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Top 50 : Trios magiques (de 5 à 2)

Par Marc Beaugé, Andrea Chazy, Nicolas Jucha et Mathieu Rollinger

Si le foot se joue à onze, beaucoup d'équipes doivent leur âge d'or à un trio qui les a portées à bout de bras. En partageant le leadership, en combinant leur talent ou en faisant parler leur complicité absolue, chacun de ces triangles a bâti sa légende à coups de buts d'anthologie, d'épopées marquantes ou de trophées soulevés. D'ailleurs, ce samedi en finale de Ligue des champions, les triplettes Mané-Salah-Firmino et Bale-Benzema-Cristiano pourraient bien se croiser sur le terrain et dans l'histoire. Et ceux qui suivent sont déjà plus que magiques, ils sont des légendes.

#5 - Jairzinho – Pelé – Tostão

  • Jairzinho – Pelé – Tostão, Brésil, 1970
  • 1970, à Guadalajara au Mexique. Dans la chaleur étouffante de l’Estadio Jalisco et sous les yeux des 66 000 âmes qui y ont pris place, le Brésil peut valider sa qualification pour la phase éliminatoire en cas de victoire face à l’Angleterre. Le champion en titre croit longtemps tenir en échec son vis-à-vis brésilien, Gordon Banks écœure Pelé et ses compatriotes, jusqu’à cette 59e minute. Tostão récupère le ballon côté gauche, sert Pelé dans l’axe de la surface qui transmet à Jairzinho, et le Brésil passe devant définitivement. Banks aura beau avoir réussi « l’arrêt du siècle » lors de cette rencontre, il n’aura pas pu stopper ce fameux trio, à l’instar des autres portiers présents au Mondial. Si Pelé marche sur l’eau, il n’est quand même pas loin d’être pris dans l’ombre de Jairzinho, intenable sur son côté droit et qui marque à chaque match du tournoi. Cette complicité entre les trois hommes permettra aux Brésiliens d’éclater tout le monde, ces trois-là inscrivant 13 des 19 buts lors de cette édition.

    Une alchimie aussi sublime qu’inattendue, tant la rivalité sportive entre les trois joueurs de Cruzeiro, de Santos et de Botafogo rythme le championnat brésilien depuis plusieurs années déjà. Et comme les trois mousquetaires, un quatrième homme brigue une place de choix aux côtés de ce trio : Roberto Rivelino. Le meneur de jeu des Corinthians s’impose sur le côté gauche de l’attaque brésilienne, profitant plus que souvent du travail de ces trois-là pour attirer justement la lumière sur lui. Les différents esthètes sont libérés, et les chiffres parlent en leur faveur : durant ce mois au Mexique, le Brésil réussit en moyenne 21,2 dribbles par match. Finalement, on retiendra surtout que le Brésil a remporté la Coupe du monde avec un jeu offensif spectaculaire, et récupère la couronne qu’il avait laissée aux Anglais en 1966. Et le trio Jairzinho, Pelé, Tostão y est tout sauf étranger. AC

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    #4 - Best – Law – Charlton

  • Best – Law – Charlton, Manchester United, 1960s
  • S’il fallait en faire un film, Le bon, la brute, et le truand pourrait éventuellement coller. Denis Law, type jovial, blagueur, souriant, ferait le Bon avec facilité. La brute ? Charlton, sans la violence, mais avec la froideur et l’angulosité requise. Évidemment, Best jouerait alors le truand, plein de panache, éminemment charmant, mais truand quand même. Comme dans le film, entre ces trois-là, il y avait des affinités, mais surtout des difficultés. Law et Charlton cohabitaient, sans plus. Et Law avait du mal avec Best, qu’il trouvait trop individualiste sur le terrain. Surtout, Charlon et Best se détestaient, si différents par nature que rien, ni le temps, ni les succès partagés, ni la déchéance du Nord-Irlandais, ne put jamais les rapprocher.

    Charlton fut le premier des trois à s’imposer à United, le seul aussi à vivre la catastrophe de Munich de l’intérieur, en 1958. À 20 ans, il devint un vieil homme, grave, nostalgique, sans plaisir. Best fut le dernier des trois à émerger, en 1964, et pour lui la vie n’était que plaisirs. Souvent, au fil de leurs dix ans de cohabitation, Charlton alla se plaindre auprès du manager Matt Busby de l’égoïsme et du manque d’application de son jeune coéquipier, réclamant volontiers sa tête. Il finit par obtenir gain de cause, mais assez tard pour laisser Manchester United dominer l’Europe et remporter en 1968 la finale de C1, contre Benfica. Ce soir-là, à Wembley, Charlton marqua deux fois, et Best conclut le score, décrochant par là même le Ballon d’or, que Charlton avait raflé deux ans plus tôt, fort de la victoire des Anglais en Coupe du monde. Law, lui, y avait eu droit en 1964, grâce à ses talents de buteur, et aussi grâce à la faiblesse de la concurrence cette année-là.

