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Anthony Taugourdeau : « On a fêté la montée en bateau sur le Grand Canal de Venise »

Propos recueillis par Andrea Chazy
7 minutes
Anthony Taugourdeau : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On a fêté la montée en bateau sur le Grand Canal de Venise<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Vingt ans après sa dernière fois en Serie A, Venise va de nouveau faire partie du paysage de l’élite italienne la saison prochaine après avoir chopé le dernier ticket en finale de play-offs face à Cittadella en match aller retour (2-1). Au cœur de cette belle histoire, un Français : Anthony Taugourdeau. Passé par Martigues ou Cannes chez les jeunes, le natif de Marseille (31 ans) est en passe de prendre une belle revanche après avoir fait toute sa carrière dans les divisions inférieures de la Botte. Il raconte.

Comment est-ce qu’on fête une montée à Venise en ces temps troubles ?Le jeudi soir, jour de victoire, on est resté au stade Pierluigi Penzo pour soulever la coupe, mais je dois avouer que de mon côté, je suis rentré rapidement à la maison pour être auprès de ma femme et de mon fils, car j’étais tellement fatigué mentalement que j’avais besoin de rentrer chez moi pour décompresser. Durant ce mois de mai, on a joué tous les trois jours, et ça n’a pas été facile. Le lendemain, on a fêté la montée en bateau sur le Grand Canal de Venise et c’était extraordinaire. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. On avait toutes les gondoles derrière nous qui nous suivaient, c’était magnifique. Le soir, on a fêté ça entre collègues au restaurant. C’est dommage qu’il y ait cette Covid, mais bon, on a bien fêté ça. Quand j’ai gagné la Serie C (avec Trapani, NDLR), j’avais vécu ce type d’émotions, mais sur un bateau, c’est unique.

Pour revenir au match, après une superbe première manche où vous vous imposez à Cittadella, vous vous êtes quand même fait très peur à domicile…Si on analyse les deux matchs, on gagne 1-0 à l’extérieur, mais on aurait pu s’imposer un peu plus largement. Pour le retour chez nous, ils sont arrivés libérés dans leur tête. Ils ont poussé dès le début, ils ont ouvert le score, et ensuite, on prend ce carton rouge au bout de trente minutes. C’était dur dans les têtes à ce moment-là, eux pensaient certainement que c’était fini et qu’ils allaient logiquement mettre le deuxième. Mais en deuxième mi-temps, on a bien défendu, et Cittadella n’a pas tiré au but. Et puis on marque ce but de l’égalisation dans les dernières secondes qui nous envoie définitivement en Serie A.

On a commencé à pleurer, à courir partout. En plus, c’est le destin que Bocalon marque ce but, car c’est le seul mec qui vient de Venise et qui habite à dix minutes du stade.

Quand Riccardo Bocalon inscrit ce but dans le temps additionnel, que se passe-t-il dans ta tête ?C’est fini ! Les joueurs de Cittadella, ils sont morts, il ne peut plus rien nous arriver. On a commencé à pleurer, à courir partout. En plus, c’est le destin que Bocalon marque ce but car c’est le seul mec qui vient de Venise et qui habite à dix minutes du stade.

Que vous a dit votre coach Paolo Zanetti, plus jeune coach de Serie B (38 ans), à la pause ?Que c’était à Cittadella d’aller nous marquer ce deuxième but, qu’on avait encore notre destin en mains. Et surtout, que pendant l’entraînement, on a fait à plusieurs reprises des phases où l’on défend à quatre contre huit, à cinq contre neuf et qu’on ne prenait pas de but. Il nous a demandé de nous rappeler de ces exercices, que c’était pour ce cas de figure que l’on travaillait cela toute l’année. Zanetti, c’est un coach qui étudie extrêmement bien ses adversaires, qui est joueur, et on l’a vu cette saison : on a gagné des matchs, on en a perdu certes, mais aucune équipe ne nous a impressionnés et réellement dominés de bout en bout sur l’année.

Le problème, c’est qu’en France, personne n’a cru en moi. Au niveau personnel, c’est une belle revanche.

