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À Mouscron, Lille annexe la Belgique

Par Maxime Delcourt, à Mouscron
4 minutes
À Mouscron, Lille annexe la Belgique

Depuis l’été dernier, le LOSC est devenu l’actionnaire majoritaire du du Royal Mouscron-Peruwelz. Un accord de bon voisinage gagnant-gagnant qui permet à Lille d’envoyer ses jeunes pouces parfaire leur formation en D2 belge.

À Mouscron, tout le monde sait qu’ils sont là, mais personne ne saurait les désigner clairement tant l’équipe forme un tout. Pourtant avec cinq Lillois au sein d’un effectif de 29 joueurs, on aurait vite fait de les appeler « Les Autres » . C’est juste oublier que quinze petits kilomètres seulement séparent Mouscron de Lille. Autant dire les petits Français ne sont pas vraiment dépaysés. « Tout le monde travaille en parfaite harmonie avec l’envie constante de progresser. Le but étant d’œuvrer tous ensemble au renouveau du Royal Mouscron-Peruwelz » , nous confie monsieur le président Edward Van Daele.

Il faut dire que si l’on se sent rapidement chez soit au RMP, ça n’a pas toujours été le cas. Tout le monde ici a encore en tête le désastre du Royal Excelsior Mouscron, dissout en 2010. Mais vous comme nous savons que derrière chaque échec se cache un espoir, une lumière qui dit de persévérer. Et ça, Edward Van Daele, ancien président du Royal Excelsior Mouscron, le sait très bien : « Lorsqu’on s’est aperçus que le stade et le centre Futurosport étaient à l’abandon, on s’est juste dit que ce n’était pas possible. Il était hors de question qu’on fasse pousser des pommes de terre dans un stade homologué à l’échelle européenne au sein duquel on avait dépensé des dizaines de millions d’euros. » Ni une, ni deux, la machine redémarre. Mieux, le désormais Royal Mouscron-Perulwez affiche clairement ses ambitions en proposant un fonds de jeu intéressant, une stabilité financière et un noyau hiérarchique soudé. « Mais pour réussir dans notre mission, on s’est vite rendu compte qu’il fallait qu’on s’associe. Et comme en Belgique, ce n’était guère possible à cause du particularisme propre à ce pays, on s’est tourné vers le LOSC. En quelques mois, les deux parties avaient convenu d’un accord progressiste. En clair : au bout de deux ans, on devait être remontés en D2. » C’est désormais chose faite ! Et Lille est depuis cet été l’actionnaire majoritaire du Royal Mouscron-Peruwelz.

« Trop forts pour s’aguerrir en CFA française.. »

Ce partenariat critiqué par certains supporters historiques est pour Eward Van Daele « une vitrine formidable pour les deux clubs. Nous, on s’ouvre au marché français, et eux, s’ouvrent au marché belge. » Une façon aussi d’assurer, avec ambition et pragmatisme, l’avenir du RMP aux côtés d’un des clubs les plus stables de l’Hexagone. Et si, au sein d’une collaboration sportive, la politique ne peut être dissociée du projet sportif, c’est ce dernier aspect qui intéresse ici. Car si le RMP profite aisément de l’image et des installations sportives du LOSC (les entraînements du club belge se déroulent au sein du domaine de Luchin), ce sont bien les jeunes talents du champion de France 2011 qui en sont les principaux bénéficiaires. Parmi eux, John Jairo Ruiz, 18 ans à peine et fier de pouvoir jouer régulièrement dans une équipe première de division 2 belge : « C’est une très bonne idée de la part de Lille de prêter ses jeunes joueurs. A à peine 18 ans, je n’aurais certainement pas joué une minute cette saison au LOSC. » S’il concède volontiers que le temps de jeu est un souci permanent, John ne cache pas sa satisfaction d’être resté proche de Lille : « L’ambiance est très bonne ici. Entre tout le monde. D’ailleurs, à ce niveau-là, je ne vois pas beaucoup de différences avec le LOSC. En plus, à quelques détails près, la formation suivie est la même. Sauf qu’ici, j’ai un temps de jeu qui me permet de gagner en régularité. » C’est justement cet avantage, ce petit plus, que tente d’expliquer Edward Van Daele : « Ces joueurs sont trop jeunes pour percer en première division française. Mais trop forts pour s’aguerrir en CFA. Donc je pense que l’occasion de venir jouer à Mouscron est vraiment bénéfique pour eux. Ils sauvegardent leur valeur économique et sportive en venant ici. »

Oui, mais voilà, malgré cette expérience professionnelle en tant que titulaire ou semi-titulaire, ces Mouscronnois d’adoption n’ont aucune garantie concernant leur avenir au sein du club. Vont-ils rester et s’affirmer ? Vont-ils retourner à Lille et cirer les nouveaux bancs du Grand Stade ? Seul l’avenir pourra le dire. John Jair Ruiz, lui, ne s’en inquiète pas trop : « Je laisse cette décision aux deux clubs. Si je peux continuer à progresser à Mouscron, ce serait génial, mais je serais ravi de retourner à Lille dans le cas contraire. » Oui, enfin, si retourner au LOSC signifie écouter les conseils de Túlio De Melo, mieux vaut tenter sa chance ailleurs.

Par Maxime Delcourt, à Mouscron

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