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Ameth Fall, le rêve italien

Par Eric Marinelli
Ameth Fall, le rêve italien

Ameth Fall a quitté le Sénégal pour l'Italie en 2007 dès l'âge de 15 ans. Avec une seule idée en tête : devenir joueur professionnel de football. Aujourd'hui, il a trouvé son havre de paix du côté de l'île d'Ischia et est en passe de réaliser pleinement son rêve. Portrait.

« J’ai toujours eu le rêve de devenir footballeur professionnel. » Ameth Fall a désormais 24 ans, mais il n’a pas oublié la douce ambition qui animait ses premières foulées sur la terre mère. Avec calme, il abonde : « J’y pense depuis l’époque où je jouais sur le sable au Sénégal. C’est le rêve de tous les jeunes Africains et de tous ceux qui partent vers l’Europe jouer au foot. C’est un rêve commun. » Un rêve pour lequel l’attaquant sénégalais n’hésite pas à s’envoler vers l’Italie dès l’âge de 15 ans, en février 2007. Un peu plus de huit ans plus tard, le rêve a pris vie. Ameth foule aujourd’hui les pelouses de Lega Pro (la troisième division) avec l’Ischia Isolaverde, club éponyme de l’île d’Ischia, à quelques encablures de Naples. Un petit coin de paradis qu’Ameth aurait pourtant pu ne jamais voir. Car son chemin dans la Botte a été plus que tortueux. Le secret de sa réussite est confié par son ami d’enfance Baba Gueye, de Dakar, et précisément de la commune des Parcelles Assainies, Unité 6 : « Ameth avait une réelle capacité de réussir parce qu’il a tout de suite eu un côté très pro. Bien sûr, il avait un énorme potentiel technique, mais je pense surtout que c’est son professionnalisme qui a fait la différence. » Et il en fallait, pour surmonter toutes les embûches qui se sont présentées sur son chemin. Parcours d’un rêveur qui n’a jamais baissé les bras.

Recherche de club en vélo et cours de langue avec la femme du président Renzi

Retour en février 2007. Ameth débarque en avion en Émilie-Romagne et trouve refuge à Rimini chez le frère de son beau-frère qui lui offre le logis en compagnie d’autres compagnons de fortune. Mais alors qu’Ameth s’apprête à peine à fêter son seizième anniversaire des rêves plein la tête, la réalité le rattrape très vite : « Après deux mois, ils m’ont dit :« Mon pote, ici en Europe, il faut payer tes dépenses. » » L’offre présentée est la même que pour nombre de ses compatriotes : vendre des CD sur la plage. « C’est un boulot que je respecte, j’aurais même pu le faire si ça avait été pour aider ma famille. Mais j’ai refusé parce que mon unique objectif était de devenir footballeur professionnel. C’est la seule chose à laquelle je pensais » , se remémore Ameth. Le jeune homme ne se contente alors pas d’affirmer son ambition. « J’ai pris mon vélo et je me suis arrêté au premier terrain que j’ai vu. » Ce sera le terrain des équipes de jeunes de Rimini. Ce qu’Ameth ne saisit pas immédiatement : « C’était écrit« Giovanili Rimini ». Moi, je pensais que c’était le terrain de l’équipe première. Je ne parlais pas un mot d’italien à cette époque. »
Qu’importe, son français suffit à lui décrocher un test. Son talent fait le reste. À tel point que Rimini n’hésite pas à prendre des risques : « À cette époque, je n’avais pas encore de papiers. Il fallait avoir un titre de séjour pour jouer, mais à Rimini, ils me faisaient jouer même si je n’y étais pas autorisé » , confie Ameth, sans langue de bois. « Ils prenaient la licence d’une autre personne pour que je puisse jouer. Mais ils le faisaient pour m’aider. J’avais besoin d’être sur le terrain et de jouer pour me faire repérer. » En attendant, Ameth s’intègre progressivement, grâce à l’aide du président de Rimini, Roberto Renzi : « C’est comme un père pour moi. Il m’a expliqué beaucoup de choses sur la vie en Europe. Son fils, sa fille et sa femme m’ont aussi beaucoup aidé. Sa femme m’a même donné des leçons d’italien. Ça m’a aidé à accélérer mon apprentissage de la langue. » Trois ans plus tard – titre de séjour en poche -, Cesena vient toquer à la porte. Après un an en Primavera, c’est le début du tour d’Italie en prêt. Les premières galères aussi.

