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Tomislav Ivic, le trait d’union

Par Mathieu Faure
Tomislav Ivic, le trait d’union

Le 25 juin 2011, le Croate Tomislav Ivić cassait sa pipe à Split, sa ville natale. Outre le fait que l'entraîneur a travaillé dans treize pays différents au cours de sa longue carrière, « Tomi » est un homme qui a su se faire aimer des présidents du PSG et de l'OM. Et si Marseille est le premier club français à avoir brandi la coupe aux grandes oreilles en 1993, Ivić n'y est pas pour rien.

Ouvrez Google Maps. Entrez successivement les villes de Split, Amsterdam, Bruxelles, Istanbul, Zagreb, Avellino, Athènes, Porto, Paris, Madrid, Marseille, Lisbonne, Monaco, Istanbul, Dubaï, Téhéran, Liège, Djeddah et de nouveau Liège. Voilà la carrière de Tomislav Ivić, génial entraîneur du siècle dernier, né en Yougoslavie et mort en Croatie le 25 juin 2011. Il y a quatre ans jour pour jour. Sur son CV ? Des titres de champion en Yougoslavie, Pays-Bas, Belgique, Grèce, Portugal. Entre autres. En France, on connaît surtout « Tomi » Ivić pour ses passages parisiens et marseillais. Avec Lucien Leduc, il est d’ailleurs le seul à avoir entraîné les deux clubs. Alors qu’il vient de mener Porto à une victoire en Coupe intercontinentale ainsi qu’au titre national, Ivić débarque dans la capitale en 1988. Francis Borelli lui confie le PSG. Un PSG qui vient d’éviter la relégation quelques semaines plus tôt. Sur le papier, les Parisiens sont cramés, vieux et sans talent. Pourtant, Ivić va faire de cette équipe de trentenaires un prétendant au titre et envoyer en équipe de France Christian Pérez et Daniel Xuereb. Mieux, il redonne une seconde vie à son compatriote Safet Sušić. En 1989, le PSG est même à deux doigts du titre de champion de France, n’abandonnant le précieux qu’à quatre journées de la fin à la suite d’une défaite à Marseille (0-1). C’est sans doute là que Bernard Tapie, alors président de l’OM, a l’idée de débaucher le coach parisien.

« C’est le numéro 1 mondial de l’entraînement » , Bernard Tapie

« Je n’ai pas oublié qu’avec une équipe médiocre, il a mené la vie dure à l’OM jusqu’au bout, détaillera Bernard Tapie en l’engageant en 1991. Et que sans un tir fabuleux de Sauzée, nous n’étions peut-être pas champions. Ivić, pour moi, c’est le numéro 1 mondial de l’entraînement. Personne ne sait mieux que lui tirer le maximum de ses hommes. » Pourtant, le coach a dû encaisser les critiques durant son passage parisien. On lui reproche, entre autres, d’utiliser deux stoppeurs. Un truc dont de nombreux entraîneurs vont s’inspirer au Mondial 90, à commencer par le Brésil. Sous son aile, des Parisiens que tout le monde voulaient donner aux lions progressent à vitesse grand V : Pilorget, Tanasi, Sène ou encore Polaniok. Son credo est simple et le technicien se livre dans les médias de l’époque : « Si vous voulez être efficace, vous devez jouer le plus simple possible. Ce n’est pas en multipliant les passes et les combinaisons que l’on marque beaucoup de buts. » Drôle pour quelqu’un qui avoue avoir comme mentor Weisweiller, Michels et Lattek. Peu importe, Ivić prépare ses footballeurs en jouant au football. Tout simplement. C’est donc un entraîneur à CV que l’OM recrute. Au grand regret de Francis Borelli qui n’arrive pas à le retenir.

« À l’OM, on ne travaillait pas »

À Marseille, Ivić arrive pourtant au pire moment. Il passe après Gili, Beckenbauer, Goethals et surtout au lendemain de la finale de Coupe d’Europe perdue à Bari. Le Yougoslave ne le sait pas encore, mais Goethals ne sera jamais très loin, et toujours prêt à lui savonner la planche puisqu’initialement, les deux hommes doivent marcher en duo. Ivić sur le terrain et Raymond en courroie de transmission. Le binôme ne tiendra que quatre mois. Lorsqu’il quitte le club, le 29 octobre 1991, quelques jours avant une élimination prématurée en C1 contre le Sparta Prague (3-2, 1-2), l’OM est leader du championnat après quinze journées. Officiellement, pourtant, Ivić doit simplement « prendre du recul pendant quinze jours » , mais Goethals, avec Jean Fernandez pour adjoint, le remplacera définitivement. Tout sauf une surprise pour celui qui détaillait avec fracas le contexte marseillais de l’époque : « À Marseille, on ne travaille pas ! Le groupe a ses habitudes. Il y a des joueurs extra classe, la motivation, la fantaisie, mais rien d’autre. »

