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Alpha Kubota, le Samuraï des Sangliers

Par Alexandre Delfau
Alpha Kubota, le Samuraï des Sangliers

À la rencontre d'Alpha Kubota (24 ans), seul joueur japonais de National 2, qui fait le bonheur de Sedan depuis l'été dernier et dont le rêve ultime est de défendre les couleurs de son équipe nationale.

Un coup franc à trente mètres, une frappe limpide, une lucarne nettoyée, un gardien sur les talons. Inscrit lors de la deuxième journée, le premier but de la saison du CS Sedan Ardennes est un chef-d’œuvre. La trajectoire est presque celle d’un tir de la feuille morte, spécialité d’un certain Olivier Atton, héros du dessin animé Olive et Tom. Celui qui l’a reproduit à merveille a lui grandi avec Captain Tsubasa, la version originale du manga japonais.

Son père lui a interdit de jouer au base-ball

Né à Tokyo le 19 juillet 1996, Alpha Kubota fait le bonheur des clubs de National 2 depuis six saisons. Il laisse rarement indifférent, de par ses percées sur l’aile droite, et parce qu’il est le seul joueur nippon de la division. Mais pourquoi donc le gamin de l’une des trois mégalopoles mondiales a pris la tangente d’aller taper le ballon dans le fin fond de la France ? « J’ai commencé le foot en club à l’âge de six ans, au FC Bakaba, le club de mon quartier. Au Japon, c’est un jeu avec beaucoup de passes. Ils prennent exemple sur le jeu espagnol, car les joueurs sont petits et pas trop physiques, donc ils privilégient le contrôle-passe. Mais moi, mon premier club aimait les dribbleurs. Je pense que c’est pour ça que c’est mon style de jeu maintenant, rembobine le numéro 11 des Sangliers, qui a failli porter des crampons pour un autre sport. J’aimais beaucoup le base-ball et j’étais vraiment bon. À un moment, j’ai failli arrêter le foot pour m’y consacrer. Mais mon père me l’a interdit. Je ne regrette pas ce choix car le foot m’a permis de vivre tellement de choses. »

« Retourne dans ton pays, t’es trop noir »

S’il a donc aussi vite brillé balle au pied que batte en main, de mauvaises langues ont rendu inconfortable sa place sur les pelouses de l’archipel. « Au Japon, j’ai beaucoup été confronté au racisme. À l’école, je n’avais pas trop de problème, mais au foot, énormément. On me disait : « Retourne dans ton pays, t’es trop noir. »Je ne le racontais pas à mes parents. Je me disais que c’était peut-être juste moi qui étais différent. Ça m’arrivait tellement souvent que j’essayais de ne plus faire attention », raconte Alpha Kubota-Sawaneh, de son nom complet, dont la mère est japonaise et le père sierra-léonais.

Un essai aux Girondins obtenu grâce au freestyler Iya Traoré

La bêtise humaine ne le dégoûte pas du football, mais de sa pratique au pays du Soleil-Levant. Peu avant sa majorité, plusieurs clubs professionnels locaux lui font les yeux doux. C’est à ce moment-là qu’une autre opportunité s’offre à lui. Un certain Iya Traoré, freestyler hors pair et légende urbaine de Paris, entre dans la danse. « Mes parents m’ont poussé à tenter ma chance à l’étranger. Mon oncle Iya Traoré avait des contacts dans le monde du foot et m’a obtenu un essai avec l’équipe réserve des Girondins de Bordeaux, déroule Alpha Kubota. J’ai attendu de finir le lycée avant de venir en France, donc je me préparais physiquement seul, mais je manquais de rythme et de matchs en arrivant. Les Girondins m’ont dit que je n’étais pas prêt physiquement, mais qu’ils voulaient me garder. Ils m’ont donc prêté à Drancy. »

Le National 2, qui ne devait être qu’une étape, va finalement devenir son jardin. Il restera deux saisons en Seine-Saint-Denis, avant une autre à Montceau-les-Mines, deux à Épinal et ses valises sont aujourd’hui posées à Sedan. De sacrés changements pour le natif de Tokyo. « En arrivant en France, c’était tellement différent. La culture, le comportement des gens, la nourriture, la langue… Le français, on dit souvent que c’est une des langues les plus difficiles du monde. Je ne connaissais rien du tout, juste « ça va » et « bonjour ». Quand des gens m’expliquaient des choses, je faisais souvent semblant de comprendre. Mais je parle anglais, donc parfois, on s’arrangeait avec ceux qui le parlent aussi », explique-il dans un français désormais bien acquis.

« Ça fait deux ans que je n’ai pas vu ma mère »

La saison dernière, Alpha a vécu la plus belle épopée de sa jeune carrière : un quart de finale de Coupe de France atteint avec le Stade athlétique spinalien (défaite 1-2 face à l’AS Saint-Étienne). Mais comme pour beaucoup, la pandémie est venue heurter son rythme de croisière, lui qui avait marqué lors du 7e tour face à Sochaux (2-0) : « Le parcours en Coupe de France avec Épinal, c’était incroyable, ça reste mon plus beau souvenir dans le foot. Ma mère devait venir me voir au match contre Saint-Étienne, mais elle n’a pas pu à cause du coronavirus. Le corona a tout gâché, je devais rentrer au Japon cet été, je n’ai pas pu. Ça fait deux ans que je ne suis pas rentré, deux ans que je n’ai pas vu ma mère. »

Des sacrifices à répétition qu’il accepte malgré tout, dans l’espoir de réaliser son rêve : porter un jour le maillot bleu de l’équipe nationale du Japon : « Il faut qu’on fasse une grande saison avec Sedan, monter au niveau supérieur et peut-être que je pourrai me faire remarquer pour intégrer l’équipe nationale. » Un objectif que le club ardennais convoite depuis plusieurs années, pour enfin peut-être regoûter aux grands moments qui ont forgé son histoire. En attendant la reprise du National 2, le CSSA est 13e avec huit points en sept rencontres. Et Alpha Kubota lui, va tenter de donner des ailes aux sangliers.

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Par Alexandre Delfau

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