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ACTU MERCATO

Amateurs et mercato : à la pêche aux indemnités

Par Quentin Müller
Amateurs et mercato : à la pêche aux indemnités

Le foot amateur, on en rigole, on le plaint et on lui fout volontiers une béquille. Pourtant, dans les textes, il reste solidement protégé par la FIFA et l'UEFA. Les deux instances assurent en effet à celui-ci une indemnité à la formation en cas de fuites de ses jeunes pousses. Malgré tout, c'est à lui de rester vigilant.

L’ACBB a formé une bonne poignée de gamins devenus professionnels. Mieux que quiconque, le petit club de la banlieue parisienne sait faire valoir ses droits. Franck Scandit, employé à l’AC Boulogne Billancourt et coach U18, est un homme polyvalent. Lui a vu défiler pas mal de jeunes gamins talentueux, partis dans de grandes structures professionnelles tenter leurs chances. C’est le quotidien des petits clubs de football obligés de céder leurs pépites à des recruteurs, intermédiaires, agents, faux agents… Dans tous les cas, que le joueur soit majeur ou non, le club formateur touche ou touchera une somme correspondant au temps de formation du bambin.

Magnifique CSC

Mais pour encaisser, les dirigeants du club formateur doivent rester vigilants. En plus de ses entraînements quotidiens, Franck Scandit suit donc le parcours de ses anciennes ouailles, histoire d’enclencher le « mécanisme solidarité » . « Quand un joueur nous a appartenu et est transféré dans l’avant-dernière ou sa dernière année de contrat, on touche un petit quelque chose. » Pour cela, Franck doit rester attentif à chaque mercato. « Je suis à l’affût sur des sites comme soccerway ou transfermarkt pour me tenir au courant des derniers transferts des joueurs qui seraient passés par notre centre de formation. » En effet, ni la FIFA, ni l’UEFA, ni les deux clubs concernés par le transfert d’un tiers ne tiendront informé le club amateur du transfert et de la somme dûe. C’est donc aux clubs d’effectuer un travail de traçabilité de leurs protégés devenus professionnels, au risque de passer à côté de quelques pépettes.

Ce fut le cas avec Kamil Zayatte, l’actuel défenseur guinéen de Sheffield Wednesday. Franck et ses collègues avaient quelque peu oublié son existence. « Un jour, le doyen du club regardait le Boxing Day sur Canal et, par hasard, il est tombé sur Zayatte qui avait marqué un splendide but contre son camp. Heureusement que son CSC était repassé en boucle, sinon on serait passé à côté d’indemnités. » Hull City, puis, plus tard, le club turc de Konyaspor paieront l’addition sans aucun souci. « On avait dû envoyer un mail en turc. Mais bon, aujourd’hui, c’est moins galère qu’avant où tu devais aller à la poste envoyer plein de recommandés. » Franck et son entourage ont rarement, voire jamais eu de soucis, que ça soit pour des clubs du Qatar pour Issar Dia, d’Angleterre pour Ben Arfa, Olivier Kemen et Madron ou de Suisse et de Turquie pour Zayatte. « C’est plus dans les pays de l’Est que ça pêche. Eux veulent tout payer en cash et n’aiment pas trop les réglementations » , précise-t-il.

« Mikael Mandron, ça nous a rapporté près de 35 000 euros »

L’AC Boulogne Billancourt a toujours pratiqué l’option « mécanisme solidarité » mis en place par la FIFA. L’instance dirigée – encore – par Blatter est d’ailleurs capable d’intervenir, en faisant pression sur le club récalcitrant. Par le biais d’un prélèvement de 10 % sur le salaire du joueur. Puis pouvant aller jusqu’à la retenue de points. « Nous, quand on croit au potentiel d’un de nos joueurs, on préfère « mécanisme solidarité » parce qu’on sait qu’après, tous les 3-4 ans, on va toucher une somme pouvant aller jusqu’à 50 000 euros selon la catégorie du club(il y a quatre catégories selon le niveau ndlr). Pour nous, c’est du bonus, c’est comme si c’était un sponsor. Ça nous permet de racheter du matériel. » Son club a récemment encaissé un joli chèque après le départ de Mikael Mandron à Sunderland, alors que le gamin était à peine majeur. « Pour Mandron, on a touché à peu près 35 000 euros. Et tu vois, un joueur comme ça, s’il n’est pas directement intégré à l’équipe première, ça n’est pas forcément que pour l’aguerrir, c’est parce qu’aussi le club qui achète le joueur doit respecter la clause. Celle qui veut que le garçon face un an dans leur centre de formation, puis intègre le banc de touche l’année suivante avant de faire quelques apparitions en équipe première. C’est pour ça que le coach là… (Paolo Di Canio, ndlr) avait lancé quelques fois Mandron en fin de match. S’ils respectent ça, ça leur coûte moins cher sur le court terme. » Auquel cas, Sunderland aurait été obligé de reverser, dès la venue de Mandron, des indemnités de formation comprises entre 10 à 30 000 euros par année de formation.

Aujourd’hui, Franck espère que le Franco-Écossais, actuellement prêté à Shrewsbury Town, sera un jour revendu un bon prix dans un club un peu plus huppé. Ce jour-là, il s’armera de sa calculatrice : « C’est à nous aussi de calculer la somme à laquelle nous avons droit. En gros, on multiplie le nombre d’années du gamin au club par 0,25. Ça nous donne un chiffre qu’on traduit en pourcentage. Et ce chiffre final, on le multiplie à la somme du transfert. » Ou quand un coach amateur se reconvertit en professeur de mathématiques. Si l’ACBB a pris le coup de main, beaucoup de clubs amateurs connaissent encore assez mal leurs droits. Ou le désenchantement d’un football toujours plus procédurier, aurait conclu Max Weber.

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Par Quentin Müller

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