Un poste de numéro 9 qui lui convient à merveille
« Chez les jeunes, Anthony a toujours joué en pointe. Il est technique, puissant, adroit devant le but... À ce poste-là, il était déjà très au-dessus des autres. » Anthony Briançon, coéquipier à Lyon
Bridé depuis plusieurs saisons sur un côté, l’attaquant tricolore retrouve cette année enfin le poste qui est le sien, sur le front de l’attaque. Et force est de constater que c’est bien là qu’Anthony Martial est le meilleur. C’est en effet dans cette position que le Français avait pu exploser à Monaco il y a cinq ans et c’est ici encore qu’il évoluait parfois lors de sa première saison (2015-2016) – la plus réussie – chez les Red Devils, sous les ordres de Louis van Gaal. « Chez les jeunes, Anthony a toujours joué en pointe. Pour moi, c’est ici qu’il est le plus performant, souligne le Nîmois Anthony Briançon, qui l’a côtoyé au centre de formation de l’Olympique lyonnais. Il est technique, puissant, adroit devant le but... À ce poste-là, il était déjà très au-dessus des autres. » Dans l’esprit d’Ole Gunnar Solskjær, tout est très clair : Martial est LE numéro neuf des Red Devils. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si, il y a un peu plus d’un an, le coach norvégien reprochait à son attaquant de ne pas inscrire plus de « buts moches » . Un son de cloche qui n’a pas changé. Face à Sheffield, les deux premiers buts de Martial ont été marqués en vrai renard des surfaces, tandis que le troisième est à la conclusion d’une superbe action collective, ponctuée par un une-deux d’école entre Rashford et le Français. « Le troisième but était joli, s’est pourtant contenté de dire Solskjær aux médias après le match. Mais pour moi, le premier et le deuxième étaient meilleurs. Il est dans la surface, prêt à passer à l'action. Nous avons travaillé là-dessus et il a fait preuve de sang-froid. » Un vrai neuf. Et le Norvégien en sait quelque chose.
La perte de confiance sous Mourinho
Cette réussite, aujourd’hui évidente, en ferait presque oublier les heures plus sombres qu’a connues l’attaquant outre-Manche. Il faut dire qu’il n’a pas été vraiment aidé par José Mourinho. Sur le banc mancunien pendant deux saisons et demie, le Portugais a d’abord privilégié Zlatan Ibrahimović, puis Romelu Lukaku à la pointe de l’attaque mancunienne, cantonnant le Français à un poste sur l’aile, voire même souvent au banc de touche. Pire, l’actuel coach de Tottenham n’a cessé de multiplier les déclarations fracassantes envers l’international tricolore. À tel point que sa crise de confiance traversée sous les ordres du Special One aurait pu (dû ?) le faire quitter Manchester. À l’été 2018, son agent Philippe Lamboley assurait en effet que le départ de son protégé était imminent. Un concours de circonstances l’obligera finalement à rester dans le nord de l’Angleterre. Et comme toujours, Martial a continué de bosser. Sans broncher. Sans faire part de ses états d’âmes, non plus. « C’est vraiment quelqu’un de très discret et réservé, se souvient Briançon. D’ailleurs, quand il est sorti face à Sheffield, il a été filmé sur le grand écran du stade lorsqu'il était sur le banc et il était super gêné. Ça le représente bien. »
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— Canal Football Club (@CanalFootClub) June 24, 2020
Avec sept saisons pleines accomplies chez les professionnels et déjà près de 300 matchs joués en carrière, on en oublierait presque qu’à seulement 24 ans, l’ancien buteur monégasque possède encore « une grosse marge de progression » , selon Briançon. Et ses 210 rencontres accumulées sous le maillot des Red Devils doivent l’aider à exploiter pleinement celle-ci. Pour retrouver l’équipe de France de manière plus régulière ? Appelé lors du dernier rassemblement en mars – finalement annulé par la pandémie de coronavirus –, Martial avait toutes ses chances de figurer dans la liste pour le prochain Euro. Mais le report de la compétition pourrait finalement profiter au natif de Massy, qui prouverait enfin à Didier Deschamps sa capacité à faire preuve d’une régularité qui lui a tant manqué durant son début de carrière. Présent à l’Euro 2016, mais absent lors du mondial 2018, celui qui compte aujourd’hui 18 sélections (un but) a conscience qu’une place à la pointe de l’attaque des Bleus devrait se libérer à court ou moyen terme. Il ne tient qu’à lui de la prendre.
Par Félix Barbé Propos d'AB recueillis par FB.
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