Et dire qu’il n’aurait jamais dû signer à l’OM s’il avait écouté sa femme…

Quand il s’engage à Marseille, il a une proposition de Dortmund sur la table. Sa femme lui demande d’aller en Allemagne. Têtu, il prend en main l’OM de Waddle, Pelé, Mozer et Papin. Ivić est persuadé de gagner la C1. Sur place, il découvre la pression, les peaux de banane que l’on pose sous ses pieds et la réalité marseillaise. L’OM, à l’époque, ne travaillait pas. Le talent se suffisait à lui-même. « Des artistes qu’on laissait faire » , disait-il. Autre élément perturbateur à son arrivée à Marseille, son pays implose. Loin des siens, Tomislav assiste à l’embrasement de la Yougoslavie. À tout ça, il faut ajouter l’omnipotent Bernard Tapie. Un homme qui plaît à Ivić dans sa manière de gérer un club. Sauf que Nanard veut tout maîtriser. Alors quand Ivić est remercié, il ne coupe pas vraiment les ponts avec Tapie. Au printemps 1993, alors sans club, Bernard Tapie lui demande de disséquer le jeu de l’AC Milan, futur adversaire du club en finale de C1. Ivić repère les failles comme le positionnement aléatoire sur corner défensif… Basile Boli n’a rien inventé. Le 26 mai 1993, Ivić n’est pas dans le staff olympien qui ira braquer la C1 à Munich. Mais il y a participé. Entre Ivić et Tapie, il y a un lien inexplicable. C’est simple, quand Tapie lui redemande une faveur pour sauver le club de la relégation à la fin de la saison 2001, Ivić replonge. À la reprise estivale, il est toujours le patron de l’OM, mais ses méthodes de préparation amène Tapie à s’en séparer avant de le rappeler quelques semaines plus tard. Un bordel sans nom qui annonce la fin de sa carrière. Alors qu’il avait déjà connu une première alerte un an auparavant avec le Standard de Liège, un nouveau malaise cardiaque l’oblige à abandonner le navire olympien en novembre 2001. Le coach n’entraînera plus jamais, mais ses conseils serviront encore quelques années au poste de directeur technique. Loin du terrain. Loin du jeu.

« Pas assez spectaculaire »

Au fond, c’est en France qu’Ivić aura le moins connu le succès. Les reproches fusaient à l’annonce de son nom : « Pas assez spectaculaire » , « trop défensif » , « Ivić tue le jeu » . Pour le coach yougoslave, seule la victoire est importante. Pour ce spécialiste de la contre-attaque et des causes mal embarquées, le long terme ne l’intéressait pas. Son truc, ce sont les missions kamikazes. « Je ne sais pas dire non » , disait-il avant d’aller plus loin : « J’ai besoin d’émotions, de soubresauts, d’action. Sans cela, je n’existe pas. » Ivić, c’est le docteur miracle du court terme. « Mon parcours ressemble à une longue croisière. J’ai toujours navigué sur un bateau, mais, d’un port à l’autre, j’ai changé d’embarcation » , disait-il en 1989 en arrivant à Madrid pour prendre en main l’Atlético. Sur un terrain de football, Tomislav Ivić se conjuguait simplement. L’homme était un faux décontracté. Un mec qui ne dormait pas un soir de défaite et qui cherchait la solution en permanence quand son équipe ne comprenait pas ses schémas. Il lui arrivait même de se lever en plein milieu de la nuit pour écrire sur un bout de papier une solution tactique ou une composition d’équipe. Jusqu’au bout de sa vie, l’homme était passionné par son métier. Une longévité qu’il devait à son mode de fonctionnement : « Le plus sûr moyen de survie pour les gens de notre profession est le changement. C’est surtout, la garantie sine qua non à la motivation et, donc, l’efficacité. Partir, c’est se remettre en question. Découvrir, s’offrir de nouvelles perspectives. Voilà pourquoi je n’ai jamais souhaité signer de longs contrats dans un club. » Tout Ivić en une citation. Il y a quatre ans, ce voyageur du football s’est éteint à Split. Sa ville. Son club de cœur. Là où il se baladait avec son bateau à deux moteurs « 200 chevaux chacun » , aimait-il préciser. Pour aller encore plus vite, d’un port à l’autre.

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Par Mathieu Faure

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