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Un cheikh (en bois) à la Roma ?

Eric Maggiori
Un cheikh (en bois) à la Roma ?

Depuis quelques jours, la rumeur enfle dans la capitale italienne : le cheikh jordanien Adnan Adel Aref Al Qaddumi souhaiterait racheter 50% du capital de la Roma. Sauf que cette affaire soulève des interrogations en Italie.

De l’extérieur, cela ressemble tout bonnement à une histoire devenue banale dans le football moderne. Un riche cheikh venu des pays du Golfe qui injecte des sous dans un club de football. Après Manchester City, le PSG ou, avec un peu moins de réussite, Malaga, on connaît désormais le refrain. Sauf qu’à y regarder de plus près, l’histoire du cheikh venu de Jordanie pour investir une partie de sa fortune dans l’AS Roma (50 millions d’euros, une broutille) n’est finalement pas si commune que ça. Déjà, parce que le dénommé Adnan Adel Aref Al Qaddumi n’est pas un simple cheikh qui débarque comme ça en Italie sans en connaître les rouages. Non. Il est arrivé en Italie au début des années 80 pour y faire ses études. Il détiendrait d’ailleurs plusieurs habitations, à Rome, mais aussi à Perugia, ville de son ancienne université. Sa fortune est surtout celle de son père, même s’il affirme que sa société, l’Amyga Srl, dont le siège est situé quelque part dans le sud-est de la capitale italienne, lui rapporte aujourd’hui de gros sous. Problème : les habitants de cette zone résidentielle sont formels : « Jamais entendu parler de cette société ni du nom de son patron. Ici, ce n’est pas une zone pour les riches » . Voilà peut-être pourquoi, à Rome mais aussi dans toute l’Italie, le scepticisme règne quant à cette entrée dans le capital du cheikh Al Qaddumi.

Barman et peintre en bâtiment

Retour en arrière. Il y a quelques jours, les journaux italiens annoncent cela comme une bombe : « Les Arabes arrivent à la Roma » . Les Arabes ? Oui. En fait, un Jordanien. Un certain Adnan Adel Aref Al Qaddumi serait sur le point de reprendre 50% du capital de la Roma, qui appartient pour le moment aux Américains, et à James Palotta, l’actuel président qui avait pris la suite de Thomas DiBenedetto. On annonce un investissement de 100 millions d’euros, pour le mercato mais aussi pour la construction du nouveau stade. Super, tout ça. Mais évidemment, ce ne serait pas l’Italie s’il n’y avait pas quelque chose derrière les buissons. Le procureur de la République de Rome demande immédiatement des informations et des garanties sur ce fameux cheikh. Qui est-il ? Que veut-il ? D’où vient son argent ? L’intéressé en question répond directement, par le biais d’une interview donnée au journal Il Tempo. « J’aime l’Italie et je veux investir dans ce pays, pas seulement dans l’AS Rome » assure-t-il. Une réponse claire quant à ses motivations. Reste la zone d’ombre quant à l’origine de sa fortune.

Là aussi, Al Qaddumi n’hésite pas à se raconter. « Je suis arrivé en Italie en 1980 et j’ai commencé à étudier à l’Université de Perugia. J’étais très riche, mon père m’envoyait 1000 dollars par mois, et je vivais une vie très aisée. Puis j’ai rencontré ma femme, Maria Grazia, mais ma famille ne l’a pas bien pris. Ils voulaient que je rentre au pays, et ils m’ont coupé les vivres. J’ai donc dû travailler comme barman et comme peintre en bâtiment » . Cocasse. Forcément, on a du mal à imaginer le prince Al Thani en train de servir des mojitos, ou le cheikh Mansour repeindre la façade de l’Etihad Stadium. Pourtant, aujourd’hui, le cheikh jordanien affirme avoir un immense capital à investir. Mais les doutes subsistent. Ainsi, pour les dissiper, la Roma a décidé de publier un communiqué officiel sur son site Internet, pour faire le point sur la situation et tenter de rassurer tout le monde. « L’unique condition pour la conclusion de l’opération est le paiement effectif du prix de l’investissement avant le 14 mars » a écrit le club giallorosso. En gros, Al Qaddumi a deux semaines pour verser 50 millions d’euros, preuve de sa bonne foi et de son sérieux financier. Mais même au sein du club, certains affirment que le cheikh n’a émis « aucune garantie formelle quant à l’exécution de ses obligations » . Ça promet.

Un premier essai en 2011

Le scepticisme ambiant est également dû au fait que ce n’est pas la première fois qu’un investisseur arabe s’intéresse à la Roma. Et devinez quoi… Il s’agissait déjà du cheikh Al Qaddumi ! C’était en 2011, alors que la Louve était encore entraînée par Claudio Ranieri. Les dirigeants américains n’avaient pas encore repris le club, et le Jordanien avait présenté une offre. Mais la banque Unicredit était restée perplexe, pour la simple et bonne raison que la société d’Al Qaddumi, l’Amyga Srl, avait un siège fantôme à Rome. Une adresse, mais rien à l’adresse en question. Il avait donc été impossible d’obtenir des garanties sur les bilans économiques et l’affaire n’avait pas eu de suite. Les tifosi de la Roma avaient même tourné cette histoire en dérision, l’un d’eux se déguisant en cheikh lors d’un match de la Roma au stadio Olimpico (photo en haut de page). Deux ans plus tard, le cheikh repointe le bout de son nez. Mais les mêmes interrogations subsistent. Cette société existe-t-elle vraiment ? Les sous sont-ils réels ?

En plus de l’adresse factice à Rome, Al Qaddumi aurait également indiqué des traces de sa société à Cordigliano, dans la province de Perugia. Oui, sauf que là-bas, personne ne l’a jamais vu non plus. Finalement, la seule fois où son existence a été prouvée, c’est lorsque le cheikh est apparu dans les tribunes du Stadio Olimpico, lunettes noires sur le nez. Palotta, le président de la Roma, continue de répéter qu’indépendamment de l’issue de la transaction, il continuera à gérer lui-même les opérations de la Roma. Là aussi, une affirmation qui peut faire sourire, puisque du côté des supporters giallorossi, on reproche justement à Palotta de ne pas du tout s’occuper de la Roma, et de tout déléguer à Walter Sabatini, le directeur sportif, et à Franco Baldini, le directeur général. Pendant ce temps, loin de toutes ces interrogations, Aurelio Andreazzoli, le nouveau coach de la Roma, s’efforce de remettre l’équipe sur les bons rails, après la malheureuse gestion Zeman. Et lui a un objectif à atteindre : l’Europe. Cheikh ou pas cheikh.

Après la trêve internationale, place au festin !

Eric Maggiori

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