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Antoine Gounet : « J’avais envie d’aller dans des stades où il y a du monde »

Propos recueillis par Ronan BOSCHER
Antoine Gounet : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;avais envie  d&rsquo;aller dans des stades où il y a du monde<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Comme si Londres n'avait pas assez de derbys, la Cup en propose un nouveau : Brentford-Chelsea. Antoine Gounet a débarqué à Brentford en octobre 2011, avec son sac à dos et du culot. « Désolé, j'ai une voix un peu rauque, je viens de me réveiller », prévient-il en fin de matinée.

Tu peux nous présenter brièvement ton parcours français ?J’ai fait mes premières classes à Bourges. À 17 ans, je me suis retrouvé gardien de l’équipe première en DH. Et puis j’ai signé au Tours FC, en réserve, tout en continuant mes études. Je venais d’avoir mon bac. Ensuite je me retrouve avec la Ligue 2, en numéro 2 pendant 5 mois en raison d’une blessure de leur gardien. Une bonne année, la génération Giroud, Koscielny, etc. Les choses se lancent un peu pour moi, à 20 ans. Mais je me blesse après ça, plâtré avec une greffe osseuse – au scaphoïde – et un arrêt d’un an et deux mois. J’ai bossé pendant 3 mois comme un ouf et finalement j’ai pu reprendre avec la réserve. Je me remets dans le bain avec l’entraîneur des gardiens, André Biancarelli. À cette époque, moi, je prends ce qu’on me donne. Mentalement, avec la blessure et André, je passe pas mal de paliers, comme assimiler l’expérience vécue en L2. En fin de saison, je me retrouve face à cette question : qu’est-ce que tu veux faire de ta carrière footballistique ? J’ai 22 ans. C’est soit pro, soit rien. J’avais envie de vivre quelque chose, d’aller dans des stades où il y a du monde. Le foot de haut niveau, quoi. Je prends alors la « sage » décision de partir en Angleterre avec mon sac à dos, en octobre 2011. Avant, je bosse un mois chez mon oncle, qui tient une usine de porcelaine, histoire d’avoir un petit budget et de tenir au moins pendant un bon mois. Parallèlement, le soir, je m’entraîne avec l’entraîneur des gardiens qui m’a formé, Pascal Dupuis. Et là, je pars pour Londres. Bon, les parents, les amis, tout ça… pas grand monde y croit à vrai dire. Même mes potes pros d’autres clubs me disent : « Vas-y, mais moi, à ta place j’irais pas ! »

Et tu trouves Brentford tout de suite ?Non. Après trois jours, j’obtiens un essai en League 2. On me demande de rester une, deux, trois semaines. Sauf qu’en gros, il me reste plus que 2 semaines à Londres et j’ai pas le sentiment qu’on se dirige vers un truc conforme à mes espérances, pour me proposer une misère à la fin. Je repars faire mes recherches. Souvent, je n’avais que l’adresse de l’accueil. Et on te calcule pas trop. Pour Brentford, je suis allé directement au centre d’entraînement, à la salle de muscu. Les joueurs me regardent genre « Putain, mais c’est qui celui-là ? » Le kitman vient me voir. Avec mon anglais à deux balles, je lui explique d’où je viens et mon envie de relancer ma carrière pro ici. Il me dit : « Jeudi matin à 9 heures, avec ton sac. » Ce jeudi, la séance commence et bon, ben, je tape direct dans l’œil du coach des gardiens. Il me demande de rester, de jouer en amical contre Southampton. Le manager, Uwe Rosler, un Allemand, commence à me sonder. Entre-temps, j’ai des agents qui me téléphonent. Ils sentent qu’il y a quelque chose qui se trame.

Ils sortent d’où, ces agents ?Des mecs que j’avais eus au téléphone au début de l’aventure, mais qui ne m’avaient pas trop calculé aussi. Et un agent d’un joueur d’Auxerre, Soumahoro Johnson, venu à l’essai à Brentford. « Antoine, mon agent a eu le coach au téléphone. Il lui a parlé d’un jeune gardien français qui n’avait pas d’agent » , qu’il me dit, Soumahoro. J’ai pas donné suite. Je suis venu tout seul et j’avais pas envie de casser le truc que j’étais en train de faire. Avec les agents, parfois… Bref, je fais un deuxième amical contre Reading. Nickel. Le coach me convoque. Je signe jusqu’à la fin de la saison avec une autre en option.

