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  • CAN 2010 – Egypte/Ghana (1-0)

1er bilan : Pharaonique !

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1er bilan : Pharaonique !

Une fable de la Fontaine : les vieux crocos ont battu les jeunes lions... Troisième CAN d'affilée. Les Égyptiens étaient venus en Angola avec six étoiles blanches brodées sur leur tunique écarlate. Histoire de lancer un défi aux équipes mondialistes qu'ils ont presque toutes battues. La 7ème étoile (un record) ravive donc les regrets de ne pas les voir en Afrique du Sud. Long hommage quand même aux Pharaons...

Malaise… La meilleure équipe africaine ne représentera pas l’Afrique en Afrique (du Sud). Bien sûr, on doit réévaluer la valeur absolue des Fils du Nil à la lumière de paramètres qui relativisent ce statut. Les Pharaons ont été éliminés du Mondial 2010 à la régulière par l’Algérie. Ils préparent toujours la CAN en interrompant leur championnat un peu avant la compétition, ce que tous les autres pays ne peuvent pas forcément se permettre. Leurs regroupements en sélection sont plus aisés du fait qu’ils jouent quasiment tous au pays, à la différence des autres grosses écuries aux internationaux éparpillés. A ce titre, le fait de ne pas avoir de stars jouant dans les grands clubs européens prouve indirectement qu’à titre individuel, les Égyptiens ne sont pas très “exportables” sur le marché mondialisé (voir les échecs de El Hadary au FC Sion, de Mido à l’OM et Tottenham, ou de Shawky à Middlesbrough).
Et puis quoi d’autre ? Ah, oui ! Des décisions arbitrales parfois suspectes qui font tiquer les puristes (demi-finale de la CAN 2006 en Egypte 2-1 contre le Sénégal ou demi-finale contre l’Algérie 4-0 de cette édition angolaise). Tout ça est vrai. Et pourtant… Sans parler “d’exploit extraordinaire”, il faut quand même saluer la performance de l’Egypte et de sa triple couronne continentale. A ce propos, que la victoire de Luanda n’apparaisse même pas à la une de L’Equipe de ce lundi fâche un petit peu : c’est quand même la CAN, aussi moyenne que cette édition 2010 ait pu l’être. Sans doute qu’une victoire de “ténors” plus “bankables” comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, voire l’Algérie aurait été mentionnée en première page ?…

Supériorité tactique

Allons-y ! Déjà, l’Egypte est venue diminuée en Angola, privée de son stratège et buteur Abou Treika et de son attaquant Amr Zaki. Le coach Shehata a aussi écarté Mido, preuve de sa recherche de l’efficacité au détriment des droits acquis de “sénateurs” qui encombrent trop souvent les sélections africaines. Sans Amr Zaki, Shehata a fait confiance à Gedo, l’arme fatale et pièce maîtresse de son coaching avisé de fins de matchs : remplaçant, Gedo est souvent entré pour faire la différence, avec un bilan final de 5 buts (meilleur buteur du tournoi). Il faut revenir sur le but magnifique qu’il a marqué en finale contre le Ghana. Il est assez symbolique de la supériorité tactique absolue des Égyptiens en Afrique (avec le Ghana, l’autre grande école du football et d’une vraie tradition de jeu) : deux attaquants (Gedo et Zidan) ont mis KO quatre défenseurs ghanéens au terme d’un une-deux féerique et d’une frappe enroulée mortelle. Toute la puissance tactique des Pharaons se résume à ce but marqué à la 85ème. Pendant une heure, comme toujours, l’Egypte prend le jeu à son compte en usant l’adversaire tout en lui imposant en même temps un pressing draconien.
Le milieu à 5 (issu d’un 3-5-2) avec les créateurs Ahmed Hassan, Hosny et Ghaly monopolise le ballon avant de trouver l’ouverture vers les deux attaquants Zidan, Meteeb (et Gedo !). L’Egypte est la meilleure parce qu’elle dispose d’une vraie identité de jeu, portée vers l’attaque, avec une gestion parfaite des temps faibles grâce à ses milieux travailleurs (El Muhammadi et Moawad) et ses deux tauliers en défense, l’indéracinable Gomaa en stoppeur et El Hadary, depuis un bail le meilleur portier africain. A chaque conférence de presse, Shehata rappelle à ses interlocuteurs que son équipe « sait jouer au ballon » . Une phrase banale mais qui dans la réalité relègue loin derrière les soi-disant autres grosses sélections africaines, incapables de jouer en équipe (voir les affligeants Ivoiriens).
Des winners tout-terrain

