Pour répondre à la facilité, on va prendre un critère tout aussi facile pour vérifier cette affaire : les statistiques... À 39 ans, Zlatan Ibrahimović a joué des centaines de matchs et il a marqué un demi-millier de buts. Parmi les victimes : le PSV, Valence, la Lazio, la Fiorentina, le Bayern Munich, le Real Madrid, l’Atlético, Arsenal, l’Ajax, la Juventus, le Napoli, le Barça, Chelsea, Manchester City, Liverpool, l’Inter, l’AC Milan, la Roma... Ce n'était pas des grands rendez-vous ? On fera comme si les matchs contre des équipes comme le Feyenoord, l’OL et l’OM n’étaient pas des matchs importants dans leur contexte pour ne pas parler de ses buts contre eux, mais l’ironie de l’histoire nous fera remarquer qu’il avait déjà marqué contre le LOSC par le passé. Il a aussi crucifié les gardiens de l’Espagne, de l’Allemagne, de l’Italie ou du Portugal. Ce n’était pas des grands matchs que n’importe quel joueur a envie de jouer, non plus ? On taira ses performances contre la France ou son but de taré contre l’Angleterre en matchs amicaux. Il a marqué dans tous les championnats, dans quasiment toutes les compétitions, dans de nombreuses affiches, lors de huitièmes, de quarts, de demi-finales, de finales, lors de matchs internationaux importants pour son pays. C’est un rappel des faits simple, voire simpliste - il n'y a vraiment que les buts qui comptent ? - mais qui n’a pas moins de valeur qu’asséner, solide sur ses appuis, que le Suédois passerait au travers de tous les grands rendez-vous.
Le plus dur, comme on l’a dit, ce n’est pas de répandre une idée fausse. Bien au contraire, c’est ce qui demande le moins de preuves et d’énergie. Le plus dur, ce n’est pas non plus de démonter cette idée fausse. Non, le plus dur, c’est d’y apporter de la nuance. À l’inverse de ceux qui entonnent la rengaine du « Zlatan est nul dans les grands matchs » dès que l’adversaire les arrange, personne n’affirmera que Zlatan Ibrahimović est toujours extraordinaire dans les grands rendez-vous. L’ancien joueur de l’Ajax, du Barça ou du PSG, champion des Pays-Bas, d’Italie, de France et d’Espagne, sacré plusieurs fois par le passé meilleur buteur de Serie A ou de Ligue 1 et actuellement de la sélection suédoise, onzième buteur de l'histoire de la Ligue des champions – coincé entre ces petits attaquants que sont Di Stéfano et Eusébio – est un joueur indispensable, quand il n’est pas le danger numéro 1, de chaque équipe où il passe, et il est surveillé comme tel par les joueurs du camp d'en face. Mais, malgré toutes ses qualités et son expérience, il peut évidemment passer au travers, ça arrive. Encore heureux, sinon ça fait belle lurette que tout le monde le comparerait à Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi, et qu’on en parlerait par exemple chaque année dans les candidats au Ballon d’or (sa meilleure performance restant une 4e place en 2013) ou qu'on essaierait de glisser son nom à l'heure de dresser des classements des 10 ou 20 meilleurs joueurs de l'histoire. Chose que personne n’a ou ne fait sérieusement. Peut-être même pas lui-même, c’est dire !
Par Pierre Maturana
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