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Ajax, l’Europe dans la peau

Par Mathieu Faure
6 minutes
Ajax, l’Europe dans la peau

Ajax Amsterdam. Deux mots qui font monter la sève des amoureux du football. Quand l'Ajax joue en Coupe d'Europe, il se passe toujours quelque chose. Les amoureux du football se moquent globalement du championnat néerlandais, mais ne manquent jamais une petite sauterie continentale des Ajacides. Parce qu'entre l'Europe et l'Ajax, ce n'est qu'amour.

Quand on aime le football et la Coupe d’Europe, on aime forcément l’Ajax Amsterdam. Pas besoin de se farcir l’Eredivisie pour tomber amoureux du club amstellodamois. La scène continentale suffit. Il n’en fallait pas plus pour que le club au maillot le plus classe du monde entre dans le cœur de tous les romantiques. L’Ajax, c’est quatre C1 en vitrine, une C2 et une C3. Au-delà du palmarès, les Ajacides ont toujours su faire des matchs européens un spot publicitaire à ciel ouvert. Pour conquérir les cœurs, il faut du temps certes, mais il faut surtout pécho. Et dans ce domaine, l’Ajax est emballant.

Première étape : l’approche (1965-1969)

Avant de ramener une fille dans son lit, il faut cravacher. Un coït, ça se mérite. Pour devenir le Don Juan du football, l’Ajax a d’abord galéré. Personne ne voulait s’amouracher de ce gentil club sans envergure. Puis Rinus Michels est arrivé. Ancien joueur professionnel, le garçon avait surtout des idées tactiques à mettre en place, une nouvelle technique de drague qu’il savait infaillible. Pour ce faire, Michels a cassé les codes. Dans une époque où le catenaccio avait permis à l’Inter Milan de choper deux fois la C1 (1964 et 1965), Michels va faire avancer tout le monde et notamment son libero. Là où les Italiens plaçaient l’homme libre derrière la défense, Michels va le replacer devant. À l’Ajax, où il débarque en 1965, c’est Vasović qui va dépuceler le poste. Mais le roi de la drague va encore plus loin puisqu’il a la folle idée d’enflammer le dancefloor avec le « mouvement permanent » . La meilleure tactique pour approcher une femme depuis le « je baille – je m’étire – mon bras termine derrière ton épaule au cinéma » . Pour Michels, tout le monde devait défendre et attaquer. Cette mise en application du football total exigeait des joueurs une condition physique irréprochable et une grande polyvalence. Autant dire qu’il fallait être capable d’enflammer les boîtes de nuit sur toutes les musiques. C’est comme ça qu’Arie Haan, défenseur de formation, débuta au milieu.

Dans cette folie, Michels s’offre un « wing man » de talent : Johan Cruijff. L’Ajax s’entraîne avant chaque sortie en boîte. Pour comprendre cette révolution, il suffit de se replonger dans les séances de l’époque. Une folie. Par exemple, chaque mardi, Michels programmait un entraînement sans ballon. C’était condition physique uniquement. Dès lors, les Ajacides se rendaient dans un parc où tout le monde s’enquillait trois bornes et demie de footing. La suite ? Michels séparait l’équipe en trois groupes : les défenseurs, les milieux et les attaquants. Tout était soigneusement étudié. Les attaquants s’élançaient en premier ; puis les défenseurs et enfin les milieux. Chaque groupe avait comme objectif de rattraper le groupe parti avant. Ainsi, une fois en soirée, les garçons pouvaient adapter leurs courses pour préserver l’équilibre entre les lignes. Un bordel dans un cadre strict et discipliné. C’est l’époque du flower power. Le football se révolutionne. Mais il faut quand même garnir le lit avec des pépettes. Finalement, Michels braque trois championnats (66, 67 et 68), une Coupe (67) et s’offre une finale de la Coupe des clubs champions contre l’AC Milan en 1969, perdue 1 à 4. Une chose est sûre, la technique marche, puisque les filles remarquent l’Ajax. Maintenant, il faut conclure.

