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Vis ma vie d’équipe imbattable

par Arnaud Clément
Vis ma vie d’équipe imbattable

À la différence des garçons, les féminines de l'Olympique lyonnais ne semblent pas prêtes à stopper leur hégémonie sur le football français, après avoir glané leur septième titre de championnes en milieu de semaine. Et si les filles de Patrice Lair marchaient dans les pas des sportives les plus titrées en France, les volleyeuses du RC Cannes ?

Dans le sport français, il est de coutume d’affubler de petits sobriquets les grands champions. Pour le plus beau palmarès du sport masculin que représente l’équipe de France de handball, tout y est passé. Des Barjots aux Experts en passant par les Costauds, les métaphores ont fusé. Dommage que personne n’ait osé imposer les Bookmakers plus récemment… Pour ce qui est des filles, la chose est plus rare. Il est pourtant un surnom qui irait comme un gant à non pas une, mais deux équipes, à savoir l’Olympique lyonnais en football et le Racing Club de Cannes en volley-ball : les Imbattables. Jetez un coup d’œil aux palmarès et vous comprendrez le pourquoi du comment. Pour les premières, les sept titres de championnes ou les deux C1 (en attendant la troisième ?) consécutifs, les quatre coupes de France ou la Mobcast Cup, équivalent de la Coupe du monde des clubs, pèsent lourds. Mais tout de même pas grand-chose par rapport à l’armoire à trophées du Racing, imposant sa loi sur le volley-ball féminin : dix-sept titres de championnes (le dix-huitième est proche) sur les dix-huit dernières saisons, un ratio similaire pour la Coupe de France et deux Ligues des champions en 2002 et 2003. L’omnipotence, vous connaissez ?

Une qualité qu’ont encore mis en application ces deux formations dans leurs championnats respectifs cette saison, si on regarde les classements. Elles ont toutes deux remporté tous leurs matchs jusqu’à présent. Mais plus parlant encore, il faut regarder ailleurs pour comprendre les phénomènes. L’OL a ainsi inscrit 114 buts en dix-neufs parties pour seulement 5 encaissés (!). Le RC Cannes n’est pas en reste avec soixante-six sets gagnés – logique si elles totalisent vingt-deux victoires sur vingt-deux – et n’en ont lâché que cinq aux adversaires. D’ailleurs, à la question de savoir si quelqu’un peut les battre dans leurs championnats respectifs, les deux femmes fortes de ces entités que sont Sonia Bompastor et Victoria Ravva sont catégoriques. « Sur un match, tout peut arriver. Mais dans la durée, je ne pense pas, on a encore de l’avance. D’ailleurs, comme il nous reste des matchs contre des équipes du bas de tableau, on devrait faire vingt-deux victoires en vingt-deux journées » , estime la latérale gauche lyonnaise. Aussitôt rejointe par la succulente Vicca Ravva : « On n’est pas à l’abri, jamais, surtout avec deux ou trois équipes en particulier. Mais dans le temps, on a suffisamment de forces pour continuer à gagner des trophées. » Au moins, c’est dit.

« Plus les titres se multiplient, plus ça rend la chose dingue »

Mais sont-elles conscientes de marquer tout simplement l’histoire de leur sport ? Là encore, il leur arrive à toutes les deux de se poser cinq minutes et de comprendre la grandeur de la chose. Sonia Bompastor raconte ainsi une anecdote toute fraîche : « Lorsque nous sommes rentrées de Montpellier il y a deux semaines, on discutait avec Lara Dickenmann(ndlr : internationale suissesse) et elle nous a dit que c’était comme un rêve pour elle de jouer dans cette équipe, de gagner tous ces titres, de participer à cette aventure. Ce genre de choses te fait prendre conscience de la grandeur de ce qu’on accomplit, encore plus depuis le titre international au Japon. » « Plus les victoires se multiplient, plus ça rend la chose dingue. Et on espère marquer l’histoire du sport français » , acquiesce la capitaine cannoise de 38 ans. Qu’elle se rassure, c’est déjà fait. Reste une question en suspens : comment font-elles ? On pourrait en faire un livre pour comprendre. Canal+ a d’ailleurs consacré récemment un de ses numéros d’Intérieur Sport aux Cannoises pour une radioscopie de cette toute-puissance, parfois dure à encaisser pour les adversaires condamnées aux miettes comme le montrent les interviews des joueuses de Mulhouse, éternel dauphin.

Primo, il y a évidemment une politique volontariste qui fait aujourd’hui des deux clubs des modèles dans leurs disciplines, avec des effectifs imposants, des coachs de renom ou une avance dans bien des domaines annexes. « C’est vrai qu’au départ, ça nous a semblé normal de dominer de la sorte au vu du nombre d’internationales, des compétences du staff, des infrastructures ou des moyens pour travailler dont on dispose » , analyse Sonia Bompastor. Il faut ainsi reconnaître à Jean-Michel Aulas le mérite d’avoir insufflé le premier en France – avec Loulou Nicollin à Montpellier à un degré moindre – un tel élan. Au Racing, le mérite en revient en grande partie à l’investissement d’Anny Courtade, présidente émérite et engagée mais aussi femme d’affaires redoutable dans la grande distribution. « Le jour où elle arrêtera, j’espère que le Racing continuera à gagner, mais j’ai des doutes parfois… » estime sa capitaine d’origine géorgienne. Lorsqu’elle arrive aux commandes du RC Cannes en 1993, son premier défi est de faire venir ce qui se fait de mieux sur le banc de touche, le Chinois Yan Fang, toujours en place vingt ans après. S’ensuivra aussi le recrutement de joueuses d’avenir ou de talent. Certes, les budgets des uns et des autres sont bien au-dessus de la concurrence, c’est un fait.