« J’avais pas le profil typique pour eux. Ils aiment bien les armoires à glace dans les buts »

Et alors, ça le fait ou pas ?J’ai dû beaucoup bosser physiquement. J’avais pas le profil typique pour eux. Ils aiment bien les armoires à glace dans les buts. Là, je fais 1m83 pour 83 kilos, mais à l’époque, on était plus sur du 76 kilos. J’ai mis 6 mois à m’adapter. Cette saison, c’était plus dur à cause d’un pépin à un adducteur. Le coach était déçu, lui qui me voyait comme son numéro 1. Quand tu te blesses après 10 jours de prépa, tu rates 3-4 matchs amicaux et c’est pas négligeable. Bref, c’est le foot, mais je me suis bien remis dedans et depuis 3-4 mois, je suis régulièrement dans le groupe. J’ai eu ma première apparition en FA Cup contre Bradford. Ça s’est bien passé et je continue mon petit bonhomme de chemin.

C’est pas une nouvelle galère ta situation, là ?(Rires) J’ai vécu pas mal de bonnes choses, comme être invité à Wembley à la mi-temps d’un match de l’équipe d’Angleterre pour des concours de pénaltys. Une sorte de petite reconnaissance, quoi. Et j’ai rencontré David Ginola avec qui je suis proche aujourd’hui. Franchement, je suis confiant pour la suite parce que je vois le niveau que j’ai atteint aujourd’hui, sans jouer énormément de matchs. Le foot, quand tu rentres par la petite porte, même si aux entraînements et aux matchs t’es excellent, tu dois prendre ton mal en patience… Le poste de gardien est ingrat. Ce sont les circonstances qui font que… Regarde Lloris à Tottenham. Ça n’a pas été évident, même pour lui qui est dans le top 5 mondial des gardiens. Avec le recul, Villas-Boas a bien géré la situation. Tu ne pouvais rien reprocher à Brad Friedel. Imagine, t’es gardien, on recrute un mec plus coté que toi, tu fais des matchs énormes et on te fout sur le banc direct. Moi, ça me foutrait les boules d’un coup d’un seul. Surtout que Friedel, il a 40 ans. Il mérite un minimum de respect. Après, Lloris, c’est un mec intelligent aussi. Pleins de mecs auraient pété un plomb.

Comment t’en viens à rencontrer Ginola ?Le hasard. Un Français vient de Fulham pour un essai à Brentford. La belle histoire, c’est qu’on s’était croisés plus jeunes. C’était Richard Barroilhet. Il joue maintenant à Waalwijk. La grande sœur de Richie et ma sœur jouaient au centre de formation de Bourges Basket. On avait joué à la balle une fois ensemble. C’était plutôt marrant de se revoir presque 10 ans après. Richie est le meilleur ami du fils de David, qui m’a présenté son père. David m’avait invité à voir Chelsea/Tottenham. On a pas mal discuté et voilà. Maintenant, c’est en quelque sorte mon conseiller, avec son agent.

Il doit t’ouvrir quelques portes, non ?L’agent ou le conseiller ne feront jamais le joueur. Ok, c’est bien d’être entouré par ces gens-là. David m’apporte beaucoup et, dans la situation dans laquelle je suis, il me permet mentalement de progresser. Quand t’es pas gardien n°1, tu dois patienter. Mais c’est sur le terrain que le boulot se fait. Aujourd’hui, David m’apporte un plus, à moi, personnellement. Mais je n’ai pas envie de miser sur ça pour que concrètement ça m’ouvre des portes ailleurs. Quelque part, je me suis fait un peu tout seul et j’ai envie de continuer comme ça.

Être gardien en Angleterre, ça veut dire quoi ?Sur les corners, t’as deux mecs qui sont sur toi, qui te tiennent. La façon de jouer est plus intense aussi. On entend souvent que les gardiens anglais sont moins bons. Non, ils sont peut-être moins complets techniquement qu’en France. Ok. Mais ils sont tellement exposés à l’intensité du match que c’est aussi un peu pour ça qu’on voit plus d’erreurs. Les gardiens français dégagent peut-être quelque chose de plus talentueux.

