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Welbeck, l’enfant marqué au fer rouge

Par Romain Duchâteau // Propos de Danny Welbeck tirés du Guardian et du Daily Mail
Welbeck, l’enfant marqué au fer rouge

Deux mois après ses retrouvailles avec Old Trafford, Danny Welbeck, blessé au genou, ne sera pas du voyage avec Arsenal. Parti de Manchester United l'été dernier pour s'épanouir au poste d'avant-centre, l'attaquant anglais n'a toujours pas pris l'envol escompté. Donnant, pour le moment, raison au choix de Louis van Gaal, qui n'a pas daigné le conserver.

C’est le genre d’histoires que les supporters de Manchester United auraient adoré conter. Celle d’un enfant de la maison, d’un pur produit mancunien qui réussit après avoir appris auprès de ses illustres prédécesseurs. Danny Welbeck n’est encore qu’un gamin de douze ans lorsqu’il a le privilège de recevoir de la part de Ruud van Nistelrooy quelques précieux conseils d’attaquant, à Carrington, au centre d’entraînement des Red Devils. Un instant immortalisé en vidéo où l’on aperçoit, visage enfantin et sourire béat, celui qu’on surnomme désormais « Dat Guy Welbz » effectuer plusieurs fois une roulette avant de frapper au but. Six ans plus tard, l’attaquant anglais étrennait sa tunique rouge à Old Trafford et tentait d’appliquer les enseignements que lui avait prodigués l’ancien artilleur néerlandais.

À cette occasion, United avait ressorti cette vidéo mémorable. Comme pour saluer le chemin parcouru depuis. Comme pour rappeler que les enfants de l’Academy ont toujours leur chance. Comme pour signifier que le passage de témoin avait été opéré avec succès. Mais la fierté d’autrefois a laissé place à de l’amertume. Parce que Danny Welbeck a quitté sa home, sweet home l’été dernier afin de rejoindre Arsenal. Un départ soudain qui n’avait pas manqué de provoquer un tollé parmi certaines figures mancuniennes. Des historiques du club, tels que Mike Phelan, René Meulensteen ou encore David Beckham, ont ainsi perçu ce transfert comme une insulte à la philosophie prônée par Matt Busby, puis prolongée par sir Alex Ferguson. L’international britannique espérait faire l’essentiel de sa carrière à MU. Il n’en sera rien. Et cette scène aux côtés de RvN n’est plus qu’une archive poussiéreuse que les fans aimeraient oublier.

Recalé à huit ans par Manchester City

Dans l’écrin majestueux du « Théâtre des rêves » , Danny Welbeck s’érigeait comme un emblème fort de l’identité de Manchester United. C’était le premier attaquant au club à percer véritablement en équipe professionnelle depuis Mark Hughes, lequel a étalé ses talents dans les 80’s et 90’s. Surtout, il était un vrai Mancunien. Né de parents ghanéens arrivés en Angleterre dans les années 1970, il a grandi et tapé dans ses premiers ballons dans le district de Longsight, situé au sud de Manchester et à deux pas de Moss Side, l’un des quartiers les plus infréquentables de la ville. « Longsight était assez malfamé, se remémorait-il il y a quelques années. Mais où nous vivions, tout le monde connaissait tout le monde. C’était une communauté très unie. Sans réaliser, ça t’apprend les mœurs de la rue. Tu sais comment il faut agir dans certaines situations et cela m’aidera toute ma vie. »

À Longsight, c’est davantage le bleu ciel de Manchester City qui drape les rues plutôt que le rouge de United. Et comme beaucoup de gamins de son âge, Welbeck a effectué un essai chez les Citizens. « J’ai fait un essai à Manchester City à l’âge de huit ans. C’était juste avant Noël. Ils ont dit à mon père que je n’étais pas assez bon pour eux, mais mon père n’osait pas me l’avouer, justement parce que c’était Noël, révélait l’attaquant en 2012. Finalement, Manchester United m’a recruté une semaine plus tard après m’avoir repéré dans un tournoi avec mon équipe de quartier. » Il marche alors sur les mêmes pas que Wes Brown. Tout comme lui, le défenseur a poussé ses premiers braillements à Longsight avant d’être repéré par les Red Devils.

Maladie d’Osgood-Schlatter et maladresse désespérante

Sous le maillot de Manchester, le joueur trace sa route de manière fulgurante. Surclassé dans chaque catégorie de jeunes, il finit par séduire Alex Ferguson après les louanges répétées de Paul McGuinness, son coach chez les U18. Et marque dès sa première apparition en Premier League, en septembre 2008, à l’occasion d’un match contre Stoke City (5-0). Un souvenir à jamais gravé pour lui : « Quand la balle est rentrée, cette sensation… Cette sensation… Si c’était de la drogue, je serais mort. Je n’ai jamais ressenti ça depuis, pas de cette ampleur. C’était surréel. J’ai vu mon frère Chris dans les tribunes et il était pratiquement en train de faire des roues dans les escaliers ! » Mais, à l’instar de son compère Tom Cleverley, Welbeck va être envoyé en prêt pour s’aguerrir patiemment. D’abord en Championship (2010), à Preston North End. « Danny venait vraiment pour avoir du temps de jeu et se montrer, rappelle Youl Mawéné, son ex-coéquipier chez les Lilywhites. À Preston, il a laissé le souvenir d’un joueur vraiment doué, gracieux, élégant. Il possède une très bonne vitesse de pointe, c’est quelqu’un de très athlétique. Il est capable d’utiliser les espaces, attiré par le ballon. C’est un joueur qui aime le mouvement, qui aime provoquer. Je me souviens de l’un de ses buts. Il fait semblant d’aller en force pour frapper, puis il te met un ballon piqué qui finit dans la lucarne opposée. Ça prouve son talent. »