Toujours plus d’exigence et de challenges

Gagner tellement de trophées qu’on ne sait plus où les ranger peut être synonyme de lassitude lorsqu’on analyse la chose d’un regard extérieur. Un regard pas complètement faux, surtout pour les affiches où le résultat est couru d’avance, où il faut parfois se faire violence. Surtout lorsqu’une fois sur place, il faut jouer devant 300 personnes et une atmosphère digne d’un Mâcon-Gueugnon en division d’honneur. Les internationales qui ont gouté aux arènes de la ligue américaine ou aux tours finaux des grandes compétitions le savent mieux que quiconque. Pour autant, rares sont ceux à pouvoir témoigner d’un match des unes et des autres pris par-dessus la jambe. Pour la simple et bonne raison que ces équipes jouent d’abord contre elles-mêmes avant d’affronter un adversaire. L’excellence est à ce prix qu’il faut sans cesse faire preuve de sa grandeur pour rester tout en haut, tel un Schumacher avide de victoire aussi bien dans une course de kart que pour une course de F1 capitale. « Il y a toujours plus à aller chercher et c’est à moi de trouver les mots pour insuffler une certaine motivation. C’est mon job. On va égaler le record des garçons en terme de nombre de titres (cf interview réalisée avant l’officialisation du titre), il y a un record d’une troisième C1 d’affilée à aller chercher, un second triplé d’affilée aussi. On sait qu’on sera battu un jour.. Mais on met en place les conditions pour qu’elle continue à progresser et travailler. Lorsqu’on mène largement un match par exemple, je leur fais travailler un point en particulier, avec un thème conducteur » , comme la relance propre de derrière ou le pressing haut, confie Patrice Lair, coach de la machine rhodanienne.

Un homme dur mais juste, capable des traitements les plus sévères mais aussi d’une proximité rare. « L’adrénaline et l’exigence, c’est ce qui me maintient. On peut dire que je suis sévère, mais pour autant, je reste proche d’elles quand il le faut. La preuve, je mange souvent avec elles, je leur accorde des jours de repos supplémentaires lorsque les objectifs sont atteints, etc. » Mais si ce n’est pas le cas, son courroux peut refroidir la moindre joueuse faible mentalement. Énormes gueulantes à la mi-temps de matchs pourtant menés trois à zéro, footings très matinaux pendant une heure, montées d’escaliers à en vomir, tout y passe. « Il est intransigeant, mais c’est ce qui nous fait gagner des trophées. Il est obligé de ne rien laisser passer avec un tel groupe » , atteste d’ailleurs Sonia Bompastor. Là encore, le parallèle avec le RC Cannes est flagrant. Pour les afficionados du Palais des Victoires, voir Yan Fang prendre à parti une ou deux joueuses avec une dureté incommensurable n’est pas si rare. « Pour lui, tu dois travailler pour toi, quel que soit l’adversaire. C’est pourquoi il te laisse dans ta merde et te met parfois dans la difficulté à l’entraînement. C’est pour te faire grandir. Mais en dehors de ça, c’est quelqu’un de très doux et ça contrebalance largement le fait qu’on le haïsse parfois à l’entraînement. Sinon, on n’accepterait pas son exigence » , détaille Victoria Ravva.

Le vivier et le PSG comme menaces ?

Un aspect qui n’est peut-être pas étranger à la dynamique de groupe existant de part et d’autre. « Il y a une confiance et une osmose dans ce groupe qui est telle. Nous haïssons la défaite. Il y a peut-être les meilleures joueuses au monde ici, mais tout le monde va dans le même sens et se remet perpétuellement en question. » Preuve en est, la concurrence pure et parfaite prend tout son sens à l’OL. Lotta Schelin, sans doute l’une des meilleures buteuses au monde, s’est ainsi retrouvée en octobre dernier à jouer avec la réserve en DH Rhône-Alpes, quelques mois après les J.O. de Londres. Et non sans y aller avec l’envie d’un cador du roulement d’épaule, la belle Scandinave inscrivant la bagatelle de huit buts en une seule mi-temps. « Nous sommes dans un sport collectif avec des situations individuelles. Il faut gérer les égos. Mais ici, je crois que les filles s’épanouissent vraiment bien malgré la concurrence. La preuve, elles resignent toutes une à une » , appuie Patrice Lair. Mais alors, que pourrait contrebalancer l’outrageuse domination de ces drôles de dames ?

Deux paramètres devront être à surveiller à Tola-Vologe dans les années à venir. Primo, la capacité à renouveler le groupe, comme le pense Sonia Bompastor : « Aujourd’hui, le club a la capacité de prendre les meilleurs joueuses du monde, ce qui offre une certaine assurance par rapport aux performances. Ces joueuses sont en plus dans la force de l’âge, avec un gros noyau de filles de 26 ou 27 ans. Mais il faudra nécessairement penser à l’après et mettre l’accent sur les jeunes. Avoir un centre de formation fort capable d’offrir des options pour renouveler l’effectif ou une partie tous les deux ou trois, ça serait un vrai plus. » L’autre paramètre est purement et simplement économique, avec le puits sans fond qatari qui a promis d’investir dans le football féminin. Aussi, Patrice Lair n’est pas dupe : « Aujourd’hui, on est tout en haut et on a intérêt à le rester pour continuer à exister et à être reconnus. Mais si demain, au PSG, on trouve des moyens illimités comme chez les garçons, ça ne sera peut-être pas pareil. »

par Arnaud Clément

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