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Tristes tropiques

Par Stéphane Régy, à Rio
Tristes tropiques

Ils s'appellent Pirlo, Buffon, Xavi, Casillas, Villa, Xabi Alonso, Gerrard, Lampard, Drogba ou Eto'o. Des immenses joueurs sortis dès la phase de poules, et qu'on ne verra plus jamais en Coupe du monde. Saudade.

Daniele De Rossi et ses cernes d’homme précocement fatigué avaient prévenu avant même le premier match : « Cette Coupe du monde sera aussi un adieu, parce que ce sera la dernière fois où je pourrai jouer avec Andrea Pirlo de ma vie. Rien que l’idée d’y penser me bouleverse… » Le milieu de la Roma avait sept matchs, comme autant de balles dans son barillet, pour repousser l’échéance de cette mort certaine jusqu’à la finale. Le coup fatal est finalement parti à la troisième tentative : en se faisant sortir de la compétition par l’Uruguay dès le troisième match de poule – une partie à laquelle n’a même pas pris part De Rossi, blessé -, l’Italie a donc dit adieu à ses deux plus illustres représentants : Andrea Pirlo et Gianluigi Buffon. Le premier a annoncé sa retraite internationale dès le coup de sifflet final, dans le vestiaire, face à ses coéquipiers, avant de faire à demi marche arrière le lendemain devant la presse. Le second n’a rien dit, parce qu’il savait sans doute qu’il n’y avait rien à dire : âgés respectivement de 35 et 36 ans, les deux hommes sont bien conscients que même s’ils arrivent à pousser jusqu’à l’Euro 2016, ils ne verront sûrement pas les terrains russes en 2018. Leurs Coupes du monde à eux sont terminées. Il leur en reste une immense victoire, en 2006, et des immenses fiascos. Rien entre les deux. À l’évidence, Andrea Pirlo et Gigi Buffon étaient des hommes trop grands pour se contenter de l’ordinaire.

« Raúl, c’était le temps qui passe »

Pour d’autres aussi, le Brésil fut la fin des voyages. Les Anglais Steven Gerrard et Frank Lampard. Les Espagnols Iker Casillas, Xabi Alonso, Xavi et David Villa. Les Portugais Pepe et Raul Meireles. L’Ivoirien Didier Drogba. Le Camerounais Samuel Eto’o. Certains essaieront sans doute de s’accrocher, d’y croire encore. D’autres ne se bercent pas d’illusions. D’autres encore y ont laissé des larmes, comme Villa contre l’Australie – « Si ça ne tenait qu’à moi, je jouerais encore cent ans, mais je sais que ce n’est pas une idée réaliste » , a-t-il ensuite commenté -, ou Eto’o, tombé dans les bras d’un jeune supporter à la sortie de son hôtel. La Coupe du monde n’est évidemment pas morte avec ces joueurs engloutis dans la défaite. Comme le prévenait le sélectionneur espagnol Vicente del Bosque avant la compétition, sans doute en prévision de la débâcle qu’il sentait poindre, « il y aura une vie après Xavi » . Elle sera selon toute probabilité plus vide, plus triste et plus moche dans un premier temps, mais il y aura une vie. Peut-être même une meilleure vie, au final. Xavi n’a-t-il pas surpassé Guardiola, qui avait lui-même surpassé Amor ? Par ailleurs, les joueurs qui remplacent cette génération fatiguée ne sont pas moins enthousiasmants : Thomas Müller, Xherdan Shaqiri, Alexis Sánchez, Oscar, James Rodríguez, Daley Blind ou, évidemment, Luis Suárez. Qui viendront fatalement faire oublier les fantômes de Gerd Müller, Ciriaco Sforza, Elias Figueroa, Kaká, Carlos Valderrama, Frank de Boer ou, évidemment, Enzo Francescoli. Jorge Valdano a un jour théorisé ce renouvellement des générations appliqué au football : « Qui était ce dénommé Raúl pour se permettre subitement de retirer à Butragueño son maillot du Real Madrid, ses titres dans les journaux et sa place dans le cœur des gens ? Facile. Raúl, c’était le temps qui passe. »
D’où vient alors ce sentiment de tristesse qui s’empare de l’amateur de football au moment de voir Pirlo, Buffon, Xavi, Casillas, Xavi, Eto’o, etc, quitter le pays tropical dès la phase de poules ? D’abord parce que les savoir en si grande difficulté au Brésil fut particulièrement dur à vivre, tant « courir est dégradant, et le faire sous les tropiques encore plus » , comme l’écrit l’écrivain mexicain Juan Villoro. Lequel rappelle également que le football, avant d’être un sport, est un « état d’âme » . C’est pourquoi quitter tous ces hommes d’un coup est un chagrin. C’est le même chagrin que celui qui s’abat sur la famille qui, après un divorce ou un décès, doit laisser une maison derrière elle. Après l’avoir époussetée, nettoyée, rangée, vidée, laissée libre pour les occupants suivants. Ce qu’il reste dedans : des souvenirs. Une malle pleine de gens.

Dans cet article :
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