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Top 10 : Plan Marshall

Par Nicolas Kssis-Martov
Top 10 : Plan Marshall

C'est officiel, l'Olympique de Marseille va désormais battre pavillon US. Une nouvelle preuve que les Ricains ont eux aussi de l'appétit pour le soccer du Vieux Continent, avec une naturelle prédilection pour l'Angleterre, et désormais une étonnante affection pour l'Hexagone. Le club phocéen n'est pourtant pas le premier, ni sûrement le dernier, à passer sous le contrôle de l'Oncle Sam. Et même si la Chine s'éveille et que le Golfe reste dans la course, l'impérialisme yankee n'a pas dit son dernier mot. Il va juste devoir apprendre à domestiquer le capitalisme sportif si particulier de nos championnats européens.

Arsenal, ou le placement sûr

Lorsque l’homme d’affaires américain Stan Kroenke s’est emparé en 2011 d’une participation majoritaire au sein de ce joyau londonien, pour la coquette somme de 827 millions d’euros (cependant son « ranch » de 210 000 hectares au Texas est évalué à lui seul à hauteur de 650 millions d’euros), il possédait déjà, avec sa boîte, Kroenke Sports Enterprises, des participations dans bon nombre de franchises sportives aux États-Unis : Nuggets de Denver (basket-ball), Rapids du Colorado (football), l’Avalanche du Colorado (hockey sur glace), Mammoth du Colorado (Lacrosse) et Rams de Los Angeles (foot US). C’est donc un euphémisme que de définir le choix des Gunners avant tout comme une stratégie de conquête de nouveaux marchés à l’étranger, en tout cas certainement pas un coup de cœur pour la beauté indescriptible du ballon rond. Arsène Wenger y a surtout gagné une de ses plus belles garanties pour son poste à vie, tant l’Américain lui voue quasiment un culte : « Arsène est l’une de mes personnes préférées parmi toutes celles que j’ai rencontrées ces vingt dernières années. C’est une superbe personne. J’aime sa concentration.(…)J’ai une confiance énorme en lui, c’est l’un des meilleurs entraîneurs au monde. » Les mauvais esprits diront toujours qu’il est plus simple de garder son boulot quand le patron n’y comprend rien.


PSG, la Colony US

En 2006, Canal Plus décide de se débarrasser du fardeau PSG. Il revend le club parisien à un fonds d’investissement américain, fort à propos dénommé Colony Capital, ainsi qu’à la banque US Morgan Stanley. Beaucoup se demandent encore aujourd’hui combien de mensonges, notamment concernant les actes de propriété du Parc des Princes, ont été nécessaires pour attirer de tels investisseurs dans un pareil guêpier. Ces derniers n’ont en effet cessé ensuite de découvrir à leurs dépens où ils avaient mis les pieds (en particulier la question du hooliganisme qui les fera déguerpir). Comme quoi le capitalisme « haut de gamme » rencontre toujours son domaine d’incompétence. De crises sportives (on frôle la relégation, absence de la Champions League) en mini-tragédie à la direction (la démission en 2009 de Charles Villeneuve), et un manque flagrant d’ambition (symptôme de crampes répétées pour signer des chèques), le règne ricain ne laissera pas de souvenir impérissable, et encore moins de nostalgique. En 2011, changement d’époque, QSI rachète le PSG, avec des moyens qui paraissent infinis, et ouvre une nouvelle ère dont l’objectif s’avère désormais de remporter « sa » Coupe d’Europe des champions. Premières victimes, les supporters et ultras historiques, purgés des tribunes pour asseoir la « paix » au Parc et la tranquillité du business…


AS Roma… l’italo-américaine

En 2011, la famille Sensi cède le contrôle de La Louve à une bande d’Italo-Américains emmenée par Thomas DiBenedetto, pour environ cent millions de dollars. Pour la première fois de son histoire, la Serie A compte un pensionnaire qui n’est pas aux mains d’Italiens pur jus. Mais le fait le plus marquant reste, l’année suivante, l’arrivée à la présidence de James Pallotta, lui aussi milliardaire italo-américain, possédant un quart des parts de l’AS Roma SPV, également au passage actionnaire minoritaire des Celtics de Boston, sa ville d’origine. Ici, pas de passion déguisée, le bonhomme est assez dingue de la Roma pour se rendre incognito voir le groupe punk romain Giuda, dans une petite boîte d’étudiants. « Il est venu à l’un de nos concerts, tout naturellement, parce qu’il avait lu un article dans un magazine de Boston qui parlait de notre tournée et de notre chanson sur Totti. Il a débarqué en payant sa place et il nous a même offert quelques verres. C’était fou, tu peux l’apercevoir sur certaines vidéos mises en ligne sur YouTube, il chante, tape dans ses mains… » , hallucine encore le leader du groupe. Il aurait dû emmener Rudi Garcia…


Marseille, US go OM

Il fallait bien un feuilleton cet été, on s’emmerdait après l’Euro. À la surprise générale, Marseille s’offre donc à Mr McCourt, qui s’y engage avec sa fortune personnelle, paraît-il. L’inquiétude est grande au vu de son précédent passage chez les Dodgers de LA, dont le principal exploit – mais peut-être est-ce après tout logique d’un point de vue de commerçant – fut d’avoir fait la culbute en les revendant au-delà des deux milliards de dollars, malgré un bilan sportif calamiteux. Après, on lui souhaite bon courage, la cité phocéenne n’est pas la Californie, et son club, à son image, ne se plie pas facilement dans un plan d’assainissement. « En tant que responsable de l’OM, mon ambition sera de reconstruire une équipe de très haut niveau, d’offrir la meilleure expérience dans le football pour les passionnés, de renforcer les liens du club avec ses supporters et la ville de Marseille et de mener le club vers une stabilité financière sur le long terme. » On se régale déjà en imaginant le choc des cultures si McCourt décide de se rendre aux barbeuc des assos de supporters


