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À Chicago, avant Michael Jordan, il y avait le Sting

Par Éric Maggiori
À Chicago, avant Michael Jordan, il y avait le Sting

Le succès de la série-documentaire The Last Dance, dédiée aux Chicago Bulls époque Jordan, est l'occasion de revenir sur les exploits d'une autre équipe de Chicago : le Sting. Fondée en 1974, cette franchise de soccer va remporter deux fois la NASL, et va même éclipser, pendant un temps, l'équipe de basket de la ville.

La scène n’aura pas échappé aux fans de football. Elle se passe au début du premier épisode de The Last Dance, la série documentaire dédiée aux Chicago Bulls et actuellement disponible sur Netflix. Alors que le reportage replace le contexte des années 1980, appuyant sur le manque de popularité des Bulls avant l’arrivée de Jordan, une brève image d’un joueur de football en maillot noir et short jaune apparaît. Jerry Reinsdorf, le propriétaire des Bulls depuis 1985, rembobine : « Les Blackhawks(équipe de hockey, N.D.L.R.)avaient des supporters un peu partout, mais les Bulls, rien. Au Chicago Stadium, le Chicago Sting, une équipe de futsal, attirait plus de monde que les Bulls. » Difficile à croire. Une équipe d’indoor soccer plus populaire qu’une équipe de NBA aux États-Unis ? Cela mérite un approfondissement. Et un petit retour en arrière.

Mustang Heritage

Une première correction, déjà, aux propos de Reinsdorf. Le Chicago Sting n’était pas qu’une « équipe de futsal ». Les réduire à cela serait d’ailleurs une grossière erreur historique, puisque c’est bien sur gazon, en extérieur, que le Sting a écrit les plus belles pages de son histoire. La franchise est fondée en 1974 par Lee Stern. Le Sting récupère alors l’héritage des Chicago Mustang, équipe qui avait participé en 1967 à la première saison de la United Soccer Association (l’équipe était alors composée de joueurs de Cagliari, histoire dingue, N.D.L.R.), puis, en 1968, à la saison inaugurale de la NASL. Dès l’année suivante, la ville de Chicago se retrouve sans club de foot, et ce, jusqu’à la fondation du Sting en 1974. Le nom de la franchise vient d’ailleurs du film à succès The Sting, sorti en 1973, et dont l’action se déroule dans le Chicago des années 1930.

Dès sa fondation, le Chicago Sting intègre donc la NASL avec, à sa tête, Bill Foulkes, qui avait fait partie des Busby Babes de Manchester United. Foulkes ramène avec lui dix joueurs anglais, parmi lesquels Gordon Hill, qui fera plus tard carrière à United. Niveau popularité, on ne peut pas franchement dire que cela se bouscule au portillon. Le premier match à domicile se dispute devant 4500 personnes, tandis qu’en moyenne, 4300 spectateurs assisteront aux matchs au Soldier Field. Seul un match amical disputé face à la Pologne rameutera quelque 14 000 fans. La première saison du Sting se termine en eau de boudin : l’équipe manque les play-offs pour un petit point, après avoir perdu le match décisif aux penaltys. Les penaltys à l’américaine, évidemment.

La colonie allemande

C’est en 1976 que l’engouement autour du Chicago Sting commence à grandir dans la ville. Le déclic, c’est probablement ce match disputé face au New York Cosmos de Pelé et Chinaglia. Devant 28 000 personnes (!), le Sting offre un récital et démolit 4-1 les stars new-yorkaises. Le club se qualifie pour les play-offs, mais se fait éliminer dès le premier tour par le Toronto Blizzard. Mais la mayonnaise a du mal à prendre, et le soufflé semble totalement retomber en 1978, quand l’équipe commence sa saison par… dix défaites consécutives. Les fans désertent le stade, et le Sting réalise la pire moyenne d’affluence de son histoire, avec seulement 4100 spectateurs. Sur le banc, l’Allemand Will Roy a remplacé Bill Foulkes. Et a ramené avec lui une colonie allemande (Karl-Heinz Granitza et Jørgen Kristensen du Hertha Berlin, Arno Steffenhagen de Sankt-Pauli, Horst Blankenburg, ancien de l’Ajax), à tel point que l’équipe est désormais surnommée « Der Sting ».

Or, par son management, Roy va faire passer le Sting dans une nouvelle dimension. En 1979, le coach allemand recrute quatre joueurs : Wim van Hanegem (AZ), Luigi Martini, champion d’Italie en 1974 avec la Lazio, Thomas Sjoberg de Malmö, et Peter Ressel (ex-Feyenoord). Enthousiasmé par un jeu flamboyant (70 buts sur la saison, dont 20 par Granitza), le public regarnit les gradins du stade. Le Chicago Sting atteint pour la première fois les demi-finales des play-offs, et s’y incline face aux San Diego Sockers. Peu importe, le club s’apprête ainsi à entrer dans sa période faste.

