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A la recherche du temps perdu

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A la recherche du temps perdu

La mini-crise qui agite l'Olympique Lyonnais trouve ses racines dans un lent déclin qui remonte à 2007. Seul remède : enfiler une panoplie de survivant dont raffolent d'ordinaire les équipes de Claude Puel.

Si elle a quelque peu rassuré ses supporters quant à une éventuelle qualification pour les 1/8èmes de finale, la victoire de l’OL en Israël contre l’Hapoël n’a guère modifié la trajectoire du club rhodanien. Paradoxalement, la défaite, contre le cours du jeu, samedi dernier à Gerland contre le voisin honni stéphanois avait davantage convaincu les fans lyonnais. Une défaite encourageante, qui plus est à domicile, voilà donc un signe qui prouve que quelque chose a changé au sein du septuple champion de France. Comme si le crépuscule des années fastes venait de poindre à l’horizon ; comme si le club de Jean-Michel Aulas s’en retournait à sa nature profonde.

Sa nature profonde ? Celle d’un club sans histoire, qui sait gérer les cahots et étouffer le chaos, où la passion se déguste tout en mesure. Un peu comme Bordeaux. Deux villes au milieu du pays, l’une à l’ouest, l’autre à l’est, deux cités “centristes” d’où la déraison semble exclue. De tous les grands cycles du football français (Reims, Saint-Étienne, Marseille, PSG), Girondins et Rhodaniens sont les seuls à ne pas avoir déclenché d’engouement national. D’un autre côté, on y a appris la patience. Il a fallu quatorze ans à Aulas et aux siens pour décrocher leur premier titre (1), une Coupe de la Ligue, forcément falote en 2001. En vingt-trois ans, les dirigeants lyonnais n’auront limogé qu’un coach, Guy Stephan en 1996. Aussi, il faudrait un véritable cataclysme pour que Claude Puel ne finisse pas la saison. A contrario, une troisième saison sans breloques signifierait sans doute la fin du voyage pour l’ex-entraîneur du LOSC. Cette mini-crise, qui les renvoie à leurs fantômes d’antan, va néanmoins obliger les Lyonnais à un véritable examen de conscience.

La défaite du week-end dernier et le statut de leader des Verts rappelle à l’opinion générale le célèbre axiome de Roger Rocher qui pérorait alors qu’ « en matière de football, Lyon sera toujours la banlieue de Saint-Étienne » . Même si ce n’est plus vrai depuis longtemps, même si Gerland a appris à devenir un stade bouillant certains soirs, même si la moyenne de spectateurs penche désormais du côté de Bellecour, l’OL pourrait méditer sur la chute du club français le plus titré de l’histoire. Peut-être que Lyon a laissé passer sa chance d’accéder au rêve en technicolor de JM Aulas en 2005 (élimination injuste contre le PSV aux tirs au but en ¼ de finale de la C1) et 2006 (même punition au même stade de la compétition contre le Milan, battu à la 88ème minute sur une faute de carres d’Abidal). Mieux : on pourrait situer le sommet du club à la première partie de la saison 2006/2007. A la trêve, les coéquipiers de Coupet comptaient 50 points sur 57 possibles (16 victoires, 2 nuls, 1 défaite). Le titre était déjà acquis. Le début des ennuis, le commencement de l’inexorable chute commence alors avec une défaite stupide à Troyes chez la lanterne rouge dans les dernières minutes. Un mois plus tard, après un nul dans la cité éternelle, la Roma vient corriger le champion de France chez lui (0/2). Plus rien ne sera tout à fait comme avant. Houllier finit la saison tant bien que mal et l’OL ne retrouvera jamais une équipe comme celles de 2004/2005 et de 2005/2006, même si celle de la première partie de la saison suivante était peut-être la plus forte de toutes. La présence en demi-finale en avril dernier doit beaucoup en revanche à l’incapacité du Real à tuer le match retour à Bernabeu et à l’inexplicable écroulement bordelais.

Au fil des ans, tout ce qui faisait la force de l’orchestre rhodanien s’est envolé : les cadres majeurs –sur le terrain comme dans la coulisse– ont commencé par être atteints par la limite d’âge (Govou, Cris, Coupet) ou sont partis dans un plus grand club (Essien, Malouda, Abidal, Tiago, Diarra) ; l’incroyable “magic touch” du club en matière de recrutement s’est tari : le pont aérien lillo-lyonnais (Keita, Bodmer, Makoun, Bastos) n’a pas été très heureux à l’exception de ce dernier ; l’axe avec le Brésil pareil (Kleber Anderson, Fabio Santos, Fred à un degré moindre et que dire des atermoiements à propos d’un joueur pour le coup très prometteur Nilmar). Reste le (presque) sempiternel problème du coach. Au moment de remplacer Houllier, Aulas rêvait de Deschamps et il optera pour Perrin qui, malgré un doublé coupe-championnat en 2008 (qui ressemble fort à un hold-up), ne fera jamais l’unanimité. Pire : il rendra son tablier au bout d’un an.

Le cas Claude Puel est encore plus singulier. Il a déjà survécu à deux saisons sans le moindre titre. Seule consolation, une place en demi-finale de la Champions grâce, on l’a vu, à la “bienveillance” du Real Madrid et de Bordeaux. Le Castrais a pourtant bénéficié d’un recrutement XXL l’an dernier et plutôt consistant cette saison (Briand, Gourcuff, Diakhaté). Comme Vahid, son prédécesseur à Lille, il semble taillé pour les clubs d’un calibre intermédiaire d’où les cracks sont absents. Dans les grandes collectivités, ses méthodes psycho-rigides passent mal auprès des stars de l’effectif. Sa propension à ne pas faire d’exception indispose les Lisandro et autres Bastos. Il n’a pas la souplesse et la subtilité psychologique d’un Mourinho ou d’un Ancelotti. Ses joueurs ne l’adorent pas et peut-être que sa volonté –à l’instar de Luis– de se mêler aux jeux et aux footings (où il excelle) en indisposent quelques-uns.

En ces temps difficiles, l’Olympique Lyonnais doit aussi composer avec l’autre Olympique de l’hexagone, celui de Marseille. Depuis que le duo Diouf-Anigo l’a remis sur pied d’un point de vue financier, le club phocéen joue aussi la C1 tous les ans. Comme l’OL qui en a bénéficié avant lui, il touche les dividendes qui vont avec. Des ressources qu’il accroit via la part fluctuante des droits TV, liés aux retransmissions et aux… résultats. Multi-diffusé puisqu’incroyablement populaire et champion de France, la dynamique est en faveur de Marseille depuis que Didier Deschamps a mis fin à la malédiction, vieille de dix-sept ans, en raflant le titre. Les trajectoires des clubs se croisent et, après sept journées, les indicateurs ne plaident guère en faveur du nouveau club de Yoann Gourcuff. Il n’empêche, les équipes de Claude Puel (l’ASM, le LOSC, l’OL) déteignent toujours sur lui, elles ont toutes acheté une panoplie de survivant et une escadrille qui peut aligner Briand, Lisandro et Bastos en attaque, Toulalan, Pjanic et un Kallström, pimpant en diable depuis le début de la saison, au milieu, sans compter quelques jokers de luxe comme Delgado, Makoun ou Ederson (2), ne devrait pas être éloignée du titre au final. Chiche ?

(1) : Exception faite du titre de champion de L2 de 1988.

(2) : On pourra y ajouter cinq des six champions d’Europe U-19 dont certains sont aux portes d’une place de titulaire comme Pied. Le sixième, Tafer, a été prêté à Toulouse.

Après la trêve internationale, place au festin !

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