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Yves Moraine : « J’ai même joué une saison à l’OM »

Propos recueillis par Flavien Bories
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Yves Moraine est avocat, mais surtout maire des 6e et 8e (celui du Vélodrome) arrondissements de Marseille. Cet ancien joueur de l’OM raconte sa passion pour son équipe de toujours et évoque le lien entre les hommes politiques et le club olympien.

Racontez-moi votre Olympique de Marseille.J’ai toujours été passionné de foot. De dix à vingt ans, je n’ai même pensé qu’à ça. J’ai joué au foot, gardien de but, entraîné des équipes de jeunes. J’ai été arbitre officiel deux saisons. J’ai même joué une saison à l’OM, saison 83-84, l’année où le Vélodrome était déjà en travaux pour l’Euro 84 et où l’OM évoluait en deuxième division au stade de l’Huveaune. Il n’existe plus, mais c’était le stade historique de l’Olympique de Marseille dans le 8e arrondissement.

Durant les années Tapie, j’étais abonné avec mon frère quelques années chez les ultras.

Durant les années Tapie, j’étais abonné avec mon frère quelques années chez les ultras. La passion, la folie, le souvenir terrible de Bari. La joie folle de Munich et les deux nuits sans dormir. L’épisode du Stade Vélodrome où on attend les joueurs qui rentrent de Munich et où, pour nous faire patienter, on nous repasse le match, et à la 44e minute, une explosion de joie dans le stade comme si les gens n’avaient pas vu le match. C’était la folie. Un grand souvenir aussi : le match trois jours après contre le Paris Saint-Germain avec cette victoire 3-1 au Vélodrome et ce but historique, mythique de Basile Boli à l’issue d’une action extraordinaire initiée par Abedi Pelé au centre du terrain. Même si parfois la passion s’est un peu émoussée au fil des mauvais résultats, mais surtout d’une mentalité que j’ai moins aimée, il ne se passe pas un match sans que – où que je sois – je me préoccupe du résultat de l’OM. Ça reste ancré. Les années Avi Assouly sur Radio France Bleu Provence où, en vacances, à l’autre bout de la France, on sort quelques minutes pour mettre ce qui était encore le vieux poste radio dans la voiture pour écouter le match. J’ai d’ailleurs le souvenir d’un match où l’OM était mené 4-0 face à Montpellier, on est remonté 4-4 et je crois même qu’on a gagné 5-4. Avi Assouly avait failli faire une crise cardiaque tellement il s’était excité au micro. Voilà, un vrai lien émotionnel. L’OM reste un élément de l’identité marseillaise parmi d’autres, ce n’est pas le seul, mais nous y sommes tous attachés, quel que soit notre métier, notre position sociale, le lieu dans lequel on vit. Il y a forcément un lien.

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Qu’est-ce que vous n’aimez pas dans l’OM actuel ?

Le public marseillais est prêt à tout supporter, à tout endurer, à condition qu’il y ait l’amour du maillot.

Ce que j’aime moins, c’est un peu cette absence d’envie. On peut avoir plus ou moins de moyens, tout ça n’est pas grave. L’année des minots, on n’avait pas un sou, mais il y avait une envie terrible. Il y avait des saisons où on n’avait pas la meilleure équipe de France, sous Deschamps par exemple, mais il y avait l’envie. Là, on a eu quelques saisons où il n’y avait pas la grinta, le mental. Le public marseillais est prêt à tout supporter, à tout endurer, à condition qu’il y ait l’amour du maillot.

Comment expliquer que l’amour du maillot et cet investissement des joueurs soient moins grands ?Il ne faut pas être naïf. L’amour du maillot ne fait pas tout. Pour jouer un rôle dans le foot moderne, même au niveau national français, il faut des moyens. Il faut espérer que l’acquéreur du club nous donne des moyens. Ensuite, les moyens ne suffisent pas. Il faut un encadrement technique, en particulier un entraîneur, une volonté à tous les niveaux de la hiérarchie du club qui donne de la fierté et de l’envie. Vous prenez le Barça, il y a d’énormes moyens, mais il y a en plus une très grande fierté. Le simple fait de jouer dans ce club donne aux joueurs l’envie de se surpasser, et ça, ça tient aux techniciens, à l’image qu’on donne à tous les niveaux du club, et il faut qu’on arrive à ça à l’OM.

