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Voici « Boom-Boom » Wernbloom, le dernier Viking

Par Markus Kaufmann
Voici «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Boom-Boom<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» Wernbloom, le dernier Viking

Depuis quelques années, la sélection nationale suédoise est devenue le royaume de Zlatan Ibrahimović. Certes, il y a encore le pied gauche de Kim Källström, les coups de pied arrêtés de Sebastian Larsson, les quelques dribbles d'Alexander Kačaniklić et puis le phénomène John Guidetti. Mais il y a surtout Pontus Wernbloom, le milieu du CSKA Moscou qui a soulevé Yaya Touré il y a deux semaines. Un grand blond d'1m87 qui respire l'être suédois : IFK Göteborg, hockey sur glace et addiction au snus. Boom-Boom le dit lui-même : « Ouais, c'est vrai que les joueurs suédois sont assez chiants ».

À la 28e minute de Manchester City – CSKA Moscou le 5 novembre dernier, Yaya Touré est sur le point d’offrir à l’Europe l’une de ces remontées de balle dont il a le secret. Mais Pontus Wernbloom l’attend sur la ligne médiane. Une tentative de changement de direction plus tard, « boom ! » Le numéro 3 moscovite met son corps en opposition et soulève l’Ivoirien comme s’il était sur une patinoire de NHL. Une mise en échec impressionnante. En Suède, le geste déchaîne les passions. Niklas Kronwall, défenseur des Detroit Red Wings et grand spécialiste du genre, s’incline : « Ce qu’il a fait est génial, j’aurais fait exactement la même chose. » Le quotidien suédois Sportbladet en fait même sa Une : « Kronwalled ! » (expression utilisée en Amérique du Nord lorsqu’un hockeyeur se fait violemment arrêté en pleine course par le Suédois). Pendant ce temps-là, la presse anglaise n’en croit pas ses yeux. « Pontus Wernbloom ? On dirait un personnage de Sherlock Holmes » , s’étonne le Telegraph. Quelques fautes appuyées sur Agüero plus tard, City crie au scandale tandis que Wernbloom exulte intérieurement. Sa philosophie ? « Un mec comme Ronaldo doit penser que c’est très marrant de jouer au football. Il faudrait savoir à partir de quand il trouve ça un peu moins drôle. Et ça, c’est mon boulot. »

« Plus fort que Chuck Norris »

Titulaire à 19 ans au milieu d’un IFK Göteborg à la recherche de sa gloire des années 1980, le gamin se fait déjà une réputation de grand dur. Milieu de terrain défensif très fort dans les duels mais limité dans l’élaboration, Wernbloom propose surtout des courses verticales et une certaine aisance dans la surface adverse. Un jeu à la scandinave, peu technique mais franc et fort. Son modèle ? « Roy Keane, sans hésiter. » Un bon jeu de tête et un vrai sens de l’anticipation qui le placent même en pointe, notamment lorsque Marcus Berg quitte le club en 2007. « Je joue où le coach veut me mettre. C’est sûr que c’est marrant de jouer attaquant, mais je pense que je peux apporter plus au milieu. » En cinq saisons, le Suédois aura marqué IFK et ne manque pas de rappeler son sentiment d’appartenance à la seconde ville du pays : « Je viens de constater amèrement que mon fils parle avec l’accent de Stockholm. Pardonne-moi, Seigneur, car j’ai péché… » Il y a la Suède de Stockholm, raffinée, élitiste et plutôt snob. Et il y a l’autre Suède. Wernbloom, c’est clairement l’autre.

En 2009, Boom-Boom part aux Pays-Bas, comme la grande majorité des bons joueurs des championnats scandinaves. C’est à l’AZ Alkmaar, sous la direction de Ronald Koeman, qu’il sera lancé en sélection nationale. Puis, en janvier 2012, Wernbloom signe dans un autre pays de hockey : la Russie et le CKSA Moscou, le club de l’Armée rouge. Une destination qui lui va comme un gant. Un mois plus tard, il joue son premier match contre le Real Madrid en huitième de finale de C1. « J’aimerais vraiment tacler Cristiano » , affirme-t-il alors à la presse suédoise. Au bout de vingt minutes, le Scandinave a déjà fauché Özil, CR7 et Higuaín, pour un petit jaune. À la 94e, il égalise d’un but de renard des surfaces (1-1), alors que José Mourinho se met en colère : « J’ai vraiment cru que l’un de mes joueurs allait se blesser à cause de leur numéro 3 ! » Leonid Slutsky, coach des Russes, rétorque que son joueur n’a jamais blessé personne. Et à Madrid, Marca résume bien la rencontre : « Dans les duels, il paraissait plus fort que Chuck Norris, sauf qu’il n’a pas fait de prisonniers. Tactiquement, il a gagné la bataille du milieu. Mais avec un autre arbitre, il n’aurait pas fini la première mi-temps. »