Quand on regarde ton parcours, tu es né à Marseille, mais tu as toujours évolué en Italie en professionnel, de la Serie D aux portes de la Serie A aujourd’hui. Quel regard portes-tu sur ta carrière ?(Il coupe.) Le problème, c’est qu’en France, personne n’a cru en moi. Au niveau personnel, c’est une belle revanche. Quand j’étais à Cannes, j’étais sur le point d’aller travailler. Le foot, c’était fini pour moi, car ils ne m’ont pas gardé au centre de formation. Quand j’ai appris que je n’étais pas conservé, mon père m’avait dit : « Je te laisse dix jours pour trouver une solution, sinon tu vas commencer à aller distribuer des CV. » Par chance, pendant ces dix jours, un agent m’a appelé et je suis parti faire des essais en Italie. La suite, c’est ma carrière.

Vingt ans après, Venise va donc retrouver la Serie A. Et toi, tu faisais quoi il y a vingt ans ?Il y a vingt ans, j’avais onze ans et j’étais sûrement à l’école, du coup. (Rires.) En tout cas, c’était quelque chose que je ne pouvais pas imaginer, ça c’est clair. Je jouais encore au quartier en France.

Il y a encore aujourd’hui beaucoup de joueurs bien plus forts que moi en Serie C et en Serie D.

En 2017, on avait interviewé Ivan Pelizzoli que tu as côtoyé à Piacenza et qui ne comprenait pas pourquoi tu jouais en Lega Pro (D3) et pas « au moins en Serie B » à ce moment-là. Comment expliques-tu que tu aies dû attendre 2019 pour arriver à ce stade-là ? Il y a plein de gens dans le monde du foot qui me l’ont dit au cours de ma carrière. Moi, je pense qu’il y a encore aujourd’hui beaucoup de joueurs bien plus forts que moi en Serie C et en Serie D à l’heure actuelle, mais tant que tu ne gagnes pas le championnat avec ton équipe passé 25 ans, c’est difficile de jouer au-dessus. J’ai eu de la chance de gagner la Serie C avec Trapani, sinon je ne serais peut-être pas là aujourd’hui.

Quel est le mec à Venise que l’on doit suivre l’année prochaine en Serie A ?J’ai bien aimé le Norvégien Dennis Johnsen (23 ans) qui est arrivé de l’Ajax l’été dernier. Il faut qu’il s’habitue un peu à l’Italie, mais il a des qualités très importantes.

Quand on regarde ton parcours, tu es allé aux quatre coins de l’Italie. Quels sont les endroits/clubs les plus importants dans ton parcours de footballeur ou d’être humain ?Il y a deux endroits où ça s’est bien passé : Piacenza, en Serie D, où on a gagné le championnat en battant le record de points (96) et l’année d’après j’ai mis onze buts en Serie C. Ensuite, c’est à Trapani en Sicile tout simplement, car ils m’ont acheté à la suite de mes performances à Piacenza. Ils descendaient de Serie B, ils m’ont offert trois ans de contrat. La première année en Sicile a été très dure au niveau personnel, car ça changeait totalement de la vie que j’avais dans le Nord, au point de retourner en prêt à Piacenza au bout de cinq mois. Quand je suis arrivé à Trapani, c’était le bordel : c’était Marseille il y a vingt ans ! Où tu allais, on te reconnaissait, la circulation… il fallait s’y habituer. L’année d’après, avec Vincenzo Italiano comme coach (actuel entraîneur de Spezia en Serie A, NDLR), ça s’est super bien passé, on s’est éclaté avec un groupe magique et on a gagné le championnat de Serie C. Et regarde : j’ai tellement aimé Trapani finalement que cet été, je pars en vacances là-bas !

Il y a douze ans, tu as côtoyé quelques mois Leonardo Bonucci à Pise. Dans trois mois, tu pourrais l’affronter sur une pelouse de Serie A. Ce serait l’apothéose de ta carrière ?Pour être honnête, je ne m’en rappelle même plus. (Rires.) Mais en revanche, affronter des ténors européens comme la Juventus, Milan ou l’Inter, ce sera l’apothéose de ma carrière évidemment. Je ne réalise pas encore totalement, mais arriver en Serie A, c’est un rêve. Il y a quatre ou cinq ans, je ne pouvais même pas l’imaginer, car j’étais dans le creux de la vague. Plus personne ne me voulait.

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