Lorsqu’on est politicien, d’autant plus à Marseille, il y a un lien obligatoire à entretenir avec OM. Quelle est la relation entre l’homme politique et les supporters marseillais, qui sont de potentiels électeurs ?Pour ma part, je vais plutôt moins au stade maintenant que je n’y allais plus jeune. Je n’ai pas cherché à me montrer particulièrement, j’y vais de temps en temps, mais plutôt moins qu’avant. Après, j’ai des relations avec certains supporters, avec certains groupes de supporters, mais elles sont plutôt dues au hasard ou le fruit de rencontres personnelles. Je n’ai pas cherché à créer quelque chose de particulier. Je crois qu’il ne faut pas tout mélanger. Ça reste quand même une passion personnelle. Après, l’OM a aussi un intérêt économique et ça, j’y suis sensible. C’est clair que si le club marche bien, on a des gros matchs, ça fait travailler les hôteliers, les restaurateurs, les transports en commun, etc. C’est mieux que l’inverse ne serait-ce que sur le plan économique.

À Marseille, le club semble avoir une telle importance que lorsqu’on est maire ou qu’on souhaite le devenir, c’est un élément à prendre en considération.

Le club ne peut pas se désintéresser du maire. C’est la raison pour laquelle Margarita Louis-Dreyfus a eu constamment – même si c’était discrètement – des contacts avec Jean-Claude Gaudin pour le tenir informé de l’évolution de la situation.

Je pense que ce n’est pas aussi déterminant que ce qu’on pourrait penser vu de loin, de Paris ou autre, mais c’est sûr qu’on ne peut pas être indifférent à l’Olympique de Marseille et à son environnement. Encore une fois parce que c’est un des éléments de l’identité marseillaise. Le maire de Marseille n’a pas de pouvoir dans l’OM, mais en même temps, quand le club est vendu, le président du club et l’actionnaire majoritaire viennent l’annoncer à la mairie. Le lien entre le club et la mairie est si fort que le maire ne peut pas s’en désintéresser. Et à l’inverse, le club ne peut pas se désintéresser du maire. C’est la raison pour laquelle Margarita Louis-Dreyfus a eu constamment – même si c’était discrètement – des contacts avec Jean-Claude Gaudin pour le tenir informé de l’évolution de la situation, de même que Jean-Claude Gaudin a pris le soin de faire passer à l’actionnaire principal des messages, donc on ne peut pas être indifférent. D’ailleurs, très souvent, on a une histoire personnelle qui percute avec celle du club, le lien existe. Après, ce n’est pas non plus déterminant.


Pourquoi le club ne peut-il pas totalement se désintéresser du maire ? Le club n’est pas hors sol, il est pro sol, profondément enraciné dans l’histoire de la ville. Il doit compter avec ses clubs de supporters, la mairie, avec son environnement économique et social. Il faut qu’il y ait des liens, et meilleurs ils sont, plus efficace sera le club. Ça a toujours été le cas et ça continuera. Ce club aura toujours désormais un actionnaire, puisque c’est une société privée, mais il appartiendra toujours à Marseille et aux Marseillais.

Quelle est la place précise de l’OM dans la ville ?Il y a un fort lien psychologique, émotionnel. Quand l’OM marche, on sent une ambiance plus légère que lorsque l’OM n’est pas en forme. Les médias relaient beaucoup ce qu’il se passe à l’Olympique de Marseille. Il y une importance économique. Ce n’est pas pareil pour les hôteliers, les cafetiers, les chauffeurs de taxi ou même la ville à travers le stade. Après, fort heureusement, ce n’est pas l’Olympique de Marseille qui fait l’économie de la ville, mais si ça marche, ça y contribue un peu, pour un certain nombre de professions.

