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« 4 mois de boulot ruinés en deux minutes »

Propos recueillis par Anthony Cerveaux
7 minutes
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Clément est fan du PSG bien qu'il habite Albi. Il rêvait d'une grande manifestation des supporters parisiens pour améliorer l'ambiance du Parc. Il rêvait aussi d'un dialogue renoué entre le club et les supporters contestataires. Les incidents du Trocadéro l'ont durement ramené à la réalité.

L’histoire vraie du jour. Ce dimanche 19 mai à 15 h devait avoir lieu à Paris une manifestation des supporters contestataires du PSG. Derrière cet événement, l’investissement solitaire d’un supporter atypique du PSG : Clément Marty, 26 ans, jeune professeur en environnement, originaire d’Albi. Depuis 4 mois, ce supporter, qui n’a jamais été abonné au Parc des Princes, portait ce projet tout seul, en négociant avec les autorités et en contactant les supporters qui contestent l’ambiance actuelle du Parc. Clément devait prendre l’avion très tôt ce dimanche pour voir se réaliser son rêve. Suite aux incidents du Trocadéro, il a dû tout annuler. Il raconte son « écœurement » .

Clément tu as un profil atypique. Peux-tu nous raconter comment tu t’es attaché au PSG ?Je suis originaire d’Albi en Midi-Pyrénées mais je supporte le PSG depuis que j’ai 12 ans. J’aime Paris pour les équipes, les joueurs qui y sont passés mais aussi pour les groupes de supporters, les ambiances, les tifos du Parc des Princes. Pourtant, je n’ai jamais fait partie d’une association de supporters, je n’ai jamais été abonné au Parc des Princes non plus, j’y allais seulement quelques fois dans la saison. Depuis le plan Leproux, ça fait trois ans que je ne me retrouve plus dans ce club. Même quand on a été champion dimanche dernier, je n’ai pas ressenti ce que j’aurais dû ressentir!

Pourquoi ?La finalité du plan Leproux m’a mis hors de moi. Comment peut-on virer 13 000 supporters alors que seuls 200 ou 300 mecs étaient responsables ? Comment peut-on dire que c’est le prix à payer à des gens qui ont tout donné pour ce club depuis des décennies ? J’ai toujours eu de l’admiration pour les associations de supporters : leur côté populaire, la défense de l’histoire et de l’âme du club…. Même si c’est vrai que les choses ont dérapé en 2010 avec la mort d’un supporter. Mais maintenant, c’est le moment pour le club de rouvrir le dialogue avec ses supporters historiques.

Comment t’est venue cette idée d’une manifestation ?Quand les Qataris sont arrivés au PSG, ils n’étaient clairement pas satisfaits de l’ambiance au Parc. Un jour, j’ai lancé l’idée d’une manifestation sur un forum de supporters parisiens, il y a eu pas mal de réponses. J’ai poursuivi le truc en envoyant un mail au PSG, puis à la préfecture de police, sans nouvelles. Et puis 15 jours après, des gens m’ont appelé, l’équivalent des RG je pense, et ils m’ont posé plein de questions, notamment pour savoir si j’étais tout seul à gérer ça. Sur leurs conseils, j’ai envoyé une lettre appropriée à la préfecture. Il y a alors eu plusieurs échanges avec différentes personnes de la sécurité. Au troisième appel, la préfecture m’a dit que ma démarche pour une manifestation au Parc des Princes en marge d’un match du PSG n’était pas possible. En revanche, sur le principe, ils étaient prêts à l’autoriser dans Paris un jour où le PSG ne joue pas. Parallèlement, via différents réseaux sociaux, j’ai contacté des centaines de personnes pour exposer mon projet. Je me levais tous les jours très tôt le matin pour faire ça avant d’aller au travail, et je recommençai le soir en rentrant. Ça m’a pris un temps fou parce que je ne connaissais personne et personne ne me connaissait. Au bout d’un moment, les gens ont commencé à me prendre au sérieux, des leaders d’anciennes associations m’ont appelé pour savoir qui j’étais et ce que je voulais faire.

