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Un dimanche à Belem

Par Brieux Férot
Un dimanche à Belem

Reportage au stade du Restelo, à Lisbonne, où le club d'Os Belenenses, pensionnaire de première division portugaise, évolue à l'ombre de ses encombrants voisins, Benfica et le Sporting.

C’est un stade improbable, juste au-dessus du monastère des Hiéronymites, autre lieu hors du temps inscrit au patrimoine de l’Unesco. Le stade du Restelo compte 32 000 places, aux trois quarts vides en ce dimanche du mois d’août. On se croirait à la piscine, dans un univers de blanc et de bleu, un bleu délavé au soleil, tout comme la piste d’athlétisme qui l’entoure et la multitude de petites fenêtres encadrant les blocs privatifs qui font office de loges. Le club d’Os Belenenses est un club historique de Lisbonne qui n’a aucune chance de gagner le titre. En ce dimanche, il inaugure sa saison à domicile au stade du Restelo, là où la mairie de la ville a fini par l’assigner en 1956. Une victoire sur le Sporting lors de l’inauguration puis une autre deux jours plus tard contre le Stade de Reims ont fini d’écrire sa légende, au bout de deux matchs seulement.

Modernisation et rivalité

Un demi-siècle plus tôt, le club jouait alors à quelques encablures, au stade de Salesias. Un terrain gagné de haute volée, lors d’une victoire épique contre le Sport Lisboa. Ce dernier chercha alors un nouveau terrain dans un quartier nord. Il se rapprocha du Sport Benfica, et par la même occasion de la mairie, pour créer le Sport Lisboa e Benfica d’aujourd’hui. Au fil du temps, en représailles à peine voilées, les élus locaux décidèrent de construire, sur l’emplacement même du stade de Salesias, des logements sociaux. Une idée qui restera à l’état de projet : le terrain est devenu aujourd’hui un terrain vague. Pour financer le stade du Restelo, par défaut, le club s’est alors endetté. Il fut sauvé de la faillite par ses socios. Le club ne bénéficia bien évidemment pas ensuite du programme de subventions publiques de modernisation des stades à l’occasion de l’Euro 2004. Il dut même essuyer dans les années 90 un refus catégorique de la mairie pour moderniser l’enceinte du Restelo. Le stade da Luz du Benfica et le stade José Alvalade XXI du Sporting reçurent, eux, l’autorisation de s’agrandir, arrêtant ainsi les conditions d’une rivalité hégémonique sans pitié pour leur voisin.

42 000 personnes se pressaient ainsi une semaine plus tôt dans le quartier de Benfica pour voir la rentrée d’une équipe décimée par le mercato, en reconstruction complète autour des piliers Luisão et Rúben Amorim. La veille, le Sporting faisait également sa rentrée en ville, avec le retour en fanfare et au pays de l’enfant du club, fêté si bruyamment que cette drôle de Nani-céphalie pourrait résonner toute la saison, et conduire le public et le prodige à attendre un tour de magie plutôt que de s’en remettre au jeu collectif. C’est dire, donc, qu’en ce drôle de dimanche d’août, personne n’attend la rentrée d’Os Belenenses contre le CD Nacional de l’île de Madère. Hormis les abonnés, il ne viendrait à l’idée de personne de prendre sa place en avance. Et les queues aux guichets ne sont pas très longues. Au milieu d’herbes folles, les anciens devisent sur les marches en pierre qui mènent à un terrain en synthétique annexe où les jeunes filles du club font une démonstration. La petite boutique est déjà remplie. Elle ne compte que neuf produits.

Sprints inutiles et généreux

Sur le terrain, à l’échauffement, les exercices changent trop rapidement pour être utiles. Le gardien remplaçant ne touchera que deux ballons sur vingt frappes. Le sourire aux lèvres. Dès l’avant-match, deux joueurs semblent pourtant déterminés, énervés même, assurément pressés d’en découdre, dans le but de défendre les couleurs du club ou de briller pour lui échapper plus rapidement, c’est selon. Les deux, au final, illumineront à leur façon ce match bucolique, entre courses laborieuses et gestes techniques dessinés à gros traits par des joueurs en moyenne assez lourds – les joueurs sont surnommés les Pastéis de Belem, en hommage aux spécialités locales, le produit dopant du coin, visiblement. La bonne idée du jour : l’entrée sur le terrain au son de… Don’t Stop me now de Queen. Deyverson, vingt-deux ans seulement, porte le numéro 66 et joue seul en pointe. Avec la tête de David N’Gog et le corps longiline du basketteur Chris Bosh, le Brésilien aurait dû clairement exploser au bout de deux courses. Sauf que pas du tout : il réussira quasiment tout ce qu’il tentera dans les airs et en remise, en attaque et en défense, avec des mouvements d’échassier qui ne rendront que peu grâce à son talent réel, contrairement à son but et sa passe décisive, pour une victoire 3-1. L’autre, Miguel Rosa, n°7, minotaure en short, court les bras tendus comme un Playmobil, le tout avec une tête et une coupe sorties d’un album de Frank Margerin. Un altruisme hors du commun le conduira à faire au moins quinze kilomètres dans le match et des aller-retour en sprint inutiles et généreux jusqu’à la dernière minute.

Au Stade du Restelo, on apprécie l’effort, on applaudit les touches. Toutes les touches. On interpelle les joueurs pendant le match, on rit entre copains et copines, on regarde sur la piste d’athlétisme trempée à cause d’un système d’arrosage mal réglé les ramasseurs de balles faire des concours de jongle. Parfois, on s’en va au milieu du match, on revient sans que le score n’ait bougé, on regarde le chronomètre qui avance de trois secondes en trois secondes – si, si -, et, surtout, on répond au kop installé en face, au beau milieu de… la tribune présidentielle. Les quelques seuls sièges à l’ombre, en fait. Au stade du Restelo, on célèbre la victoire du jour, et on applaudit Deyverson et Miguel Rosa. Des enfants du club, évidemment. « Non, non, précisera un dirigeant après la rencontre, les deux viennent du Benfica B, la réserve… » Difficile d’inverser l’histoire. Même au Os Belenenses, là où, en 1982, certains ont vu José Mourinho sur le banc. Le Special One était alors joueur.

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