Actions discrètes
Si la saison du jeune attaquant semble enfin avoir démarré, son acclimatation dans le Piémont ne fut pas toujours une partie de plaisir. Débarqué mi-juillet en provenance de la capitale espagnole, Morata se blesse au genou le lendemain de sa présentation à la presse. Première désillusion pour les dirigeants turinois, et premier coup dur pour le gamin formé entre l'Atlético Madrid et Getafe. En signant chez le triple champion d'Italie, Álvaro Morata espère récupérer le temps de jeu que le Real n'a jamais vraiment su lui offrir. Raté, la Vieille Dame lance sa saison sans lui et avec un autre Espagnol aux avant-postes, Fernando Llorente, confortablement installé dans le onze type de la Juve depuis l'été 2013.
En retard physiquement sur le reste du groupe, Morata avance à petits pas jusqu'au mois de décembre, se contentant des bouts de match que Tévez et Llorente veulent bien lui laisser. Pour voir sa première titularisation, il faut attendre le 22 octobre et le déplacement en Grèce sur la pelouse de l'Olympiakos. La Juve est défaite 1-0, Morata dispute l'intégralité du match, mais n'empêche pas l'hémorragie. Alors que l'équipe n'est pas au meilleur de sa forme, les tifosi commencent à s'impatienter. En huit apparitions, l'Espagnol, acheté 20 millions d'euros au Real Madrid quelques mois plus tôt, n'a inscrit qu'un petit but sans délivrer la moindre passe décisive. Par chance, son compatriote et ami Fernando Llorente n'est guère plus efficace. Sauf que lui est titulaire à tous les matchs et que son inefficacité commence sacrément à se voir. Au soir de la trêve, Llorente a marqué 5 buts en 1465 minutes (toutes compétitions confondues) et délivré deux assists. Alors forcément, quand on cherche du temps de jeu, ce genre de statistique a tendance à aider.
Tout vient à point à qui sait attendre
À vrai dire, le match référence d'Álvaro Morata contre Dortmund était à prévoir. Depuis le début de l'année et la reprise du championnat, l'Espagnol ne cesse de monter en puissance et pèse de plus en plus sur le front de l'attaque turinoise. Au point d'avoir convaincu Massimiliano Allegri de le titulariser en lieu et place d'un Llorente très loin de son rendement de l'année dernière. C'est simple, sur les six derniers matchs de la Vieille Dame en Serie A, Morata a joué autant que lors des dix-huit précédents. Sans parler des deux rencontres de Coupe d'Italie contre Parme et le Hellas Vérone où l'ex-Madrilène a marqué à chaque fois (Morata qualifie la Juve face à Parme douze minutes après son entrée en jeu). Décisif, rapide, percutant, disponible, intelligent dans son placement, l'Espagnol a toutes les qualités requises pour s'imposer dans un club comme la Juventus. Et y rester ? En signant à Turin l'été dernier, Álvaro Morata a accepté d'être racheté par le Real Madrid en juin 2016 pour 30 millions d'euros s'il souhaite rejoindre le pays qui l'a vu naître. Interrogé la semaine passée par la Gazzetta dello Sport, Carlo Ancelotti s'est montré pessimiste quant à un retour du jeunot : « Álvaro avait besoin de jouer. C'est un jeune garçon, et c'est lui qui a exprimé le désir de s'en aller pour trouver plus d'espace et de continuité. Nous n'avons pas de regrets. Son départ était un choix bien réfléchi, également parce que nous avons des jeunes joueurs tout aussi intéressants. Dans le contrat de Morata, il y a également une clause de rachat pour le Real, mais je crois qu'il va rester à la Juve... »
Avec un Coman encore fragile pour le très haut niveau, un Llorente à l'arrêt, un Pepe rongé par les blessures et un Matri dont on a déjà oublié le retour en janvier, Morata a effectivement toutes les cartes en main pour devenir le nouvel homme fort du onze d'Allegri. Et ainsi former avec Carlos Tévez le duo d'attaque le plus couru d'Italie. Il y a quelques semaines, lors d'une interview avec une radio espagnole, le joueur évoquait son avenir en ces termes : « Quand je peux le faire, j'essaye de suivre les matchs du Real d'ici. J'espère qu'ils gagneront tout en Espagne, mais si nous les rencontrons en Ligue des champions, j'espère que nous passerons. J'ai un contrat avec la Juventus, je suis heureux ici et je ne pense à rien d'autre qu'au blanc et noir. Penser à autre chose ne m'intéresse pas. » Ça tombe bien, les Vieilles Dames aiment généralement beaucoup les petits jeunes.
Par Morgan Henry
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