laissé le foot derrière lui depuis longtemps. Et puis aujourd’hui, à l’Emirates, en tribunes VIP, on retrouve Jay-Z, Tiga ou Thierry Henry. Autant dire qu’ils ne boxent pas vraiment dans la même catégorie.
Romain Canuti
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