Quel était le but de cette manifestation ?Ce n’était pas une manifestation uniquement pour les ultras, mais pour l’ensemble du peuple rouge et bleu. Je voulais appeler à une insurrection des consciences, à un retour des vrais supporters du PSG pour que le Parc des Princes retrouve une âme et une histoire. J’en ai marre de constater que le PSG devient une marque. Le Parc est et sera toujours plein avec une équipe comme celle de cette année mais je ne vois pas comment le PSG peut être un grand club sans ses supporters. Et puis, contrairement à ce que croient les Qataris et les pouvoirs publics, l’actuel Parc pose aussi des problèmes : par exemple des faits de racket dont personne ne parle. J’ai eu de nombreux témoignages faisant état des insultes qui avaient souvent lieu au Parc des Princes. De nombreux pères de familles m’ont dit qu’ils n’iraient plus au Parc avec leurs enfants à cause de ça. La pacification du Parc est loin d’être complète, souvent les anciennes associations de supporters permettaient aussi de cadrer les gens. Le but était aussi de renouer un dialogue avec les dirigeants du PSG, car aujourd’hui le club refuse de discuter avec ses anciens supporters. J’avais d’ailleurs préparé une charte en ce sens avec les droits et les devoirs des supporters comme des dirigeants du PSG. Tout ça devait bien sûr demeurer pacifique.

Comment as-tu perçu les événements de lundi au Trocadéro ? J’ai très vite compris que tout s’effondrait pour moi. J’ai vu 4 mois de boulot ruinés en deux minutes. Alors que les gens qui ont cassé au Trocadéro n’avaient rien avoir avec cette manifestation, les ultras n’étaient pas mêlés à ça (des ultras parisiens ont bien participé à des incidents au Trocadéro du fait de tensions avec la sécurité du PSG, mais Clément parle ici des émeutes qui ont suivi la remise du trophée et dans lesquelles les supporters contestataires ne semblent guère avoir été impliqués, NDLR). C’était seulement des casseurs venus régler leurs problèmes avec les flics. Mais dans la soirée, quand j’ai entendu le discours de Bernard Boucault, le préfet de police de Paris, interdisant les futures manifestations du PSG, j’ai compris que c’était terminé. J’étais en pleurs toute la soirée de lundi, écœuré.

Comment as-tu été contacté par les autorités pour l’annulation de la manifestation ?Mardi, je devais signer l’agrément définitif qui autorise la tenue de la manifestation, mais la Préfecture de Police m’appelle finalement pour me dire que la manifestation est suspendue, donc pas encore annulée. Puis mercredi soir, changement de position, les autorités me disent : « M. Marty, je vous conseille fortement d’annuler votre manifestation, de toute façon, si vous souhaitez la maintenir, vous allez au-devant de gros problèmes… » Je ne voulais pas annuler mais je comprends que je n’ai pas tellement le choix. Jeudi matin, je donnais un cours, je reçois six appels de la part de l’État-major de la préfecture de police auxquels je ne pouvais pas répondre. Ils me demandent de leur envoyer un mail pour leur confirmer l’annulation, ils veulent que je précise bien que c’est une décision que j’ai prise et qu’ils m’ont seulement conseillé de le faire. En fait, c’est eux qui m’ont forcé à annuler cette manifestation. Jusque-là, les autorités avaient été correctes et honnêtes avec moi, mais je n’ai pas apprécié la pression qu’ils m’ont mise sur la fin. Ils auraient pu assumer et dire : « On vous refuse cette manifestation pour des raisons de sécurité » , mais là ils me font porter le chapeau. Pourtant, je pense vraiment que cette manifestation aurait pu changer les choses avec le PSG, parce qu’il y aurait eu beaucoup de monde et parce qu’elle aurait été très encadrée par les anciens abonnés qui auraient fait en sorte que tout se passe bien. Et puis je me dis que s’ils n’arrivent pas à assurer la sécurité pendant une manifestation pacifique, comment vont-ils faire pendant l’Euro 2016 lorsque de vrais hooligans déferleront en France ?

Que comptes-tu faire aujourd’hui ?J’aurais voulu que les pouvoirs publics me disent qu’ils allaient joindre les dirigeants du PSG, afin d’organiser une réunion et un dialogue avec les différents responsables des supporters contestataires puisque la manifestation ne pouvait pas avoir lieu mais bon… Du coup, je pense que je vais tenter une autre chose : essayer d’entrer directement en contact avec les dirigeants du club, leur faire passer la charte que j’avais rédigée. Mais honnêtement, j’en ai marre, je suis fatigué, j’ai été sous pression pendant trois jours et je me rends compte qu’au final, j’ai fait tout ça pour rien. J’ai été tout seul pour affronter ça pendant des mois. Je suis malgré tout fier d’avoir essayé de rendre justice à beaucoup de gens qui le méritent. Il faut continuer la lutte, mais une lutte constructive et réfléchie.

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Propos recueillis par Anthony Cerveaux

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