Le débarquement havrais

On pourrait se poser légitimement la question, toutefois Vincent Volpe, cinquante-sept ans, n’est pas arrivé par hasard au Havre, avec ses dix millions d’euros, pour prendre possession du plus vieux club français, aujourd’hui abonné à la L2. Cet ancien ingénieur, puis cadre dirigeant de l’entreprise de robotique Dresser-Rand, connaît bien la région. Son ancienne boîte emploie plus 800 personnes dans le coin (sur 10 000 dans le monde entier), et il y bossa au début de sa carrière. Le temps aussi d’épouser une Dieppoise, fille d’une bonne famille havraise. Normand de cœur, il a de suite, dès qu’il fut question d’investir, opté pour ce qu’il connaissait le mieux en France. Après, reste à savoir si ses recettes miracles de self-made man ne heurteront pas trop une aussi vieille maison bien de chez nous. « Il faut fixer des objectifs, mettre des gens compétents, il faut insister et exiger des compétences et des performances. Sinon, tu fais autre chose. Et pas de cadeaux, c’est comme ça ! » On lui a parlé des notes de L’Équipe ?


Liverpool, la rouge étoilée

Un passage de relais. En 2010, après une longue bataille juridique, les Américains Tom Hicks et George Gillett ont fini par céder les Reds à leur compatriote John Henry, propriétaire également de l’équipe de base-ball des Boston Red Sox, ainsi qu’au consortium New England Sports Ventures (NESV) pour environ 340 millions d’euros. La présidence échoit à Tom Werner, un producteur et réalisateur à qui l’on doit notamment la série That ’70s show. Et c’est peut-être bien cet amour pour cette époque qui l’a poussé vers cette grande équipe. Depuis, échaudés par les saisons erratiques, les proprios ont commencé à chercher repreneur, y compris du côté de la Chine. Pour l’instant sans succès. Il est plus facile d’acheter le foot que de le vendre….


Sunderland… Que diable venait-il faire dans cette galère ?

Ellis Short fut d’abord un cadre senior d’une de ces structures bizarres du capitalisme financier, qui font leur fortune et leur permettent d’acquérir, une fois leur part revendue, leur propre société. Par exemple, pour ce qui concerne notre homme, dans l’hôtellerie de luxe en Écosse. En 2008, sûrement sur un coup de tête, il décide aussi de s’offrir Sunderland, et donc de faire la rencontre de Djibril Cissé, ce qui n’a pas de prix. Il passera son temps à rassurer supporters et surtout entraîneurs quant à sa volonté d’investir lors des mercatos. David Moyes l’a cru, semble-t-il. En fait, il serait surtout prêt à vendre, mais seulement pour 200 millions, autant dire qu’il n’est pas parti. Les Américains continuent de penser qu’il est possible d’amasser des bénéfices dans le football… Or le vieux monde est un peu plus complexe qu’une ligue fermée….


Aston Villa… Courage, vendons !

Une histoire de déception entre sport et capitalisme. Randolph Lerner vendit l’équipe de football des Cleveland Browns après la mort de son père, tout en continuant à s’entêter à Aston Villa, acheté en 2006 – le nom a toujours eu de la classe jusque à ce que l’on découvre que l’équipe est basée à Birmingham. Il a pris du recul en quittant la présidence du club au moment où l’un des plus beaux maillots de la Premier League échouait en Championship. Exténué, il vendit les Villans au Dr. Tony Xia et son Recon Group. Tout un symbole économique qui vous épargnera la lecture des Échos et de Piketty…


L’ESTAC ou le cheval de Troyes

Troyes fait rêver. Gary Allen en tout cas, le « porte-parole d’un groupe d’investisseurs multicartes » , qui serait prêt à ramasser 100% des parts de l’ESTAC. Propriétaire du modeste Spartans FC de Portland, en Oregon, place du soccer prolo outre-Atlantique, il laisse même entendre qu’il s’apprête à déverser une heureuse manne financière dans la région, et que le club de foot n’est que la petite boule de neige qui précède cette avalanche de cash money… Pour l’heure, on attend la confirmation. Mais qui irait voir un match des U19 troyens contre Metz sans être sérieux et déterminé ?


Manchester United : no Glazer no Peace

L’archétype de l’invasion ricaine dans le foot traditionnel européen. La famille Glazer et sa First Alled Corporation possèdent ainsi, en plus des Bucanners de Tampa bay (NFL), les mythiques Red Devils. Comment vouliez-vous y échapper, à rentrer en bourse, il était fort probable que Manchester United finisse par apparaître sur le radar de ce type de pirates des temps modernes. Rupert Murdoch ne résistera pas trop longtemps aux tentations sonnantes et trébuchantes d’outre-Atlantique. Seul petit bémol, pour se payer ce géant de la Premier League, Malcom Glazer, le patriarche, recourt au leveraged buy-out. En gros, il endette d’abord le club, et rembourse après les créanciers avec les bénéfices réalisés par la suite. Une logique parfaite à la City, mais quelque peu sacrilège aux yeux des supporters historiques qui n’encaissent pas ce changement et l’impression qu’on sacrifie l’identité de leur « United » . D’où la naissance du FC United, sorte de phalanstère du ballon rond monté par les frondeurs… En attendant une Ligue des champions contre l’Olympique United ?

Clauss : la poisse est prise

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