L’arrivée de l’indoor et le premier sacre

De fait, en 1980, le Chicago Sting intègre également la NASL indoor, un tournoi de futsal regroupant 19 équipes et qui a lieu avant le début de la saison 1981. Le Sting se montre particulièrement à son aise dans cette nouvelle discipline : il termine en tête de sa conférence (13 victoires, 5 défaites), et se qualifie donc pour les playoffs. Il y écarte les Portland Timbers en quarts, puis les Atlanta Chiefs en demies. En finale, le Sting est opposé aux Edmonton Drillers. La franchise canadienne empoche la première manche (9-6), et pour la deuxième manche, disputée le 7 mars 1981, ce sont 16 257 spectateurs qui viennent soutenir l’équipe au Chicago Stadium. Malgré cela, le Sting s’incline 5-4. Consolation : Karl-Heinz Granitza remporte le titre de meilleur striker de la saison, avec 42 pions.

Boostés par leurs prestations en futsal, les joueurs de Willy Roy attaquent la saison 1981 de NASL outdoor le moral gonflé à bloc. Et le public est également au rendez-vous. Fin juin, le record est explosé pour un match face aux Cosmos : 30 501 fans garnissent les travées du Wrigley Field. La saison du Sting est une marche triomphale : les adversaires sont balayés un à un (la victoire 7-2 face aux Strikers de Fort Lauderdale est restée dans les mémoires), et le club se qualifie largement pour les play-offs. Où la tendance ne s’inverse pas : ni les Seattle Sounders, ni le Montreal Manic, ni les San Diego Sockers ne résistent à la furie des Chicagoans. Voilà le Sting au Soccer Bowl pour la première fois de son histoire. Et il ne va pas manquer le rendez-vous. Opposés au Cosmos de Chinaglia et Neeskens, le 26 septembre 1981, ils résistent pendant 90 minutes, puis parviennent à tenir encore pour emmener les New-Yorkais aux penaltys (0-0). Et à ce petit jeu des « shoot-out », ce sont eux qui s’en sortent le mieux, en s’imposant 2-1. Sept ans après sa fondation, le Chicago Sting remporte la NASL, et met ainsi un terme à 18 années sans le moindre succès pour la ville de Chicago, le dernier trophée en date étant la NHL remportée par les Chicago Bears en 1963.

Un dernier titre et puis s’en va

Forcément, la ville de Chicago est désormais à fond derrière le Sting. Quelques mois après le titre de champion outdoor, l’équipe de Will Roy attaque une nouvelle saison en salle. Et va péter le record du nombre de spectateurs pour un match indoor en Amérique du Nord, en attirant 19 400 personnes au Chicago Stadium. Et même si le club échouera au premier tour des play-offs, il aura eu le mérite de faire se déplacer en moyenne 13 300 spectateurs. À titre comparatif, lors de cette même saison 1981-1982, les Chicago Bulls ont attiré 9 088 spectateurs de moyenne… Cette période dorée va se poursuivre jusqu’en 1985. En effet, en 1984, alors que la NASL est en train de s’éteindre à petit feu (seulement neuf franchises prennent part à cette saison 1984), le Sting atteint pour la deuxième fois de son histoire la finale nationale. Il y affronte le Toronto Blizzard, et s’impose en deux manches gagnantes (2-1, 3-2), remportant ainsi son deuxième titre de champion. Quelques mois plus tard, le 28 mars 1985, la NASL annonce l’arrêt de son activité.

Le Sting ne va toutefois pas disparaître tout de suite. Pendant encore trois ans, il continue d’exister via le soccer indoor, en prenant part à la Major Indoor Soccer League (MISL), mais n’y fait pas franchement d’étincelles. De 1985 à 1988, la bande de Willy Roy ne parvient jamais à se qualifier pour les play-offs, et le public déserte petit à petit le Chicago Stadium (seulement 5000 de moyenne en 1988). La franchise connaît alors des problèmes financiers, et cesse finalement d’exister à la fin de la saison 1987-1988. Mais les habitants de Chicago vont vite passer à autre chose. Il faut dire que depuis 1984, ils avaient déjà trouvé une nouvelle occupation. Une occupation d’1,98m, venue de Caroline du Nord, et déjà destinée à devenir le plus grand joueur de basket de tous les temps.

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Par Éric Maggiori

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