L’Égypte présente l’antithèse d’un football africain qui dans l’ensemble peine à se structurer, malgré la manne de la FIFA (primes de qualification et de participations aux Coupes du monde, plus les subsides quadriennaux du projet World FIFA) et des droits TV que certaines grandes sélections génèrent à présent (en match amical, la Côte d’Ivoire est un client recherché par les grandes sélections européennes et sud-américaines). L’Égypte a un championnat avec des clubs riches qui lui permet de garder ses joueurs. La fusion entre ses clubs et la sélection atteint un degré de professionnalisme qui fait la différence à la CAN. Les Égyptiens arrivent à chaque compétition humbles et disciplinés, ponctuels et toujours bien préparés. Jamais d’éclats dans la presse, que de toute façon ils snobent…
Les Égyptiens sont les Allemands de l’Afrique : des winners tout-terrain, capables de l’emporter à domicile, ou à l’extérieur, au Ghana ou en Angola. Et ce, quelles que soient les circonstances : chaleur, humidité, terrains pourris, publics hostiles, inorganisation (vendredi, ils ont attendu 5 heures dans leur car avant de prendre l’avion pour aller jouer la finale à Luanda). Même attitude sur le terrain : les Pharaons restent toujours concentrés à 200 % dans leur match, jamais de panique, pas d’engueulades. Et les petites tricheries, les sales petites fautes à 30 mètres de leur but ? C’est vrai : c’est leur côté truqueur. Mais qui joue entièrement clean sur la planète foot ? Et l’arbitrage favorable ? Pas faux, non plus… Disons que l’Égypte bénéficie de par son statut d’une plus grande “mansuétude” des hommes en noir. Mais qui osera dire que c’est grâce à l’arbitrage que l’Égypte a enquillé ses trois victoires 2006-2008-2010 avec 20 matchs sans défaite grâce seulement à l’arbitrage ? En Angola, le bilan parle de lui même : 6 victoires, 15 buts pour et 2 buts contre. Même si le chef d’œuvre demeure la victoire au Ghana en 2008 (victoires 4-2 et 1-0 contre le Cameroun et un 4-1 sec contre la Côte d’Ivoire), avec un plateau relevé et aucune contestation possible.
A l’Algérie d’assurer

Il faut rendre hommage à ce vieux renard de Shehata, coach à succès des Pharaons, maintenu intelligemment par sa fédération après l’élimination de Khartoum. Combien de sélections africaines sacrifient-elles immédiatement après un échec leur sélectionneur, entraînant une instabilité endémique au sommet de leur foot national ? Cette plaie du football africain en rejoint une autre : Shehata, en place depuis 2004, n’est pas un “sorcier blanc” qu’on vient chercher au hasard et qu’on jette précocement après une défaite de trop. Une leçon à méditer à l’heure où la fédé Malienne vient de licencier son (bon) coach Stephen Keishi, en place seulement depuis avril 2008. En attendant la prochaine hécatombe ?…
Voilà. On regrettera que les Pharaons ne puissent se mesurer aux grandes équipes européennes et sud-américaines du Mondial 2010. Regrets d’autant plus vifs que lors de la Coupe des Confédérations 2009, ils avaient battu l’Italie 1-0, après une courte défaite 3-4 contre le Brésil (avant de sombrer, il est vrai 0-3 contre les USA). L’Égypte a perdu à Khartoum le seul match qu’elle ne devait pas perdre. A l’Algérie, donc, de se montrer brillante en Afrique du Sud ! L’avenir de l’Égypte tient sûrement dans son drame de Khartoum : il manque aux Pharaons de s’exporter enfin, de goûter au football européen pour en saisir les exigences du très haut niveau. Les Fennecs possédaient sur eux ce rare avantage de presque tous jouer en Europe, même dans des clubs secondaires. Le footballeur égyptien devra quitter les rives du Nil, quitter le cocon pharaonesque de l’entre-soi protecteur et partir à la conquête du monde, comme ses homologues africains, plus aguerris aux longues qualifications en coupes du Monde. Le colosse aux pieds d’argile qu’est l’Égypte n’est pas allé au Mondial depuis 1990. C’est indécent… Et ça remet en cause son statut de grande équipe mondiale. Pourtant la qualité est là : un Gomaa n’aurait pas déparé au sein de la défense axiale de l’OL. Et un Gedo a sûrement l’étoffe du buteur que recherchent Bordeaux, l’OM ou Paris, voire mieux. Aux Pharaons de quitter enfin la Vallée du Nil. Sous peine de se momifier.

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