Tu sens que t’as progressé malgré un seul match officiel dans les jambes ?Mentalement, énormément, et j’ai pris de la caisse. Le côté intense m’a rendu plus consistant. Je te fais des dégagements du droit comme du gauche, je suis bien meilleur dans les face-à-face. Mais après, je vais te dire un truc, je préfère peut-être bien le travail effectué en France avec Biancarelli. On progressait techniquement sur des détails. Mais des détails qui changent tout. La façon de goaler était différente : pas être réactif, mais actif. Dans notre but, André voulait que des mouvements utiles. Pas la peine de piétiner ou sauter sur place. Pourtant plein le font aujourd’hui, même Lloris. Dédé voulait qu’on se déplace quand la balle bougeait, c’est tout. Simple. Tac, tu te décales à droite. Hop à droite. Quand tu sens le mec en face de toi, tu te mets sur tes appuis, tu restes droit et au moment où il déclenche, PAN (il crie), là tu pars, en allant vers l’avant. Parfois ça me manque un peu, cette façon de goaler. Bon, je te dis ça, mais c’est bien en Angleterre que je suis devenu beaucoup plus solide sur mes appuis, mes déplacements. On fait beaucoup de répétitions, très propres, très axées sur des prises de balles, alors qu’en France, on va plus être dans l’envolée. L’autre fois, mon père est venu me voir à l’entraînement. Il m’a dit direct : « On sent que t’es professionnel maintenant. Incroyable. »

Et comment t’as réussi à te faire respecter sur les duels aériens ?Le premier mois, j’ai pris un bon KO. J’ai compris qu’il fallait que je travaille physiquement. J’ai fait beaucoup de muscu, de séances de puissance tout en essayant de garder mes qualités d’explosivité et de réactivité. J’ai beaucoup bossé mes jambes.

« Contre Chelsea, je nous vois pas prendre une volée »

Ça suffit ?Au final, c’est mental. Je me rappelle une séance qui a servi de déclic, en fin d’année dernière. Je fais une sortie sur un centre, je me fais tamponner. Je réussis à boxer la balle à l’arrache, mais le tampon me marque… Et là, la balle revient. Je suis ressorti, j’ai boxé, mais là j’ai tamponné tout le monde. J’étais le plus solide. De par mon gabarit, je dois être saignant. Lloris, il l’a, ce truc. Quand il sort, pan, ça gicle, c’est tranchant.

T’étais où au moment où t’apprends que vous tirez Chelsea en Cup ?Chez moi, tranquille. J’ai reçu pleins de textos de potes « Chelsea, Chelsea, Chelsea mec ! » La situation n’était pas si évidente. On devait passer Southend déjà et l’aller n’avait pas été simple (2-2). Au replay, on fait un super match dans une grosse ambiance au stade. On est resté la tête sur les épaules, on a fait le taf. Et on a vraiment bien géré la situation, parce qu’entre-temps, on avait le championnat. Faut pas l’oublier ça. On est 3es, dans le coup pour la montée. Bon, une saison, c’est long, mais après 25 matchs, 3e, avec 2 matchs de match de moins que le premier… Tu sens que le club est sur une bonne lancée. L’équipe a quelque chose en plus par rapport à l’année dernière : un esprit de guerrier, de compétiteur. On a remporté pleins de matchs dans les dernières minutes. C’est marrant tu vois, mais contre Chelsea, je nous vois pas prendre une volée, un 3-0 ou un 4-0. J’aurais même la prétention de croire qu’on peut faire quelque chose. Peut-être pas les battre, hein. Mais on a une belle équipe qui joue au ballon, vraiment. Après voilà, je ne m’en rends pas trop compte. Chelsea, c’est le top du top, et on se retrouve pour la première fois confronté à ça. Allez, je suis sûr qu’on ne va pas faire pâle figure. Et ce sera à domicile. Notre stade est toujours blindé. Et 12 000 personnes, en Angleterre, ça fait du bruit hein, les kops, les chants, quoi qu’il arrive. Franchement en League One, il y a des stades qui sont bien mieux que certains de L1.