Comment avez-vous vécu la crise qu’a traversée l’OM ?On ne peut pas parler à mon avis de crise. On peut parler de résultats insuffisants, très insuffisants parce qu’à un moment, l’actionnaire principal, pour des raisons qui la regarde, n’a plus souhaité investir dans le club. Mais pour autant, le club a toujours été dirigé. Il n’est pas parti en capilotade, il s’est maintenu en Ligue 1, il n’y a pas eu de faillite et puis on savait que depuis deux ans, Margarita Louis-Dreyfus cherchait un acquéreur auquel elle allait poser des conditions précises. Jean-Claude Gaudin lui-même avait dit à Margarita Louis-Dreyfus ce qu’il en pensait, et aujourd’hui, la cession est en train de se faire. Donc on ne peut pas parler de crise. Ce n’est pas la période la plus florissante du club, mais ça a été bien dirigé. On a connu des périodes pires où il n’y avait pas d’entraîneur, de président, la faillite, la relégation en deuxième division, sans compter les problèmes judiciaires.


Que vous inspire le traitement subi par Vincent Labrune ?

Honnêtement, le traitement subi par Vincent Labrune ou, pire, Margarita Louis-Dreyfus n’a pas été correct quand on sait ce que le club doit à la famille Louis-Dreyfus.

Par principe, je n’aime pas la chasse à l’homme. On respecte les hommes, ça reste du sport, ça reste du football. On n’insulte pas, on ne violente pas. Tout ça n’est pas facile, personne n’est parfait. On peut faire des erreurs, on peut se tromper, mais le respect des hommes doit être toujours maintenu. Honnêtement, le traitement subi par Vincent Labrune ou, pire, Margarita Louis-Dreyfus n’a pas été correct quand on sait ce que le club doit à la famille Louis-Dreyfus. Je pense qu’il faut savoir raison garder. On était en droit de critiquer la façon dont le club était dirigé, mais pas s’en prendre aux personnes. Voilà.

Quelles sont les clés pour un dirigeant qui voudrait réussir à Marseille ?L’ambition et une bonne imprégnation de la réalité de la ville. Ça ne veut pas dire qu’il faut être marseillais, mais qu’il faut comprendre cette ville. Comprendre notamment le lien fort entre le club et les Marseillais. Encore une fois, on peut tout pardonner sauf de ne pas faire d’efforts.

On parle souvent des infréquentables qui traînent autour du club…

Partout où il y a de l’argent, il y a ce risque. Ça vaut dans les casinos comme dans le football, mais ce n’est pas spécifique à Marseille.

Partout où il y a de l’argent, il y a ce risque. Ça vaut dans les casinos comme dans le football, mais ce n’est pas spécifique à Marseille. Ensuite, je pense que si ça a été partiellement vrai il y a quelques années, ça l’est beaucoup moins aujourd’hui, du moins à ma connaissance, parce que s’agissant d’activités souterraines, elles ne sont pas faciles à déceler, mais je pense que les choses se sont quand même améliorées. Il faut remarquer au moins une chose : l’Olympique de Marseille est un club très contrôlé. Pour chaque président, il y a eu une enquête judiciaire. Je suppose que s’il y avait des choses de ce type, elles auraient été mises en évidence.

Comment voyez-vous le futur de l’OM ?On est clairement dans une année de transition. Une première partie avec un actionnaire, la deuxième sûrement avec un autre, probablement un changement de président en cours. Une équipe qui n’a pas fait l’objet de très gros investissements, encore une fois, on verra bien quel est l’esprit, car l’essentiel, c’est l’esprit. Il faut espérer que cette année soit une rampe de lancement pour des succès futurs.

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Propos recueillis par Flavien Bories

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