    Trois Ballons d’or en une même équipe, donc. Ce Manchester United, Galactique avant l’heure, était la preuve qu’un attaquant écossais malin, un ailier nord-irlandais virevoltant et un milieu de terrain anglais raide comme la justice pouvaient, à défaut de s’entendre, tirer dans le même sens. C’était là, en réalité, l’illustration parfaite du talent du père de cette trinité, le légendaire Matt Busby, manager et psychologue de génie. Et, aussi, fan déclaré de westerns. Ce qui, au fond, a peut-être quelque chose à voir là-dedans. MB

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    #3 - Xavi – Iniesta – Busquets

  • Xavi – Iniesta – Busquets, FC Barcelone et Espagne 2008-2015
  • Ce n’est pas toujours le plus petit qui dépasse. Car s’il y a bien un joueur ressort de ce Barça version Pep Guardiola, c’est Lionel Messi. Efficace, décisif, spectaculaire, l’Argentin a magnifié à lui seul l’équipe qui a impressionné l’Europe de 2008 à 2012. Et certainement permis de débloquer quelques situations que le collectif catalan ne savait pas résoudre. Mais dans ce onze légendaire, c’est le trio du milieu qui porte l’ADN du coach Guardiola. Deux cerveaux-métronomes – Andrés Iniesta et Xavi Hernández – et un salopard – Sergio Busquets – pour s’occuper de la sale besogne, si impliqué dans son rôle – comme en 2010 lorsqu’il joue la comédie pour faire expulser Thiago Motta en demi-finales de Ligue des champions – qu’on en oublierait presque que le milieu défensif est une excellente base de lancement pour déployer le tiki-taka. Après cet été, il sera le dernier dépositaire du style imposé par Guardiola au Barça, puisque Don Andrés quitte le navire trois ans après son aîné Xavi.

    On se souviendra des buts en demi-finales de Champions 2009 contre Chelsea et en finale du Mondial 2010 de « l’enfant-lune » . On se souviendra de la science du jeu et de l’éloquence pour parler foot du capitaine. Et on sous-estimera l’influence de Busquets dans cette Sainte-Trinité, car il a toujours préféré la faute utile au coup d’éclat. Pourtant, l’incidence des trois hommes dans l’existence du grand FC Barcelone est indissociable. À eux trois, ils ont contribué à révolutionner le jeu avec le retour en force du football de possession et la réhabilitation des petits gabarits – si Busquets culmine à 1,89m, Iniesta et Xavi ne dépassent pas le mètre 70 – tout en empilant les titres. Yaya Touré, Seydou Keita, Cesc Fàbregas, Javier Mascherano et Alex Song ont dû changer de poste ou profiter qu’Iniesta grimpe ponctuellement d’un cran sur le côté gauche de l’attaque pour avoir leur place au soleil. Mais ces trois-là sont restés indéboulonnables. En sept saisons communes sous les couleurs blaugrana et le maillot de la Roja (où ils ont également cohabité avec Xabi Alonso), les trois hommes ont accumulé cinq Liga, trois Copa del Rey, quatre Supercoupe d’Espagne, trois Ligues des champions, trois Supercoupes d’Europe, deux championnats du monde des clubs et surtout la Coupe du monde 2010 et le Championnat d’Europe 2012. Difficile de demander plus, et pourtant, Pep Guardiola aurait tenté à l’époque de recruter Andrea Pirlo pour se constituer un carré d’as.

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    #2 - Rijkaard – Van Basten – Gullit

  • Rijkaard – Van Basten – Gullit, AC Milan et Pays-Bas, 1988-1993
  • C’est trois-là ont tué le père pour mieux épouser le succès. Les Pays-Bas des années 1980 voyaient le soleil Johan Cruyff se coucher, ne sachant pas exactement quand un nouveau jour se lèverait. Les Oranje viennent alors de manquer les Mondiaux 1982 et 1986 et l’Euro 1984, alors que la légende tire sa révérence. Cependant, trois de ses disciples vont renverser la table et écrire un nouveau chapitre du foot batave, forts de leurs racines, tout en sachant que le jeu peut être à la fois beau et performant. C’est ainsi qu’en 1988, une sélection emmenée par le capitaine Ruud Gullit, le buteur Marco van Basten et le milieu travailleur Frank Rijkaard, va réussir ce que les Hollandais de la grande époque n’avaient alors jamais su faire : remporter un trophée international.

    Après ses débuts à Haarlem, Gullit avait pu côtoyer la légende au Feyenoord. « Lors d’un voyage en Indonésie, nous avons eu une longue discussion, qui tournait autour du moment délicat où tu deviens une vedette, raconta-t-il. En fait, Johan m’a très bien préparé à ces changements de statuts et d’existence. » Futur époux de la nièce du numéro 14, il fera bon usage de ces conseils, menant le Feyenoord puis le PSV au titre de champion des Pays-Bas, avant de soulever le Ballon d’or 1987 et de signer au Milan de l’ambitieux Silvio Berlusconi. Et si « la Tulipe noire » a éclos plus vite que les deux autres, c’est peut-être parce qu’il était libéré du poids de l’institution de l’Ajax. Car Frank Rijkaard et Marco van Basten ont longtemps dû porter l’héritage de la maison ajacide. Coachés dès 1985 par un Johan Cruyff devenu omnipotent, ces deux-là lui doivent autant leur progression que leur émancipation. Quand Cruyff part au Barça en 1988, son « fils spirituel » est déjà en Lombardie et celui qui a sûrement le mieux intégré ses préceptes s’est brouillé avec lui et rejoindra ses compatriotes en Lombardie pour 4 millions de dollars, boudant les avances des Blaugrana.

    Là-bas, soutenus par l’icône locale Franco Baresi, les trois Néerlandais prennent vite la mesure du rôle qui leur est attribué par Arrigo Sacchi. Rijkaard est dévoué à la récupération et au déclenchement de la transition vers l’avant, Gullit doit créer le décalage en dribble ou l’exploiter d’une frappe lointaine, et enfin, Van Basten « le Hollandais Volant » en pointe, qui enquillera 124 buts avec ses deux compères derrière lui. À Milan, ils sont le dénominateur commun des Immortali de Sacchi et des Invincibili de Capello. À la clé : deux C1 (1989 et 1990), trois Scudetti (1992 et 1993) et trois Ballons d’or pour Marco. Sans compter le flambeau qu’ils devront à leur tour transmettre à une nouvelle génération d’Oranje. MR

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    Par Marc Beaugé, Andrea Chazy, Nicolas Jucha et Mathieu Rollinger

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