Neymar et Bojan en victimes

Six mois plus tard, le 15 août 2012, Wernbloom récidive. La Suède affronte le Brésil à Stockholm pour le dernier match joué au stade Råsunda, en hommage à la finale de la Coupe du monde 1958. Pelé vient donner le coup d’envoi, l’ambiance est amicale, digne d’un jubilé. Mais au bout d’un quart d’heure, Neymar a déjà subi trois attentats. Une explication ? « Vous savez, aujourd’hui les grands joueurs ont tous les coups francs qu’ils veulent. » Déjà à l’époque, Neymar a droit à sa mise en échec… En 2009, à l’occasion de l’Euro des moins de 21 ans, Wernbloom avait déjà fait du bruit. Des tacles bien sentis et une tonne de duels aériens gagnés, mais surtout une grossière faute contre l’Espagne. Alors qu’il reste une poignée de minutes à jouer et que le score est de 0-0, Wernbloom se lance à la poursuite de Bojan Krkić et tacle par derrière le Barcelonais. Une embrouille éclate. « Ils ont tous commencé à crier, mais évidemment ils ne parlent pas un mot d’anglais, donc je n’ai rien pigé » , raconte Pontus. Dans une interview d’après-match, le Suédois va plus loin : « C’est assez simple, il s’est mis à courir et je l’ai fauché. Je ne l’aime pas, ça date. Il joue au Barça. » Fier madridiste, Wernbloom est tout content lorsqu’il répond « oui, bien sûr ! » à la journaliste qui cherche à savoir si c’était bien prémédité. Éclats de rire et conclusion : « D’ailleurs, Bojan, je l’ai trouvé inoffensif. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde parle autant de lui. » Boom, boom.

Snus, hockey sur glace et viking 2.0

Pourtant, Pontus Wernbloom semble loin de ces casseurs de gueule tatoués aimant se donner une image de guerrier spartiate. En fait, le Scandinave de 28 ans admet ne jamais avoir cru pouvoir arriver à ce niveau, et dit tout faire pour en profiter au maximum sans se prendre au sérieux et sans langue de bois. « C’est vrai que le joueur de football suédois est en général assez chiant. Mais j’espère et je crois qu’il est sur le point de changer sous l’influence de Zlatan. Après, moi, je suis le même gars sur et en dehors du terrain. Un peu plus gentil hors du terrain peut-être… » Sans être consensuel, Pontus a su néanmoins séduire son pays : drôle pour les vieux, cool pour les jeunes. Grand consommateur de snus – le tabac à chiquer suédois –, accroc à Football Manager ( « SiFootball Managern’existait pas, je ne serais jamais parti jouer à l’étranger » ; « Mon palmarès n’est rien à côté de ça : une victoire de l’IFK Göteborg contre Manchester United surFootball Manager » ), amoureux de hockey sur glace (fervent supporter des Flyers d’Eric Lindros) et voyageur, le joueur de 28 ans est un Viking moderne.

En Suède et en Russie, ce cocktail d’engagement et de simplicité est un grand succès. Engagé politiquement en faveur du parti social-démocrate, Wernbloom avait même été présenté comme un possible futur ministre par Thomas Bodström, ex-ministre de la Justice et ex-footballeur à l’AIK. « Ce que j’adore avec Pontus, c’est que c’est un type qui te parle d’autres choses que de football. » Enfin, si le milieu a perdu sa place dans le 4-3-3 d’Erik Hamrén, il reste le septième Suédois le plus capé du groupe actuel (43 sélections). Incertain pour jouer ce soir pour cause d’une blessure à l’aine, le milieu devrait avoir un rôle majeur dans la phase de qualification à l’Euro. Avec un tel nom, qui pourrait lui dire non ? Zlatan, peut-être : « Ibra a les appuis d’une danseuse, rapides et légers, et le corps d’un super athlète. Tu ne peux pas le tacler et le mettre à terre, c’est impossible. »

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Par Markus Kaufmann

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