Vidéo

Seconde étape : le premier baiser (1969-1971)

Michels passe la seconde. Il veut en finir avec les soirées qui s’arrêtent à l’échange de regards. Il faut aller parler aux filles. Mieux occuper l’espace. C’est finalement l’Anglais David Winner qui va retranscrire par écrit l’évolution de cette approche dans son bouquin Brilliant Orange : The Neurotic Genius of Dutch Football. Le pitch : les Néerlandais savent se mouvoir dans des petits espaces du fait de la densité des Pays-Bas. Rien qu’à Amsterdam, la ville phare, on doit s’arranger avec les canaux pour se dégager de l’espace. Dès le départ, les Bataves sont habitués à jouer coller les uns contre les autres. Pour ne rien perdre de tout ça, Michels demande à tous ses zouaves de draguer de la même manière. Le système de jeu est identique dans chaque catégorie d’âge, chaque numéro correspondant au même poste. Au vrai, l’Ajax, ce n’est pas que le jeu. C’est aussi la discipline, l’humilité et le travail. C’est donc logiquement qu’en 1971 la coupe aux grandes oreilles termine enfin dans la besace ajacide. La finale – remportée 2 à 0 contre le Panathinaïkos – n’est pas un match fou en soi, mais c’est le premier d’une longue série. Oui, l’Ajax a mis l’Europe dans son lit avec une technique et une approche uniques au monde.

Troisième étape : le coït (1972-1973)

Maintenant que madame semble amoureuse, il faut la mettre au fond. Terminer les passes, il faut marquer. L’Ajax s’offre donc un threepeat incroyable avec deux victoires finales en 1972 et 1973. 72 est une confirmation, 73 un chef-d’œuvre avec le Real, le Bayern et la Juventus au menu. Soit trois bombasses. Les partitions sont récitées à merveille. L’Ajax sait jouer simple, ce qui est beau, mais l’Ajax fait surtout les bons choix au bon moment. Sur le pré, le collectif s’efforce de trouver la meilleure solution à chaque moment. Et ça donne lieu à deux saisons incroyables sur le toit de l’Europe. Des beatniks talentueux.

1972

Demi-finale 1973

1973

Vidéo

Quatrième étape : le retour de couche (1995-1997)

Rinus Michels et Stefan Kovács ne sont plus là, l’Ajax peine d’ailleurs à exister en C1 malgré le passage de Marco van Basten ou Denis Bergkamp dans ses rangs. Il faudra l’arrivée du sémillant Louis van Gaal pour voir l’Ajax faire de nouveau peur. Le 4-3-3 est toujours là. L’envie de divertir les spectateurs également. L’Ajax commence d’ailleurs par se moderniser. On passe dans l’ère du ticket de métro, du string et des dessous coquins. Fini le côté naturel. Pour plaire à nouveau, l’Ajax doit paraître jeune. C’est ainsi que le club décide de quitter son vieux centre d’entraînement de Voorland pour intégrer l’académie De Toekomst ( « le futur » , en néerlandais) situé à deux doigts du nouveau stade. Le pélican qui officie aujourd’hui à MUFC prend alors en main une équipe de mômes. « Un jeune ne peut rester un an de plus à l’Ajax que s’il a progressé » disait Van Gaal en 1995. C’est pour ça que la génération qui s’offrira l’AC Milan en finale de 1995 porte l’empreinte maison : Kluivert, Kanu, Seedorf n’ont pas 20 ans. Overmars, les frères De Boer, Van der Sar et Davids ont moins de 25 ans. À Vienne, tout est parfait. Sauf le maillot mythique. Un an plus tard, l’Ajax est de nouveau en finale face à la Juventus. Avant la finale, Van Gaal sort du lit et parle de son club : « À l’Ajax, il ne suffit pas d’être un bon joueur. Il faut acquérir la philosophie de jeu maison, c’est-à-dire s’épanouir au sein d’une collectivité qui privilégie la vitesse de jeu et une technique individuelle irréprochable. Et chercher à dominer, jouer son jeu en toutes circonstances, sans tenir compte de celui de l’adversaire. » Moralité, en trois ans, l’Ajax braque une C1 (1995), fait une finale (1996) et une demi-finale (1997). Tout le monde s’achète le maillot Umbro de l’Ajax et flambe en soirées. Les filles des années 90 ont plus de dureté que celles des années 70, mais la méthode marche encore.

Finale 1995

Demi-finale 1996

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