Contrat bloqué, suspension et matchs truqués

Nous sommes en juillet 2010, et Ameth Fall débarque une première fois à Bellaria, dans la province de Rimini, en Serie C2 (défunte 4e division). Pour sa première expérience professionnelle, l’attaquant sénégalais inscrit 3 buts en 14 matchs, mais est envoyé au Nord à Lecco dès janvier 2011. Cependant, la Fédération italienne bloque le contrat : « J’ai été bloqué, car j’étais extracommunautaire. Mais j’ai fait appel à un avocat et j’ai gagné le jugement. » Libre de jouer, Ameth inscrit 7 buts en un an et demi de prêt avec le club lombard. Suffisant pour attirer l’œil de Catania qui lui réserve toutefois le même sort. Le Sénégalais retrouve ainsi Bellaria en prêt où il casse la baraque d’entrée avant d’être rattrapé à nouveau par la Fédération : « J’ai mis trois doublés lors des trois premiers matchs de la saison. Mais ensuite, j’ai été suspendu trois mois par la Fédération parce que j’avais joué avec de faux documents avec les jeunes de Rimini. » Il ne retrouvera plus le chemin des filets. Nouvelle saison, nouveau prêt, là encore chez une vieille connaissance. Fall revient effectivement à Rimini où il réalise une saison pleine avec 11 buts.
Le contrat avec Catania arrive alors à son terme, et Ameth signe à Barletta dans les Pouilles, en Lega Pro. La saison est une réussite au plan personnel. Beaucoup moins au niveau collectif. Barletta révèle à Ameth les méandres du football italien : « Ici en Italie, il y a une façon de faire qui n’est pas toujours honnête. L’argent a trop d’influence et ce n’est pas bon pour les joueurs et le football » , argue-t-il, avant d’étayer. « Quand je vois certaines choses… Comme des coéquipiers qui se mettent d’accord avec les autres équipes, ce sont des choses qui ne devraient pas arriver. » D’autant plus que l’honnête fronde est dangereuse : « Si tu te rebelles dans le vestiaire, ils te disent que c’est toi qui n’est pas normal. C’est ça le plus dégueulasse. Si tu cherches à faire les choses de manière correcte, tu es mal vu ! » Heureusement, la supercherie est révélée, et Ameth peut rebondir à l’Ischia après une signature avortée à la Salernitana. De quoi enfin envisager sereinement l’avenir.

Comparaison avec Balotelli, objectifs et projets

C’est effectivement le sérieux du projet d’Ischia qui a convaincu Ameth Fall : « C’est un nouveau club (refondé en 2011, ndlr), avec des dirigeants sérieux qui ont envie de faire les choses bien, dans les règles. Je connaissais déjà le coach aussi, et son discours m’a conforté » , explique Ameth. La saison a d’ailleurs bien commencé pour l’Ischia qui a remporté ses deux premiers matchs en championnat, tandis que Fall a déjà inscrit 3 buts (1 en championnat, 2 en coupe). Avec ses 80 kilos et son 1m86, l’attaquant sénégalais engendre de plus en plus les comparaisons avec Mario Balotelli. Ce qui n’est pas pour lui déplaire, même s’il nuance : « Ça me fait plaisir, je suis fan de lui ! Mais quand je vois qu’il se comporte mal en dehors du terrain, ça me touche. Parce qu’il est noir comme moi et c’est comme si c’était moi qui me comportait mal. Ça doit être un joueur qui donne l’exemple. » Ameth a toutefois noté les efforts de son homologue : « Ça va mieux depuis son retour à Milan. Contre l’Udinese, j’étais vraiment content quand il a marqué. J’ai jubilé(rires). »
Sans doute parce qu’Ameth connaît bien les tourments de SuperMario. Pour cause, dès son premier passage à Rimini, Ameth a été victime des débordements des supporters adverses. Mais il fait la part des choses : « C’est plus une question d’ignorance que de racisme. Je ne pense pas que ces gens aient vraiment des problèmes avec notre couleur. Moi, je reste toujours calme avec ces choses là. Je ne réagis pas. Je danse même pour leur montrer que ça ne me touche pas. Je ne réagis pas à la provocation. Je fais mon boulot et je danse. La vie, c’est « Hakuna Matata ». » Ameth voit de toute façon la vie en rose depuis un peu plus d’un an. Il s’est effectivement marié avec sa compagne italienne et rêve désormais de fonder une famille et d’ouvrir une boutique de mode afro-italienne. Une plénitude qui lui permet de donner le meilleur de lui-même sur les terrains et de viser plus haut : « Mon objectif est au minimum d’aller en Serie B. Que ce soit en janvier ou l’année prochaine » , ambitionne-t-il ainsi. Avec une motivation supplémentaire : « Mon père est aux États-Unis. Je ne l’ai pas vu depuis que j’ai six ans. Je veux aussi devenir quelqu’un pour le rendre fier. Je veux lui prouver que je ne suis pas venu en Italie pour rien. » Ameth Fall touche son rêve du bout des doigts.

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Par Eric Marinelli

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