T’as toujours des contacts avec Koscielny et Giroud, surtout qu’ils jouent à Londres ?Olive, ouais, c’est un pote. Je l’ai souvent par texto. Franchement, c’est cool. Quand des potes viennent me voir, ils voient mon match à Brentford et le lendemain, je me démerde toujours pour qu’Olive me laisse 3-4 places. Et on va à l’Emirates, direct. Ça leur fait un week-end cool. Enfin, faut évidemment kiffer le foot. Koscielny, on n’avait pas plus d’affinités que ça à Tours. C’est un mec hyper-cool, mais on ne parlait pas trop ensemble.

Et toi tu lui files des places, à Giroud ?Je pense que ça l’intéresse moins. Et on joue souvent en même temps en fait. Quand je vais voir les matchs d’Olive, ce sont plutôt des matchs de Champions ou de championnat quand moi j’ai rien.

La vie à Londres, même en League One, ça le fait ou pas ?C’est pas mon cas, mais faut savoir que dans mon équipe, t’as des types qui gagnent 6000 la semaine. C’est plus qu’honnête. Moi, si je veux me faire un resto, je peux. Pareil pour m’acheter des fringues. C’est quand même super cool d’être footballeur professionnel ici, une chance de dingue. Des fois, quand tu signes quelque part, tu prends certains paramètres. Et je t’assure que vivre à Londres, ben c’est incroyable. Je suis en coloc avec un de mes collègues, tout près du centre d’entraînement, dans une résidence toute neuve. Bon, mon coloc est invisible. Soit il dort, soit il mange à l’extérieur. Franchement, on a un appart cool, chacun notre salle de bain, un grand salon, un grand balcon. Quand j’ai des potes qui viennent, je peux les accueillir, bien. J’aime bien avoir ma vie extra-foot, et je t’avoue qu’on y parle pas trop football. Je suis plutôt branché culture, théâtre, concerts. J’aime bien connaître plusieurs horizons.

À quel genre de concerts tu vas ?Franchement, j’ai dû en voir une soixantaine. Et de tout. Dyonisos, Katerine, Lady Gaga, Arctic Monkeys, Aloe Blacc, the Bloody Beetrits, Raphaël Saadiq, Étienne de Crécy, Phoenix, Digitalism ou Cypress Hill. Rien que dans le métro ici, tu tombes sur des perles parfois. Et à Camden… L’année dernière, je sortais pas mal avec Marcel Eger, un mec qui a joué en Bundesliga pendant 7-8 ans. Il était très branché musique comme moi. Du coup, il m’a embarqué voir des petits concerts dans des salles intimistes, pas là où c’est le bordel. C’était génial, riche en émotions. Cette année, comme je suis dans ma dernière année de contrat, je reste vachement impliqué dans ce que je fais. Je consacre principalement mon temps libre à la récup’. Je fais pas mal de pilate. Ça se fait beaucoup en Angleterre, plus qu’en France. C’est un peu un truc de nanas à la base. Avec des machines coulissantes, tu bosses toute la ceinture abdominale, les fessiers, beaucoup d’étirements aussi. Ça permet de te redresser et de te faire une bonne base physique. En plus des cours collectifs avec l’équipe, je me paie des cours particuliers. Tu sens la différence.

Et pour la Christmas Party, une institution du foot anglais, t’es resté calme ?On est allé à Manchester pendant 3 jours. Plein de joueurs dans l’équipe ont de la famille là-bas. Tout le monde me vend du rêve sur Manchester. À Londres, pour sortir, c’est quand même très cher, hein. Les bouteilles qu’on a achetées à Manchester, on les aurait sans doute payées le double à Londres. Après, la famille, tout ça, c’était peut-être une excuse parce que les mecs voulaient aller à Manchester, hein, j’en sais rien. Pour sortir c’était vraiment cool. Le bar où on est allé, ça bougeait bien, la musique était au top, y avait des nanas, bon délire. Peut-être aussi parce qu’on avait bien arrosé la soirée (rires).

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Propos recueillis par Ronan BOSCHER

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