Laurent Viaud : « Il y a un vrai risque de perte d'identité et de dynamique »
Laurent Viaud est un autre « ancien » du SCO, responsable des U17 au centre de formation pendant une décennie avant de partir gérer les U19 du Stade rennais l'été dernier. Pour lui, formé et lancé comme joueur pro à Angers, le départ annoncé du trio Mangani-Traoré-Thomas constitue déjà une révolution : « Ce sont les représentants de la période faste du SCO, le symbole d'une réussite, sportive et humaine. » Sur le principe, il peut comprendre que « les joueurs ne sont pas éternels, qu'à un moment, la dimension physique les rattrape, ou que le besoin d'assurer un renouvellement s'impose » . Néanmoins, il croit que la transition aurait gagné à être plus douce. « Entre le départ de Stéphane Moulin et de son staff l'été dernier, et celui d'au moins trois cadres historiques en même temps, cela fait beaucoup, il y a un vrai risque de perte d'identité et de dynamique. » Car à en croire Laurent Viaud, ces joueurs n'étaient pas simplement des tauliers sportifs, mais aussi des garants d'un état d'esprit. « Des hommes simples, humbles, qui étaient irréprochables notamment dans l'attitude vis-à-vis des plus jeunes joueurs et des gamins du centre de formation. »
Le plus dur est à venir pour Gérald Baticle
Aujourd'hui, l'ancien milieu de terrain de Rennes et Monaco assure qu'il a « mal » quand il lit les propos de Romain Thomas sur les raisons de son départ. « Préserver l'esprit d'un club, c'est important, et sportivement, quand on voit les saisons de ces joueurs ou ce qu'Hilton et Dante ont fait dans d'autres clubs, on peut imaginer que d'autres solutions existaient. » Reste à savoir si le gros turn over dans la génération finaliste de la Coupe de France 2017 a un lien avec la vente pressentie du club. « Peut-être que les potentiels futurs acquéreurs veulent créer une structure et une équipe à leur image, cela arrive souvent dans le monde de l'entreprise, mais c'est risqué. » Surtout, quand on regarde ce qui existe ailleurs dans le monde du football, « à Lyon ou dans de gros clubs étrangers, on essaie de ménager une belle sortie aux anciens, voire de leur trouver un rôle dans le club après leur carrière, c'est un moyen de préserver une identité et une continuité des valeurs. » L'été dernier, l'intronisation de Gérald Baticle à la place de l'historique Stéphane Moulin était apparue comme un important risque de cassure de la belle dynamique du club depuis 2014-2015. Elle ressemble désormais à une simple formalité en comparaison à la saison qui s'annonce.
Par Nicolas Jucha Propos de Laurent Viaud recueillis par NJ, ceux de Romain Thomas extraits d'une interview pour Ouest France
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