Il y aura, aussi, cette courte expérience à Sunderland (2010-2011). Sauf qu’à chaque fois, le Mancunien ne donne pas la pleine mesure de son talent. La faute à des problèmes récurrents aux genoux découlant de la maladie d’Osgood-Schlatter. « Un des problèmes de Danny au cours des dernières années, c’est qu’il grandissait très rapidement. Il a ainsi eu des faiblesses sur certaines parties de ses jambes, en particulier les quadriceps et les genoux, et cela a causé beaucoup de problèmes pour le garçon » , éclairait Fergie en 2010. Débarrassé de ses problèmes, l’international des Three Lions retourne à United à l’été 2011. Le début d’un rêve éveillé. « J’ai grandi en idolâtrant la Class of ’92. Giggs, Scholes ou Beckham m’ont beaucoup inspiré. Marcher sur leurs traces, porter le même maillot, jouer dans le même stade, faire partie de cette lignée, tout ça suffit à me combler » , s’épanchait-il en 2013. Là-bas, il aura sa chance. La saisira partiellement. Mais ne s’imposera jamais comme titulaire au poste d’attaquant de pointe, en raison d’une maladresse confondante face au but. Par conséquent, Ferguson ou son successeur David Moyes préféreront l’utiliser le plus souvent en tant qu’ailier. Là où son activité à la fois défensive et offensive ne souffre aucune contestation.

Wenger ne le désirait pas plus que ça

Mais Welbeck ne s’accommodera jamais vraiment de ce poste. Parce que le bonhomme a toujours brigué une place d’avant-centre. Des desiderata impossibles à assouvir pour Louis van Gaal, lequel arguera que ses statistiques ne sont pas dignes de United (29 pions en 149 matchs). « Il ne marque pas assez. Il n’a pas les stats de Van Persie ou Rooney, ce qui est le standard pour Manchester United » , a-t-il expliqué en conférence de presse. Alors Radamel Falcao a débarqué, et l’Anglais s’en est allé le 1er septembre, dans les dernières minutes du mercato. À Arsenal. Un club où le manager Arsène Wenger ne le souhaitait pas plus que ça et qui a dû en personne se déplacer pour finaliser le transfert (20 millions d’euros) alors qu’il assistait à un match de charité à Rome : « Si je n’avais pas voyagé ce jour-là, il ne serait pas ici aujourd’hui. » Chez les Gunners, l’enfant de Manchester est arrivé l’air revanchard. Avec une envie incommensurable de se mettre en évidence. « Je sais ce dont je suis capable dans la surface adverse, martelait-il en septembre dernier. Je n’ai jamais douté de mes qualités. Si j’ai des occasions, je sais les mettre. Jusque-là, je ne jouais pas souvent comme attaquant. Je devais autant défendre qu’attaquer. J’ai besoin qu’on me donne une série de matchs pour m’imposer. »

Cette série, le striker de vingt-quatre piges l’a eu entre mi-septembre et fin décembre. Profitant de l’absence sur blessure de trois mois d’Olivier Giroud, il a bénéficié de temps de jeu. Sans toutefois convaincre. Hormis un triplé contre Galatasaray en C1 (4-1, 10 octobre), il a peu fait trembler les filets (4 buts en Premier League) avant d’être écarté des terrains à cause d’une gêne à la cuisse et de perdre sa place au profit de son concurrent français. Pis encore, à son retour, Welbeck a la plupart du temps été utilisé sur un côté. Comme à United. « S’il ajoutait de la finition et plus de production au terme des actions, on pourrait davantage le considérer comme un numéro 9 classique avec de la liberté, souligne Mawéné. À une époque, Henry n’était pas véritablement attaquant de pointe avec Arsenal. Il se désaxait beaucoup, faisait énormément d’appels et était très actif sur tout le front de l’attaque. Je ne veux pas comparer, mais Welbeck pourrait peut-être tendre vers ce registre. Je le vois vraiment comme un animateur offensif » . Si Danny le rouge doit encore progresser dans le dernier geste pour gagner en crédibilité, il a déjà fait preuve de caractère. À l’instar de son comeback dans son jardin d’Old Trafford, le 9 mars dernier, en FA Cup (1-2), où il a inscrit le but victorieux face à son club de cœur. « United est le club qui signifie tant pour moi. Je suis toujours un fan et c’est dur pour moi de les éliminer » , a-t-il confié au sortir de la rencontre, un brin affecté. Le romancier japonais Haruki Murakami a écrit, un jour, que « les souvenirs, c’est quelque chose qui vous réchauffe de l’intérieur et qui vous déchire violemment le cœur en même temps » . Welbeck le sait peut-être même plus que quiconque. Et s’il lui arrive d’en oublier certains, il y aura toujours une vidéo pour le lui rappeler.

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